Planète des vampires, La
Titre original: Terrore nello spazio
Genre: Science fiction
Année: 1965
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Mario Bava
Casting:
Barry Sullivan, Norma Bengell, Angel Aranda, Evi Marandi, Stelio Candelli, Fernando Villena, Ivan Rassimov...
Aka: Terreur dans l'espace
 

Deux vaisseaux spatiaux (l'Argos et le Galliot) et leurs équipages humains s'apprêtent à aborder une planète inconnue d'où émane un signal qui ressemble à un de leurs messages de détresse. Mais cette planète, qui semble totalement dépourvue de vie, est menacée de destruction imminente par une catastrophe géologique inéluctable. L'Argos perd tout contact avec le Galliot quand ce dernier pénètre dans l'atmosphère de la planète. Lorsque l'Argos tente à son tour d'atterrir, l'équipage encaisse une brusque et étrange accélération gravitationnelle et tous les occupants s'évanouissent, à l'exception du capitaine Mark Markary. Après l'atterrissage, qui a été rendu possible par une décélération complétement inexplicable, les membres de l'équipage en se réveillant sont pris de pulsions violentes et meurtrières, qui cessent après qu'ils aient reperdu connaissance. Grâce au sang froid de Markary, la situation est rétablie sans qu'il y ait de victimes, mais l'Argos reçoit un très inquiétant appel à l'aide du Galliot...

 

 

Les détracteurs de Mario Bava utilisent souvent, pour qualifier ses films d'horreurs gothiques, les termes "beaux mais ennuyeux", un avis que je ne partage pas (quoi que pour "Opération peur"... ) mais qui s'applique parfaitement ici, sans doute parce que le genre SF se prête mal à l'épouvante "atmosphérique". Sans doute aussi parce que les conditions de production (en gros, l'extrême faiblesse du budget) font que ce n'est pas si beau que ça en fait pour une oeuvre de Mario Bava.
Paradoxalement, si l'action est beaucoup trop languissante pour pouvoir réellement apprécier La planète des vampires (comme toute critique c'est, bien sûr, un avis subjectif), avoir revu ce film a encore augmenté mon admiration pour le grand Mario, véritable magicien du cinéma. Car arriver à rendre crédible, et ceci sans compter sur la mansuétude du spectateur, une planète extraterrestre, deux vaisseaux futuristes et une menace invisible, avec en tout et pour tout deux plateaux quasi vides, une maquette de vingt centimètres, quelques rochers en balsa et autres surplus de Hercule contre les vampires (et pour les uniformes d'astronautes des tenues en cuir de motard, casques compris) saupoudrés de fumigènes, c'est plus qu'un tour de force, c'est quasiment un miracle.

 

 

Suffisant pour en faire un grand film ? Hélas non, rapidement l'ennui guette et menace aussi sûrement que les créatures immatérielles du film, et on ne s'intéresse guère au sort de ces membres d'équipages que l'on a de toute façon beaucoup de mal à individualiser. Pourtant, le scénario n'est pas dépourvu de qualités, et on comprend ce qui a plu à Mario Bava dans la nouvelle d'origine de Renato Pestriniero, en particulier son côté "horreur atmosphérique". Hélas, encore, il n'y avait pas matière à tenir tout un long métrage, malgré l'intervention de pas moins de six scénaristes dont l'américano-danois Ib Melchior (Reptilicus le monstre des mers, La planète rouge, La course à la mort de l'an 2000). Par contre il y avait matière à faire la moitié d'un film, c'est en tout cas ce que s'est dit cet escroc de Dan O'Bannon en plagiant ouvertement La planète des vampires pour en faire le début d'Alien (disons 50% de son propre scénario), la fin (soit les 50% restant) étant pompée sur It! The Terror from Beyond Space d'Edward L. Cahn. Bon, peut-être que l'influence scénaristique du métrage d'Edward L. Cahn sur Alien est plus importante que celle de La planète des vampires, mais ce dernier a eu en plus une influence esthétique sur le film de Ridley Scott (en gros, tout sauf la créature signée Giger), qui bénéficia d'un budget autrement plus conséquent.

 

 

La planète des vampires passe pour être la meilleure oeuvre de SF du cinéma italien, une assertion qui doit beaucoup à la réputation de son réalisateur, mais qui est hélas vraie, serais-je tenté d'écrire. Car, pour paraphraser l'aphorisme de Truffaut sur le cinéma et la Grande Bretagne, on dira que la science-fiction et l'Italie (pourtant pays de grande et ancienne culture) ne font pas bon ménage. En effet, si l'on s'en tient à l'âge d'or du cinéma italien, disons de l'après guerre jusqu'à la fin des années 70 (avant "Starcrash" et la vague "post apo"), en excluant les films fantastiques et les parodies, c'est à peine une demi-douzaine de films appartenant à ce genre qui sortiront et pour moitié signés Antonio Margheriti. La concurrence, on le voit, était donc assez faible.
La planète des vampires marque néanmoins une date dans la carrière de Mario Bava. C'est en effet la première fois qu'il sera officiellement assisté par son fils Lamberto et la dernière fois (mais pas officiellement cette fois-ci) que son père Eugenio participera à la confection des effets spéciaux d'un de ses films.
Un mot sur l'interprétation, dont on ne peut pas dire qu'elle soit ici particulièrement brillante, mais c'est surtout parce que le film ne s'y prête pas. Qui plus est, coproduction oblige, dans le casting cosmopolite chacun jouait dans sa langue, soit en italien, espagnol ou anglais, et même selon certaines sources en portugais pour Norma Bengell. Cela semble néanmoins peu probable car l'actrice brésilienne (bien que doublée dans tous ses films italiens) jouait et résidait en Italie depuis 1962 et le "Mafioso" de Latuada et était mariée à Gabriele Tinti depuis plus de deux ans.
Le héros est incarné par l'américain Barry Sullivan, imposé à Bava par l'AIP. Vedette d'obscures séries B dans les années 40, il est surtout connu pour son rôle dans "Les ensorcelés" (où il incarne un simili Jacques Tourneur). Il est ici un peu trop âgé pour le rôle (pas loin de trente ans de plus que l'acteur incarnant son petit frère). Pour l'anecdote, signalons que l'on peut voir un Ivan Rassimov débutant faisant de la quasi figuration.

 

 

Pour finir, je vous invite à lire cette critique plus positive d'un de nos camarades (le mot est bien choisi) de Tortillapolis ici.

Sigtuna


En rapport avec le film :

# La fiche Artus Films de La planète des vampires

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