Formule pour un Meurtre
Titre original: 7 Hyden Park: la casa maledetta
Genre: Giallo
Année: 1985
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Alberto de Martino
Casting:
David Warbeck, Christina Nagy, Carroll Blumenberg, Rossano Brazzi, Andrea Bosic...
 

Je ne ferai pas de procès ici au sympathique réalisateur de ce succédané giallesque et quasi post-mortem car celui-ci reste selon moi un très honnête artisan et c'est avec le coeur et une réelle sincérité (ici à nouveau décelable) que ce dernier à oeuvré à peu près dans tous le genres d'exploitation transalpin. J'ai un assez bon souvenir de son "Antéchrist", d'un rigolo "Django tire le premier" et d'oeuvres sympathiques comme "OK Connery" (sous James Bond pas déméritant avec Neil Connery le frère de Sean), et "Holocaust 2000" qui contribua à faire de belles soirées bis à la télévision française des lundis soirs, à l'amorce des années 80, en même temps qu'il fut peut-être pas loin d'être l'un des premiers à avoir provoqué en moi un attrait pour un cinéma d'exploitation bien souvent trop ignoré, voire méprisé. En cela je resterai toujours un peu redevable au sieur Martino (de).
Je n'ai pourtant assez peu de choses positives à dire sur cette "Casa maledetta" aux allures de "déjà-vu" sinon de "trop vu". Le préambule est honnête et d'entrée l'on reconnaît le genre dans lequel compte bien s'inscrire ici de Martino avec une petite fille tenant une poupée qui se fait agresser par un homme à l'imperméable (qu'on croit reconnaître comme étant une soutane) montant inexorablement les marches pour l'atteindre, avant qu'astucieusement la caméra vienne se figer sur la tête de la poupée qui dégringolera les marche une à une avant d'être filmée en gros plan. Cette ellipse est plutôt bien vue puisque l'on comprend sans rien voir ailleurs toute la symbolique de cette tête décapitée. Nous seront plongés dans une intrigue à base de trauma enfantin, à qui une part d'innocence à été trop brutalement ôtée, brisant ainsi l'équilibre d'une vie. La musique de Francesco de Masi se fait distordue et elle semble bien coller à l'ensemble, même si on aura par la suite l'étrange sentiment de se voir refiler la même partition que "L'Eventreur de New York".

 

 

Le film démarre donc, et quelques années se sont écoulées. On assiste très rapidement à un second morceaux de bravoure (si l'on veut bien considérer le premier comme tel), un meurtre particulièrement sauvage et très réussi où l'un prêtre se fait égorger par l'homme en confession. Ça tranche dans le lard, ça ne fait pas de cadeau, c'est brut de décoffrage, ça passe en force et ça garde tout son mystère, tant mieux !
Enfin les protagonistes nous sont plus profondément présentés, en premier lieu Joanna (Christina Nagy - un tout petit c.v), la petite fille du début que l'on retrouve adulte, mais la tête coupée de la poupée nous avait prévenu, elle garde quelque chose de cassé à l'intérieur comme à l'extérieur, puisque suite à l'agression et ayant subit de graves lésions vertébrales, la voici scotchée sur un fauteuil roulant et confinée dans une vie trop solitaire. Celle-ci fait de la rééducation sportive et c'est dans l'un de ces établissements consacrés aux handicapés qu'elle fera la connaissance du très charmant Graig (David Warbeck, qu'on ne présente plus), qui non seulement l'aidera mais la séduira tant et si bien qu'ils se marieront peu après...
Jusque là pourquoi pas ? D'autant que survient une scène intrigante où alors qu'ils font l'amour dans leur chambre (avec des accents musicaux de supermarché, défaut assez propre aux eighties), surgit Sonia la servante (impeccable Carroll Blumenberg - mini c.v aussi), montant peu à peu les marches afin de les épier. Même si David warbeck se fait jusque là, une fois n'est pas coutume, un peu pâlot et que Christina Nagy n'a qu'assez peu de charisme, on reste intrigués, sur le qui-vive. Tandis que Joanna se retrouve seul dans le salon tard le soir, voici que le tueur de son enfance se met à descendre lentement l'escalier qui la sépare de l'étage, muni d'une poupée à la main. Ce dernier se rapproche lentement jusqu'à tendre ladite poupée (ensanglantée et ressemblant à Chucky !) à sa proie, pour mieux la tétaniser, ce qui ne manque pas de se passer puisqu'elle s'évanouit même.
Bon je le dis tout net, c'est là que ça se gâte... D'abord parce que cette poupée tendue de la sorte à provoqué chez moi d'avantage d'hilarité que d'effroi, ensuite parce que de par le grotesque de la chose, on a tout compris en une scène, ce qui n'est sans doute quand même pas le but de son réalisateur.

 

 

Qui plus est, le clou est de suite enfoncé, tout mystère étant dévoilé dans la scène suivante qui voit Graig et Sonia ensemble en train de fomenter le fameux plan consistant au faux mariage préalable, pour passer au meurtre, puis toucher l'héritage. Je précise qu'on est alors qu'à la demie-heure de film et qu'à compter de ce moment là et malgré un second meurtre de curé à coup de statuette sur la gueule fort réussi et même impressionnant, il ne se passera plus rien. Ou plus rien qu'on avait pas prévu ou prédit, pour être plus juste. On connaît l'assassin (ce diable de Warbeck qui semble alors plus décontracté !) et surtout on connaît la musique et l'on se retrouve dans un archétype les plus utilisé dans le cinéma de la terreur et machination.
Tout le monde semble convoqué, et l'on brasse dans un même film des "Diaboliques" de Clouzot, "Psychose" d'Hitchcock, "Seule dans la nuit" de Terence Young, "Mais qu'est-il arrivé à Baby Jane ?" d'Aldrich. Alors peut-être Alberto de Martino pêche t-il par manque d'ambition ou de prétention et au lieu de se les réapproprier recycle t-il trop machinalement les classiques convoqués.
En tout cas, ne sachant plus trop quoi donner, et malgré des tentatives de rebondissements qui tombent tous à plat vu qu'on les anticipe longtemps avant, on en a le sentiment de regarder le film uniquement pour vérifier qu'on ne s'est pas trompé, ce, il convient de le préciser tout de même, sans réel ennui, peut-être justement et paradoxalement grâce à ces repères trop balisés et archi-usés.

 

 

Dans sa dernière partie, et dans une espèce d'hystérie au sein de laquelle le poursuivant et la poursuivie se retrouvent à égalité, le premier s'étant pris un tison dans le genou rampe après sa proie handicapée et démunie de son fauteuil (dans une course poursuite effrénée !), avec un assassin qu'on croit bien s'être fait tuer 3 ou 4 fois, mais ressurgissant chaque fois comme une marionnette, si bien qu'on quitte le film avec le sentiment d'avoir vu un épisode de "Scoubidou". Alors soit, j'aimais bien "Scoubidou", mais on est en droit d'attendre un peu plus d'un film, pas désagréable mais trop téléphoné pour susciter un intérêt véritable. A court terme comme à moyen terme, c'est un petit giallo mineur qu'il conviendra de voir avec indulgence. D'autant que ce fut le dernier film de Alberto de Martino qui n'a pas à rougir de sa filmographie et de ce mince mais aimable testament.

 

Note : 4/10

 

Mallox
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