Frankenstein Vs. The Creature From Blood Cove
Genre: Epouvante
Année: 2005
Réalisateur: William Winckler
Casting:
G. Larry Butler, William Winckler, Dezzirae Ascalon, Corey Marshall...
 

Seconde réalisation pour William Winckler, et seconde incartade dans le domaine du cinéma-référence, après un The Double-D Avenger à base d'égéries de Russ Meyer devenues super-héroïnes. Avec son Frankenstein Vs. The Creature From Blood Cove, le réalisateur / producteur / scénariste s'aventure cette fois dans un fantastique 50's, mâtiné de quelques autres éléments rétro, entre autres issus de l'âge d'or de la Universal. Le générique, nous montrant tout un attirail scientifique et tout un tas de bactéries vues au microscope, est là pour situer d'emblée la tonalité du film. Et puis bien sûr, le tout est filmé dans un noir et blanc de bon aloi...
Le Dr. Monroe Lazaroff est un scientifique fou, isolé avec ses assistants dans son laboratoire près de la plage californienne de Blood Cove, dans le but de donner vie à des monstres capables d'aider l'armée dans sa lutte contre le terrorisme. Après avoir créé et laissé s'échapper un violent humanoïde aquatique, le bon docteur va se mettre en tête d'aller rechercher le monstre de Frankenstein, de le ressusciter et de le plier à son bon vouloir. Chose peu évidente, d'autant plus que le monstre va voir ses souvenirs anciens refaire surface avec la présence en ces lieux de trois personnages détenus par Lazaroff, des photographes de charme ayant malencontreusement croisé la route de la créature amphibie et susceptibles de briser le secret des expériences... Quoi qu'il en soit, tout ce beau monde va très vite se retrouver coincé entre les deux monstres renégats.

 

Malgré son nom de "Creature from Blood Cove", il va sans dire qu'il s'agit bien entendu de la fameuse Créature du Lagon Noir, tout droit sortie des années 50 et de l'imagination de Jack Arnold. Son costume est là en effet pour le prouver, tant et si bien que l'un des personnages croira d'abord avoir affaire à un homme en costume de caoutchouc... Une confusion dont on ne saurait le blâmer, tant il est vrai que malgré quelques différences au niveau facial (où la mâchoire prend des allures beaucoup plus menaçantes), la pauvre créature se voit dotée d'une allure très kitsch. Même chose pour le monstre de Frankenstein, affublé d'un maquillage grossier, cette fois-ci complètement différent de celui de la créature originelle interprétée par Boris Karloff.
Ajoutons à cela l'aspect plutôt "Paul Naschy" du loup-garou croisé en "Shellvanie", là où le monstre de Frankenstein était enterré; celui, très vampiresque, du fantôme de Victor Frankenstein (dont l'importance ira crescendo au fur et à mesure que le film avance) et celui, plus standard, de la "Fiancée de Frankenstein", qui intervient dans les pensées du monstre.

 

 

Nous avons donc là un beau panel du cinéma fantastique vieille école, plus ou moins caricatural. Il en va de même pour le comportement de toute cette faune monstrueuse : le monstre de Frankenstein se révèle troublé par la présence d'une des photographes ravivant les souvenirs de feu sa fiancée, et c'est ce qui le poussera à désobéir à ses nouveaux maîtres. Il s'agit donc là d'un stéréotype, dépourvu de tous les enjeux humanistes et romantiques de l'oeuvre de James Whale.
Une naïveté qui se veut certes quelque peu humoristique, mais qui au final est plutôt ratée, car trop grossière (à l'instar du maquillage du monstre). Même chose pour la fiancée elle-même, trop mécanique, et pour le loup-garou brièvement croisé, trop sautillant pour être honnête. En revanche la Créature du Lagon Noir (ou de Blood Cove, plus exactement) s'en sort beaucoup mieux, principalement grâce aux plans sous-marins et à son cadre de toute façon toujours marin (par opposition au monstre de Frankenstein, qui se marie assez mal au cadre moderne de la maison). Le fantôme de Victor Frankenstein, lui, apparaît assez anachronique avec son côté aristocrate moribond. Assez surréaliste, ce qui tombe assez bien, pour un fantôme.

 

Ainsi donc, la réussite du côté hommage est assez mitigée. Winckler semble parfois hésiter entre une naïveté source d'humour et une même naïveté vue sous un angle plus affectif, un peu à la manière d'un Joe Dante. Le scénario, pas forcément toujours très bien senti, alterne entre de bonnes scènes, telles que les séances de photo avec filles à poil et vision subjective de la Créature du Lagon, la sortie du monstre de Frankenstein dans une boîte de strip-tease où l'on retrouve notamment l'excellent et allumé Lloyd Kaufman ainsi que l'ex-hardeur Ron Jeremy, ou encore toutes les scènes où la Créature du Lagon apparaît seule.
Seule car force est d'admettre que les quelques rares scènes de combat avec le monstre de Frankenstein sont généralement décevantes. Des combats classiques, certes respectueux de la non-violence graphique de l'époque, mais qui auraient tout de même été davantage pimentés par plus d'audace. En l'état, il s'agit surtout de crêpages de chignons. Ni amusants, ni violents, et assez courts. Dommage aussi que le monstre de Frankenstein soit favorisé par rapport à sa consoeur aquatique, laquelle après sa fuite se voit ainsi souvent oubliée.
Le monstre a ainsi droit à quelques sous-intrigues telles que celles déjà évoquées du fantôme de son créateur, ainsi que les souvenirs de sa fiancée. Ce qui créé une disparité certaine et regrettable entre les deux protagonistes du titre. A côté de cela, les personnages humains complètent l'histoire de façon également parfois maladroite. Si la bêtise du docteur Lazaroff (référence biblique du nom, au passage) et celle de ses assistants peut se révéler marrante, en revanche on appréciera moins la fadeur des photographes, qui n'ont pas franchement d'intérêt si ce n'est d'incarner le bon sens populaire. Excepté peut-être le maquilleur du lot, un homosexuel caricatural pas forcément marrant.

 

 

On retiendra tout de même la très bonne idée d'adapter les préoccupations des scientifiques au monde moderne : il ne s'agit plus de combattre la menace communiste, mais de riposter à la menace terroriste ! Tout aussi naïf, mais pour le coup très intelligent. Dommage que le reste ne soit pas du même acabit. Il aurait été amusant de faire un vrai film aux préoccupations modernes avec un traitement hérité des années 50.
Ainsi, Frankenstein Vs The Creature From Blood Cove est un film assez moyen. Pas mal de bonnes idées, mais pas forcément bien servies. Et pas mal d'idées malheureuses, aussi. Un tâtonnement permanent, qui empêche le film d'aller droit au but. Un but finalement assez flou : l'hommage n'est pas vraiment rendu, tant les recettes empruntées au cinéma d'antan sont grossières. L'humour est mal dosé, allant du trop discret au trop exagéré. Bref, le film rate à se construire une identité propre. Assez inégal, donc. On se consolera avec les scènes positives, celles de la Créature du Lagon / de Blood Cove...

 

Note : 5/10

 

Walter Paisley
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