Sévices de Dracula, Les
Titre original: Twins of Evil
Genre: Horreur , Vampirisme
Année: 1971
Pays d'origine: Angleterre
Réalisateur: John Hough
Casting:
Peter Cushing, Dennis Price, Mary Collinson, Madeleine Collinson, Isobel Black, Kathleen Byron...
 

Quelque part dans une bourgade d'Europe centrale, au dix-neuvième siècle, Gustav Weil (Peter Cushing) fait régner la terreur en compagnie de sa troupe d'inquisiteurs. Nombreuses sont les jeunes filles innocentes brûlées pour sorcellerie. Pourtant, tout n'est pas que légende et en effet, le Diable est bien présent dans la région en la personne du comte Karnstein, un aristocrate protégé par l'Empereur, qui se livre à des orgies satanistes dans son château. Lorsque les nièces de Weil, des jumelles, vont arriver dans le village, l'une des deux va être profondément attirée par l'influence de Karnstein.

 


Très intéressante que cette production Hammer réalisée par le bon John Hough ("La Maison des Damnés", "American Gothic"...). Loin de tout manichéisme, le film nous présente en effet deux côtés du mal. Les satanistes, bien sûr, mais également l'Inquisition et le fanatisme religieux. Car les méthodes de la confrérie du personnage de Gustav Weil sont au moins aussi rudes et cruelles que celles du comte Karnstein. Si l'une des jumelles se sent attirée par le comte, c'est bien du fait du manque de liberté laissé par son oncle. De ce fait, le mal et sa décadence, la liberté et l'immortalité qu'il offre, apparaissent comme un exutoire à la sobriété forcée d'une vie dominée par la religion.
Karnstein lui-même est en quête de cette liberté que la société ne peut lui procurer. Ainsi, au départ du film, il est un humain en quête de plaisirs. Ce n'est qu'après une cérémonie sataniste qu'il deviendra un vampire. On a donc une vision du vampirisme sensiblement différente des films de vampires habituels. Ce qui est peut-être dû à ce que le film est adapté de Le Fanu, un des inventeurs des vampires en littérature, avant Bram Stoker et son Dracula (l'emploi du terme Dracula dans le titre du film n'étant rien d'autre qu'une utilisation commerciale).
Dans Twins of Evil, le mal se construit surtout sur les ruines d'un "bien" qui est en fait intolérant. Ce qui explique pourquoi toute la première partie du film est axée essentiellement sur les actes des inquisiteurs. Actes intolérables, qui provoquent l'antipathie chez le spectateur. Pourtant, si le mal est une solution, le film n'en présente pas non plus l'apologie.

 

 

Malgré son côté romantique, Karnstein n'est pas non plus à proprement parler sympathique : il est tout aussi cruel que ses ennemis inquisiteurs. Seuls ceux qui se trouvent entre les deux peuvent trouver grâce. Du reste, c'est à l'un de ces modérés que l'on devra le combat direct contre Karnstein, alors que jusqu'ici les inquisiteurs n'osaient s'en prendre à lui, et se limitaient à des jeunes filles innocentes. C'est aussi ce modéré qui sera à l'origine de la transformation de la confrérie en assemblée villageoise de bon sens.
A ce titre, le final s'apparente aux traditionnelles fins des films gothiques, avec des villageois qui prennent d'assaut l'antre du mal. Quant à la nièce de Weil convertie au vampirisme, elle placera le personnage de Cushing face à ses contradictions. Lui qui jusqu'alors exécutait des innocentes devra s'en prendre à quelqu'un qui lui est cher. Ainsi, il ressentira ce que ceux qu'il a fait souffrir ont pu ressentir... Il en deviendra plus humain, d'autant plus que son autre nièce et sa propre femme en souffriront également. Il en sera brisé...
Hormis cette fascinante opposition entre deux sources d'oppression, le film peut en outre se vanter de tous les apparats classiques de films Hammer. Notamment Peter Cushing, encore une fois parfait, qui pousse ici son rôle de Van Helsing à l'extrême, en en faisant un fanatique religieux parano.
Bien entendu, la photographie est également au rendez-vous, avec ses décors automnaux, sombres et presque médiévaux. Sans parler de l'érotisme latent, symbole d'une liberté sexuelle prônée par les orgiaques célébrations du comte.

 

 

Bref un excellent film, une variation intéressante sur le mythe du vampire. Et un film finalement bien ancré dans son époque, opposé à toute forme de règles imposées de façon orthodoxe.

 

Note : 8/10

 

Walter Paisley
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