Tombe de Ligeia, La
Titre original: The Tomb of Ligeia
Genre: Fantastique , Macabre
Année: 1965
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Roger Corman
Casting:
Vincent Price, Elizabeth Shepherd, John Westbrook, Derek Francis, Oliver Johnston, Richard Vernon...
 

Depuis la mort de sa femme Ligeia, Verden Fell vit seul avec ses domestiques, retiré dans son abbaye. Puis un jour arrivent des étrangers, dont une femme, Rowena, de qui il finira par tomber amoureux, et qu'il épousera. Pourtant, la vie du taciturne Verden ne va pas pour autant redevenir normale, au contraire, puisqu'il va se mettre à agir comme si Ligeia n'était pas morte. Chose d'autant plus étrange que son ancienne femme, sur son lit de mort, avait promis de revenir et d'être la seule et unique femme que connaîtrait Verden...

 

 

Dernier film du cycle Poe. Il constitue à la fois une synthèse et une démarcation des films qui l'ont précédé. Dans le sens où tout comme eux, il partage le goût pour les ruines, les personnages torturés, les passages secrets, ainsi qu'une atmosphère de fatalité macabre. Mais pourtant, des éléments sont dissemblables ("Le Masque de la Mort Rouge" avait déjà ouvert la voie à la diversification). Ici, l'abbaye en ruine n'est plus au milieu d'un décor désolé, mais à l'inverse au beau milieu de la campagne anglaise avec ses gazons verdoyants.
De même, l'endroit où vit Verden Fell ne possède plus ce côté aristocratique et poussiéreux que l'on trouvait dans les autres films de Corman, mais est en revanche gris et épuré. Ce qui est en fait la conséquence d'une sorte de rayonnement du personnage principal. Verden Fell. Un homme mystérieux et ambigu, aux yeux hyper-sensibles à la lumière du jour. C'est que Verden est enfermé dans la mort et dans l'attente du retour de Ligeia. C'est pourquoi la lumière du jour lui est insupportable. L'explication de cet état de fait et de cette sinistrose permanente sera révélée à la fin du film, lors d'une des meilleures scènes de tout le cycle Poe.

 

 

Mais pourtant, tout n'est pas que mort et désolation autour de lui. Pourquoi ? Et bien parce que d'une part Ligeia promet de revenir, ce qui peut sembler être une source d'espoir, et d'autre part parce que la vie continue, comme le démontre l'arrivée de Lady Rowina et de sa troupe. Chose rare dans le cycle, des personnages étrangers à l'intrigue de base interviennent. Des personnages qui apportent aussi un certain humour, notamment ce chasseur qui s'enorgueillit du renard qu'il vient de tirer, et auquel Verden, modèle de sérieux, lui répond gravement que cet animal était un symbole pharaonique de l'Egypte antique.
Une remarque pertinente, qui témoigne de l'obsession de Verden pour la mort. Et d'ailleurs le renard trouve son écho dans un chat noir, véritable représentant de Ligeia et de la mort, qui évoque également le chat du "Chat noir", justement, autre adaptation de Poe par Corman, que l'on retrouve sous forme de sketch dans son "Empire de la Terreur". Du reste, les auto-références sont multiples et permettent bien d'affirmer qu'il s'agit effectivement du dernier film du cycle.
Ainsi, la musique se fait caricaturale, de même que le personnage de Verden, caricatural dans la singularité de son comportement. Sans parler de la réalisation de Corman elle-même, basée sur des mouvements de caméra très appuyés, très rapides, quelque part annonciateurs de la réalisation de Sam Raimi dans "Evil Dead". Bref Corman a conscience d'avoir fait le tour de la question, et il synthétise avec brio tout ce qu'il a pu faire ou dire dans les précédents films. Ici, aussi bien du point de vue de la réalisation que de l'esthétique, tout est une immense réussite. Sans parler de l'histoire, plus profonde, plus macabre, avec des relents de nécrophilie...

 

 

Et sans parler une fois de plus de l'énorme prestation de Vincent Price, encore halluciné, en plein dans la folie douce, ici complété par Elizabeth Shepherd, bien dans la tradition des belles femmes en nuisette vaporeuse, perdues dans des couloirs perdus, que l'on a pu voir régulièrement auparavant dans le cycle.
Pour en revenir à la scène finale, signalons que tout y est poussé au paroxysme, avec climax du scénario, de la réalisation et de l'esthétisme. Bref le cycle s'achève sur une note parfaite. Un grand film.
Chapeau Messieurs Corman, Price, Crosby, Haller, Matheson, Nicholson, Arkoff, et autres...

Note : 8/10

 

Walter Paisley
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