Plus venimeux que le cobra
Titre original: L'uomo piu velenoso del cobra
Genre: Giallo
Année: 1971
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Bitto Albertini
Casting:
George Ardisson, Erika Blanc, Alberto de Mendoza, Janine Reynaud, Luciano Pigozzi, Aurora de Alba...
Aka: Cobras Humanas / Human Cobras/ Target : Murder
 

Ayant appris que son frère Johnny a été assassiné à New-York dans un stade par un tireur armé d'un fusil a lunette, lors d'un match de football, Tony Gardner (George Ardisson) décide de partir pour les Etats-Unis. Un retour en disgrâce, et dangereux, car les Gardner étaient en cheville avec un clan mafieux, et Tony avait été contraint à l'exil suite à une série d'embrouilles. Pourtant, malgré des tentatives de dissuasion, Tony débarque à New-York et se met en quête de retrouver sa belle-soeur, Leslie Gardner (Erika Blanc).

 


Il y parvient non sans difficulté, dans la mesure où il est épié et suivi depuis son atterrissage à l'aéroport. Leslie et lui essaient de connaître les raisons du meurtre de Johnny. Au cours de son enquête, qui l'oblige à renouer contact avec le milieu de la pègre, à ses risques et périls, Tony réalise que son frère était parti un certain temps au Kenya avec deux personnes : George Mc Greves (Alberto de Mendoza) et Louis Mortimer (Luciano Pigozzi). Si le premier nommé se trouve toujours à Nairobi, le second se cache quelque part dans New-York. Tony Gardner parvient à retrouver sa trace. A la suite d'un premier contact, il apprend de la bouche de Mortimer que Johnny se livrait à un trafic de drogue. Mais Mortimer donne rendez-vous un peu plus tard à Gardner. Lorsque Tony et sa belle-soeur arrivent sur les lieux, Mortimer est mort. L'homme qui l'a égorgé est encore dans les parages, et agresse Leslie. Tony ne peut l'empêcher de fuir, mais Leslie est saine et sauve.

De toute évidence, la clé de cette affaire se trouve à Nairobi. Tony et Leslie font donc leurs valises, direction l'Afrique.

 


La trilogie animalière de Dario Argento a inspiré bon nombre de cinéastes, et entraîné une flopée de gialli intégrant un nom de bestiole dans son titre. On eût ainsi le lézard de Fulci, le scorpion de Sergio Martino, le papillon de Tessari, l'iguane de Riccardo Freda… et donc le cobra d'Albertini. De tous ces films, et même de tous les gialli réalisés durant cette période, "Plus venimeux que le Cobra" est sans aucun doute l'un des moins aboutis dans le genre. La première partie ayant pour cadre New-York est une suite ininterrompue de filatures, d'investigations de la part du héros en quête d'informations. Soit une demi-heure nous donnant plutôt l'impression d'assister à un épisode des "Rues de San Francisco", voire à un banal téléfilm américain. Histoire d'être totalement plongé dans cette ambiance, la musique de Stelvio Cipriani se veut très "américanisante" dans ce sens. Une BO plutôt bien foutue, mais le climat propre au giallo est complètement absent, à l'exception (à la rigueur) du meurtre de Mortimer intervenant aux alentours de la vingtième minute. Le reste du temps, on se sera relativement ennuyé, il faut bien le reconnaître. On espère alors que le changement de cadre et le côté exotique apporté par le Kenya vont modifier la donne. On est en droit de le penser, l'exemple de "Tropique du Cancer" prouvant qu'un thriller n'a pas forcément besoin de se dérouler dans une grande ville européenne pour être une réussite.

Malheureusement, la seconde partie ayant pour cadre Nairobi ne parvient que rarement à être satisfaisante. Certes, le dépaysement est réel, le safari sympathique, mais l'intrigue s'enlise en de trop nombreuses occasions, l'ennui guette, jusqu'à Cipriani, si peu inspiré qu'il nous ressort le thème de "Femina Ridens" avant de tirer sa révérence.

 


De surcroît, l'omniprésence du personnage principal, interprété par George Ardisson, n'arrange pas les affaires. L'acteur, que l'on a pu voir dans moult peplums, films d'espionnage et westerns spaghetti, n'est pas à proprement parler charismatique. Il serait plutôt à classer dans la catégorie des acteurs monolithiques, à l'instar d'un Richard Harrison, par exemple, bien qu'il ait eu l'occasion de prouver occasionnellement qu'il avait du talent, notamment dans "La Sorcière Sanglante". Inutile de dire qu'il ne parvient pas à sauver le film, et seules les compositions satisfaisantes d'Erika Blanc ("Si douces, si perverses", "The night Evelyn came out of the Grave", "Red Killer") et Alberto de Mendoza ("La Machination", "Le Venin de la Peur", "The Strange Vice of Mrs Wardh"), deux grandes figures du giallo, empêchent cette oeuvre de sombrer corps et âme.

La faute sans aucun doute au réalisateur : Bitto Albertini. Il suffit de se pencher sur la filmographie du cinéaste pour comprendre les raisons d'un tel échec. En dehors d'une série de sympathiques "Supermen" au début de sa carrière, le metteur en scène a tourné quelques westerns et sexy-comédies de seconde zone, des "Black Emanuelle" soporifiques, des mondos sans intérêt, et un mémorable "Star Crash 2". Le scénario de l'inévitable Ernesto Gastaldi parvient à faire illusion par intermittences, mais ces moments sont trop rares, et ce "Plus venimeux que le cobra" usurpe fortement son titre, car de venin, il n'y en a guère, et on est plutôt en droit de penser qu'Albertini cherche à nous faire avaler des couleuvres.

On regrettera aussi les passages "express" de Luciano Pigozzi et Janine Reynaud dans le film, et une intrigue somme toute plutôt tirée par les cheveux.

"Plus venimeux que le Cobra" reste à ce jour une grosse rareté. Invisible, ou presque, voilà un film qui mériterait presque de le demeurer.

 


Note : 4/10

 
Flint
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