Cynique, l'infâme, le violent, Le - The Ecstasy of Films
Écrit par Mallox   

 

Région : Zone 2 PAL (dvd) - Zone B (blu-ray)

Éditeur : The Ecstasy of Films
Pays : France

Sortie film : 18 janvier 1978
Sortie dvd/blu-ray : 18 mars 2017

Durée : 94' (dvd) - 98' (blu-ray)
Image : 2.35:1 - 16/9e compatible 4/3 (Combo blu-ray/dvd 1080p master haute définition)
Audio : français et italien DTS-HD (blu-ray) - français et italien DD 2.0 mono (dvd)

Langues : français, italien
Sous-titres : français (optionnels)

Bonus :
- Armed to the Teeth Again : Entretien avec Umberto Lenzi (22min)
- Re-Armed to the Teeth: Entretien avec Tomas Milian (12min35s)
- Je suis la violence : Entretien avec John Saxon (15min55s)
- Conversation avec Franco Micalizzi (35min36s)
- Documentaire : "Mike Malloy on The Cynic... (and yes) the Rat and the Fist" (10min26s)
- Bande-annonce originale (3min33s)

Les bonus présentés avec sous-titres amovibles

 

 


* Vous pouvez cliquer sur chacune des captures pour afficher leur taille réelle.

 

 

 

 

 

Commentaire : Umberto Lenzi jouit d'une belle côte chez les amateurs de cinéma d'exploitation et, plus encore, chez les férus de poliziesco. Du coup, il va de soi que la sortie en France de Le cynique, l'infâme, le violent, dans un magnifique combo proposant une version restaurée, en formats dvd et blu-ray, est une aubaine. L'image est remarquable, dotée d'un piqué et de contrastes rehaussés respectant au plus près l’œuvre originale. Quelques scories neigeuses ici et là viennent de manière anecdotique rendre hommage au charme vintage du film. Au niveau sonore, la piste française est un peu plus sourde et moins ample que la piste italienne. On privilégiera tant qu'à faire cette dernière même si la piste française n'a rien de honteuse. Sa présence est même fort appréciable et rend un hommage déviant à une époque où la post-synchro italienne avait quelques boulons dans sa mécanique, se gaussant d'un futur mouvement geek aussi révolutionnaire qu'une machine à laver Calor.

Édité par CG Entertainment pour l'Italie, en 2004, puis en Allemagne en 2012, par Film Art, aucune de ses deux éditions n'arrive au niveau des chaussettes d'un Maurizio Merli y planquant son petit flingue. Outre la qualité Haute définition ici présente, l'ensemble bénéficie qui plus est d'une piste et de sous-titres français, bonus compris.

 

 

 

Armed to the Teeth Again permet de retrouver Umberto Lenzi qui fait part de son admiration pour le film noir hollywoodien des années 40 et l'influence que ce cinéma eut sur le sien. Preminger, Jules Dassin, Ulmer, Walsh, des films qui furent pour lui une véritable formation cinématographique. Il rappelle comment le cinéma italien est très organisé par genres et comment le giallo, avec ses rapports hypocrites entre les individus et son érotisme naissant, fut un tremplin pour lui avec Orgasmo qui connut un succès en salles. Il rappelle que c'était aussi un genre qui permettait alors de lutter contre la société de consommation. Le cinéaste considère par ailleurs qu'Une folle envie d'aimer, Paranoia et "Si douces, si perverses" font partie de ses meilleurs films. Mais son premier film vraiment noir demeure "La Guerre des gangs" (Milano Rovente, avec Antonio Sabato et Philippe Leroy), produit par des industriels milanais. On y trouvait une ambiance des bas-fonds de la ville très réaliste. Umberto Lenzi regrette de n'avoir finalement tourné qu'un seul film de ce genre, qu'il qualifie de "à la Jean-Pierre Melville". Il fait ensuite un tour d'horizon de sa carrière et évoque sa "glorieuse" période au sein du poliziottechi. Plutôt lucide, il considère Brigade spéciale et La Rançon de la peur comme étant objectivement ses deux meilleurs travaux, même s'ils ne sont pas ses préférés. Quant au Cynique, l'infâme, le violent, il rappelle que le film est aussi une erreur de calcul de la part du producteur qui s'était mis en tête que ce serait un film sur un casse et l'obligea à mettre sur le clap de tournage un autre titre : "Ensemble pour un grand casse" (Insieme per una grande rapina), titre que l'on retrouve sur la bande-annonce d'origine.
Riche en anecdotes, notamment à propos de Milian, Merli ainsi que de leurs rapports houleux, il s'agit d'une interview que l'éditeur a bien fait de reprendre à 441 Films et 88 Films (avec Edera Productions et Excitech Postworks) puis de le glisser en supplément de sa belle galette.

 

 

 

Re-Armed to the Teeth est une interview de Tomas Milian réalisée par 441 Films et 88 Films. On retrouve l'acteur vieillissant faisant preuve d'humour en début d'entretien pour se faire plus sérieux ensuite. Plutôt nostalgique, il revient sur sa carrière en Italie et son approche de son métier de comédien. Milian considérait chaque nouveau rôle comme son meilleur mais devait se trouver un doubleur à cause de son accent. Il revient sur ses rapports avec Lenzi qui selon lui détestait devoir le diriger à cause de son caractère d'électron libre, parfois habité par ses rôles, habitude issue de sa formation Actor Studio. Mais Umberto Lenzi y était contraint, Milian étant une star à l'époque en Italie. Finalement Lenzi tournait plus pour Milian que Milian pour Lenzi. Mais chaque fois les deux hommes trouvaient un équilibre dans le compromis, même si à écouter Milian, Lenzi devait rentrer chez lui le soir en le maudissant. Un bonus sympathique lui aussi, bien que court, où l'acteur cubain revient sur sa timidité et comment jouer des rôles de fils de pute le conditionnait mentalement et émotionnellement, l'aidait à se relaxer dans la vie réelle, à s'y montrer moins agressif.

 

 

 

Je suis la violence est un entretien avec John Saxon tourné par Film Art. L'acteur évoque la fameuse scène de golf dont il se souvient parfaitement puis parle assez longuement de Tomas Milian pour qui il semble avoir beaucoup d'admiration. Il le retrouvera plus tard dans "Raid sur Entebbe" après que Milian soit revenu habiter à Miami et se soit procuré le numéro de téléphone de John Saxon. Il se montre plus circonspect à propos de Maurizio Merli qui parlait de lui à la troisième personne et qu'il qualifie "d'amusant" et de personne qui planait un peu, avec une confiance extrême en lui-même et en son talent. Quant au réalisateur, il le décrit comme étant constamment en colère, en train de crier, mais aussi comme quelqu'un qui travaillait très durement. D'origine italienne, John Saxon rappelle que son premier film dans ce pays fut "La Fille qui en savait trop" de Mario Bava (suite logique de "Confidences sur l'oreiller"). La petit cerise sur le gâteau niveau anecdote est que l'équipe du film, qui devait ensuite tourner en Russie, angoissait à l'idée de ce qu'elle allait bien pouvoir manger là-bas !
En tout cas, il s'agit d'une interview rendue très vivante par l'acteur qui semble avoir gardé de nombreux souvenirs de ses tournages et des gens avec lesquels il a travaillé. L'acteur parle de son admiration pour Elio Petri, Fellini ou Antonioni mais renvoie dans ses cordes Bertolluci pour qui il devait jouer mais qui, dès que ce dernier apprit qu'il était italo-américain, le traita de paysan et John Saxon ne le revit plus jamais.

 

 

 

Franco Micalizzi n'est pas seulement un compositeur prolifique, c'est aussi une vraie cantatrice doublée d'une pipelette, ce dont on ne se plaint pas car celui-ci nous lourde trente-cinq minutes de mots qui slament. Évidemment, à lui poser des questions sur la provenance de sa passion pour la musique, il n'est pas étonnant que dans Conversation avec Franco Micalizzi, ce dernier nous débite sa vie depuis le berceau, âge tendre où, pendant qu'il faisait son rot et gros popo, sa mère chantait sans cesse de vieux tubes italiens. Comment s'en souvient-il ? Si on vous le demande, pensez tout bas que le sieur Micalizzi est un poil mytho, a fortiori lorsqu'il évoque à ce propos "sa première modulation sonore entendue".
Quoi qu'il en soit et fi de mes narquoises considérations, il s'agit d'un bonus extrêmement généreux (et passionnant au niveau de l'évolution technique transalpine). Une belle occasion de découvrir la carrière et la sensibilité de cet artiste talentueux. Et lorsqu'un artiste talentueux en croise d'autres, ça façonne forcément les souvenirs et scelle les anecdotes (et autres petits cancans dont nous sommes tous très friands). Inutile de trop en dire et mieux vaut laisser la plus grande part de découverte aux (futurs) acquéreurs de l'objet ici fortement conseillé. (Spoiler : c'est la guitare qui a le plus tôt démangé notre heureux homme - fin de spoiler).

 

 

 

Enfin, passons au bonus au titre aussi long que celui d'un film de Damianio Damiani, c'est-à-dire au documentaire Mike Malloy on The Cynic... (and yes) the Rat and the Fist (notez qu'étant payé au mot, seul notre fantomatique grand timonier tirera la tronche devant l'addition). On a posé Mike Malloy (auteur en 2012 du documentaire "Eurocrime! The Italian Cop and Gangster Films That Ruled the '70s") dans une petite pièce toute faite de lattes en bois, avec deux posters encadrés, façon torture porn à venir. Mike prend un air pénétré avant d'effectuer un vif mouvement de tabouret rotatif circulaire assidument répété, cadré alors en gros plan avec derrière lui un moustachu pourvu d'un gros gun en train de tirer son coup. Mike, passé maître es rotation sur tabouret, amorce un autre mouvement vif pour faire un doigt à un John Saxon qui tire un peu la gueule.
L'érudition en la matière du sieur Mike Malloy n'est pas à remettre en cause, il tient de l'évidence que le sujet le passionne autant qu'il le maîtrise (placements de produits compris !). Toutefois, on y trouvera de nombreuses redites, des choses déjà entendues dans les bonus précédents par des témoins directement concernés. Quant à la mise en scène se voulant très dynamique de ces onze minutes d'analyse du film et de sa production, c'est à l'appréciation de chacun. À noter qu'une sorte de rat-technicien vient s'incruster en fin de doc pour remplacer la photo de Maurizio Merli par celle de Saint Tomas (selon lui "The rat" du titre anglophone : The Cynic, the Rat and the Fist) avant de se faire tomber sur le râble par Mike "The Fist".

 

 

 

Concluons en mentionnant la présence en bonus rab de la bande-annonce originale ainsi qu'en remettant une petite couche de verni : Le cynique, l'infâme, le violent méritait une belle édition en France. Un rêve vigilant(e) devenu réalité grâce à un travail complet, peaufiné, effectué par The Ecstasy of Films. Une collection "Eurocrime" qui, soit dit en passant de façon cynique, mériterait une toute autre audience que celle, infâme, qui lui est pour le moment réservée. À bon(s) entendeur(s), sachez qu'il encore disponible et qu'il vous est fortement conseillé. À titre purement incitatif, sachez aussi que ce beau polar comblera tout à la fois les légalistes, les féministes, les golfeurs et les amateurs de nourriture pour chiens.


Note : 11/10 (Aucun doute, c'est bien un film de truands)


En rapport avec le combo :


# La critique du film


# Petit comparatif entre le dvd de The Ecstasy of Films et celui de Film Art :
À noter que la copie blu-ray est encore meilleure mais que je ne possède pas de lecteur pc pour vous en donner un aperçu. (Un appel à dons est prévu).
Quant à la différence entre les deux éditions, elle se joue d'une part au niveau colorimétrie, Film Art a fait le choix de couleurs plus vives, avec plus de luminosité, peut-être trop ; d'autre part, au niveau de la netteté, l'édition de The Ecstasy of Films propose une meilleure définition (regardez les rides des acteurs pour mieux apprécier la jeunesse d'antan de la bobine).



The Ecstasy of Films



Film Art



The Ecstasy of Films



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# D'autres captures pour les mirettes :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

# Passer à l'achat sur le site de l'éditeur (Pensez à ma petite commission - signé Le Rat) :