Île aux chimpanzés, L'
Genre: Novella , Fantastique , Science-fiction
Année: 2013
Pays d'origine: France
Editeur: Le Carnoplaste
Collection: Terreur Insulaire
Auteur: Marija Nielsen
Illustrateur: Olivier Fertel
 

Les femmes sont décidément des êtres aussi insondables que pervers ! Que dire de cette Tatiana, n'obtenant pas la bourse escomptée afin de se livrer à ses propres expériences sur l'être alpha, son ancêtre : le singe ? Orgueil, jalousie et vengeance sont les maitres mots de ce court mais échevelé récit d'aventure...

 

C'est sur les modes, tour à tour de la vengeance et du survival, si chers aux cinéphiles les plus dégénérés, que va évoluer notre Tatiana Orloff. Dès lors que la jolie rouquine aux yeux verts du nom de Nelly va voir ses recherches sur les dinosaures soutenues financièrement, l'amitié ne sera plus qu'apparence et c'est l'aigreur qui prédominera.

Tatiana Orloff, dont le nom semble de prime abord évoquer un rejet chronique de l'oeuf (de dinosaures pour le coup), tient son patronyme des êtres vengeurs d'un certain Franco. Rien à voir non plus avec l'expression "franco de port" même si les recettes sur internet du rôti de porc orloff affluent à qui-mieux-mieux. Non, Dame Marija nous offre ici un joyeux condensé de cinéma bis couché sur papier, prenant pour base "La chasse du comte Zaroff" pour l'agrémenter à la sauce Jess Franco. Rappelant tout à la fois au bon souvenir du fameux Docteur Orloff, qui vingt ans près avoir été chassé de son village natal pour avoir commis de monstrueuses expériences, revenait se venger, ainsi qu'à la comtesse Zaroff, si perverse, qui s'adonnait elle aussi (aidé de son homme toutefois) au sein d'une île déserte, à la chasse sauvage aux femmes, ce avant de les bouffer toutes crues...

 

Mais Dame Marija, insatiable gourmandine de cinéma, sans être pour autant une poire, ne saurait s'arrêter là et balance pour relever la sauce orloff, plusieurs épices : Une bonne grosse cuillerée de Pierre Boule (à propos de boules, pas d'érotisme outre-mesure cependant présent - on aurait aimé lire une description de la jeune et jolie Nelly, nue en train de se baigner dans une cascade), une pincée de H.G. Wells avec "L'île du Docteur Moreau" auquel il est difficile de ne pas penser, une autre des "Traqués de l'an 2000" (est-ce volontaire si le personnage d'Elie fait penser au gros monstre du film de Brian Trenchard-Smith ou cela tient-il du vécu ?), ainsi qu'un personnage évoquant Dian Fossey qui se serait accouplée avec Dark Vador. Bien entendu aussi, l'île ici présente, loin d'être fantastique, renvoie ailleurs à quelques classiques du film de parcs d'attractions dégénérescents, nés de la plume de Michael Crichton ("Mondwest"/"Jurrasic Park"). Quant aux allusions cinématographiques, elles débordent elles aussi sur la vie privée de personnes proches à l'auteur, des cinéphiles dont la culture n'est plus à faire, mais qui en prennent plein la gueule. Et là, je dis stop ! je crie scandale !

Soit, d'une manière générale "L'île aux Chimpanzés" offre une vision de l'être humain plutôt amère. Mais on pourrait également lui faire procès d'être empreint d'un certain féminisme castrateur. En témoigne la présence de deux personnages forts : des femmes ! L'une est entreprenante, intelligente et jolie, l'autre est un monstre manipulateur, tandis qu'ailleurs on a le choix parmi les hommes, à un demi-sauvage (Eli), un boulet constamment souffreteux (Le Professeur Terrier), un lâche (Damien Duroche) qui devrait faire lui aussi attention à ses couilles (vous pouvez vérifier, c'est noté texto : "Tu te mettais en quatre pour que j'obtienne tes bourses"), et quand ce n'est pas le cas, le seul homo erectus ne reculant pas devant le danger, le fameux Blin, s'avère être un grand malade colérique résolvant tout par la force et la violence...

 

Malgré ces réserves, "L'île aux Chimpanzés" est une novella qui se lit d'une traite. Le rythme est sûr, sans faille, assurant une belle cadence qui emporte le lecteur comme un torrent dans une forêt d'émeraude ; l'imaginaire semble s'y déployer de façon naturelle et non forcée, tout comme les clins d'oeil et hommages s'y déclinent sans nuire ou prendre le dessus sur la personnalité de l'auteur ; on y trouve aussi un véritable amour de la nature au sens large, avec tout ce que celle-ci peut contenir de cruel ; quant aux traits d'humour, ils sont loin d'être absents pour autant.

Ajouté à cela un chouette panel illustratif signé Olivier Fertel (voir l'excellente couverture) en totale harmonie avec le contenu et "L'île aux Chimpanzés" offre une évasion extrêmement récréative. Quant à la jolie maîtrise d'écriture qui contribue à en faire un récit vif et immergeant, on conclura tout bêtement en disant que ce n'est pas à une vieille guenon qu'on apprend à faire des grimaces.

 

Mallox

 

A propos de ce livre :

 

- Le site de l'éditeur : http://www.lecarnoplaste.fr/

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