Un informaticien atteint de nombreux tocs se fait enlever par une mystérieuse femme, lui annonçant qu'elle le protège alors qu'il se rend chez son employeur pour lui remettre une clé USB. Une femme découvre un cadavre dans sa piscine tandis que son mari semble tremper dans une affaire louche Walter Kinderf, écrivain raté, apprend que son père disparu a été retrouvé mort et la police découvre une maison peuplé de cadavres.

Sous cette histoire qui semble comporter de nombreuses intrigues se cache un étrange roman noir qui semble vouloir être du polar sans en être vraiment. Certes, il y a des morts, des flics, des assassins et même des légistes aidant à des enquêtes, mais l'auteur semble plutôt s'intéresser aux personnages, à leur rencontre et à leur relation ainsi qu'à l'impact de la mort sur eux plutôt qu'à l'aspect policier.
Les relations sont ainsi compliquées entre les personnages, l'épouse délaissée du truand trompe ainsi son mari avec un policier en lui faisant des aveux, le seul morceau de joie d'un des policiers semble être un joyeux petit chien, l'écrivain raté voit l'une de ses ex revenir dans sa vie tandis que l'informaticien ne sait pas sur quels pieds danser avec sa kidnappeuse, ne sachant trop si c'est son ange gardien ou sa mort prochaine.
L'auteur va utiliser toutes ses relations pour faire avancer toutes ses intrigues, tout en y inscrivant une ambiance pessimiste. Le but n'est pas que les enquêtes soient résolues et les conclusions pourront sembler un peu facile, mais plutôt de voir l'évolution des personnages, enquêteur ou particulier face à des histoires et des événements qui vont les dépasser, laissant deviner ce qui se trame en coulisse.
Ce livre préfère ainsi se concentrer sur des bouts de vies, mais ça n'empêche pas les intrigues de partir dans tous les sens et de proposer de nombreux rebondissements. Le côté policier ne s'arrête ainsi jamais et il se passe toujours quelque chose pour relancer l'intérêt des lecteurs sur l'une ou l'autre des intrigues. Il n'y a donc pas vraiment de temps morts dans ce récit et chaque destiné arrive à être intéressante.
Le ton est léger, très visuel et ne se perd pas en description, se contentant d'aller à l'essentiel. Il apporte ainsi un ton un peu à l'opposé de l'ambiance, en atténuant la noirceur et la violence. Le cynisme qui parcourt parfois le livre est ainsi très drôle et même dénonciateur, sans dénoncer grand-chose et assénant des vérités connues de tous. Le tout permet tout de même à ce roman d'avoir une vraie verve.
Le soucis est que certaines dénonciations renvoie à des événements certes récents et vise des personnes qui ne sont plus au pouvoir. Du coup, ça date le roman et donne l'impression qu'il a quelques années de retard. C'est le risque lorsqu'on vise des personnes précisément plutôt qu'un système et qu'elles sont facilement identifiables. Le roman a donc déjà un petit côté daté qui le gâche malheureusement un peu.

"Le sang des morts" est donc un roman noir plus qu'un thriller, un roman sombre et violent, mais qui grâce à sa plume n'est ni rude, ni acre. C'est au contraire divertissant et même réjouissant, malgré ce que ça met en scène, un roman qui se laisse lire et propose une atmosphère étrange ou espoir et désespoir se croisent au fur et à mesure des rencontres des personnages. Un roman qui sort donc de l'ordinaire dans sa forme. 

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur : http://lokomodo-librairie.fr/