L'imaginaire peut sembler parler rarement de l'Afrique, mais on trouve pourtant des romans s'y déroulant comme le "Trône d'ébène" de Thomas Day, le "Roi d'Ébène" de Christine Cardot, "Imaro" de Charles R. Saunders, "Ivoire" de Mike Resnick ou encore les romans de l'écrivain Lauren Beukes, originaire d'Afrique du sud. Aujourd'hui, c'est une auteur d'origine nigériane Nnedi Okorafo de nous proposer une fantasy s'y déroulant.

La jeune Onyesonwu, dont le nom signifie "Qui a peur de la mort" semble vraiment née sous une mauvaise étoile, née d'un viol, elle est considérée comme Ewu, une personne propice à la violence, mais elle semble disposer en plus d'étrange pouvoir. Considéré comme une menace et une sorcière, elle ne cherche pourtant qu'à être une jeune femme ordinaire, mais les guerres entre Okeke et Nuru plus loin à l'ouest se rapproche.
Qui a peur de la mort pourrait être un récit de fantasy plus que classique et sur la forme n'est parfois pas loin de l'être. On a un récit où une jeune femme solitaire et rejeté par tous à cause de ses origines développe des pouvoirs étrange qui lui sont normalement inerdit. A quelque détail près, on peut retrouver par exemple le Fitz Chevalerie de Robin Hobb dans l'assassin Royal. Ces clichés ne sont pourtant là que pour permettre au fond d'exploser.
En effet, l'héroïne va se trouver à affronter une société patriarcale, à être victime de l'intolérance des autres, se retrouver au milieu de conflits entre deux tribus, dont celle de sa mère qui n'a plus que la place d'esclave et d'opprimé dans la société. Des thèmes véritablement lourds, durs, mais qui sont abordés avec beaucoup de sensibilité et de courage par l'auteur, leur donnant ainsi l'aspect terrible qu'ils méritent, ne faisant pas vraiment de cadeaux aux personnages.
Scènes de viol, d'excision, de massacre, l'Afrique décrite dans ce roman ressemble beaucoup à l'actuelle dont elle est la descendante, dont on retrouve les pires comportements et coutumes, mais qui apporte aussi une ambiance particulière avec ses mythes et ses légendes, sa nourriture, ses vêtements. Et c'est tout juste si l'on voit que c'est une fantasy post-apo, puisque seulement quelques détails viennent parfois rappeler le genre du roman.
A propos de discrétion, c'est aussi le cas de l'aspect, plus proche ici du fantastique, même s'il est question de sorciers et de guérisseuse. L'auteur préfère se concentrer sur son héroïne, ses combats et sa quête. Onyesonwu est ainsi une héroïne complexe, fier qui va aller affronter le monde pour essayer de le changer, de se venger du destin qui lui a été offert car elle était une enfant née d'un viol, rejeté par la société.
La plupart des personnages semble d'ailleurs servir le propos de l'auteur, que ce soit le vieux sorcier refusant d'éduquer une fille, ses amis soumises à une société d'us sexiste, leur refusant le plaisir car né du "mauvais sexe", son petit ami jaloux de ses dons... Les personnages rencontrés deviennent ainsi des parts entières des thématiques de l'auteur, amis ou ennemis, le roman évitant le manichéisme, si ce n'est ceux de ses personnages, plein de préjugés.

Qui a peur de la mort n'est donc pas un simple roman de fantasy, c'est un roman qui parle de sujet contemporains, d'actualités parfois et qui rappelle les violences et inégalités de ce monde, mais pas uniquement celles du continent où se déroule l'histoire, certains pouvant se retrouver bien ailleurs. C'est un roman qui prend souvent au tripes, mais qui propose aussi de beau moment de fantasy justement.

Note : 9/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'auteur : http://www.nnedi.com//

- Site de l'éditeur : http://www.paninicomics.fr/web/guest/home