Critiques par genre Humour | Fantasy Quand les Dieux Buvaient 0 - L'Immortalité Moins Six Minutes
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Quand les Dieux Buvaient 0 - L'Immortalité Moins Six Minutes
Genre: Humour , Fantasy
Année: 2008
Pays d'origine: France
Editeur: Nestiveqnen
Auteur: Catherine Dufour
 

Ouvrir un nouveau roman de Catherine Dufour est toujours une petite joie en soi. Mais alors quand en plus le roman est aussi bon et rondement mené que L'Immortalité moins six minutes, vos zygomatiques ne s'en remettront pas de sitôt, je vous le promets ! Chronologiquement situé avant Blanche-neige et les lance-missiles, ce tome 0 de la série Quand les Dieux Buvaient met en scène deux fées, Pétrol'Kiwi et Pimprenouche, l'une sage fée des bois et l'autre très portée sur la gaudriole, face à face avec leur destin : Une quête. Une quête, rien de moins que cela, leur est en effet tombée dessus et elle vont devoir faire appel à toutes leurs ressources pour affronter les dangers, les aléas et les terribles figures imposées d'une quête de ce genre. Elle n'ont pas fini d'en baver, croyez-moi...
Soyons clairs, l'Immortalité moins six minutes est une franche partie de rigolade et de réjouissances naratives, mais pas seulement, vous le comprendrez bien vite. Car voilà quel est le postulat de l'auteur pour ce roman, comme elle nous le confie avec humour sur son site internet: "Ce devait être un livre chez les sirènes, centré sur la thématique de la dictature (...) Mais le livre n'a pas voulu. Il a préféré traiter de l'aspect gastronomique du film du Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Avez-vous remarqué qu'à chaque fois que les hobbits se préparent une bonne bouffe, le ciel leur tombe sur la tête sous forme de nazgul ou d'olifant ? Toute la problématique de mon livre tourne autour de cette question : Qui, au bout du compte, s'est morfalé le lièvre chassé par Gollum, et le bacon grillé par Merry ?"
Et bien, pour sûr, excellente question ! Pas de petite idée ? Rien ? Et bien je vous le donne en mille, ce sont les fées ! Deux fées en quête parties détruire au péril de leur vie un miroir magique saboté par un vil Elfe noir rancunier, les inoubliables Petrol'Kiwi et Pimprenouche ! Oui, bon, bah c'est bien joli, elles partent en quête nos amies les fées, mais cela se détruit comment un miroir magique, au fait ? Vous le savez, vous, peut-être ? Non ? Et bien elles non plus, c'est bien cela le problème... Alors quand elle vont croiser sur leur route hasardeuse un groupe de nains en possession d'un autre objet magique dont eux aussi semblent vouloir se défaire coûte que coûte, les deux fées vont saisir leur chance et vont décider de les suivre pas à pas. Après tout, eux, ils doivent bien savoir où s'en débarrasser vu les épreuves qu'ils traversent ! Alors voilà nos deux héroïnes embarquées dans leur propre quête pas forcément de tout repos, mais aussi, deux pas en arrière, dans celle, vous l'aurez compris, des si célèbres Hobbits du Seigneur des Anneaux. Et ce sont justement ces deux petits pas qui feront toute la différence. Deux petits pas qui à eux seuls créent toute la distanciation nécessaire à l'auteure pour nous offrir de réjouissantes pages pleine d'humour et de lucidité sur les héros de Tolkien, sur leurs mésaventures, et sur toute la fantasy en général. Si, si, je vous assure, tout le monde en prend pour son grade, ici, rien n'échappe au regard malicieux de Catherine Dufour et à sa plume dévastatrice, pleine de tendresse et de virulence.

Avec l'Immortalité moins six minutes, Catherine Dufour prend à rebours tous les codes de la fantasy avec un plaisir manifeste, pour nous offrir un roman jubilatoire et ludique. On prend un plaisir fou à reconstituer la trame du Seigneur des Anneaux et à envisager les actions des personnages sous l'angle de la dérision et de la distanciation humoristique. Mais attention, jamais l'auteur ne tombe dans le piège de la facilité, du plagiat ou de la parodie douteuse. Non, le regard qu'elle porte ici sur son référent est à la fois novateur, intelligent et bourré d'un humour qui fait mouche à chaque paragraphe. Certaines répliques sont à se rouler par terre et ici interviendra donc mon seul véritable reproche concernant ce livre : il est trop drôle. Mais quand je dis trop, je le pense réellement, ce n'est pas une façon de parler ! Madame Dufour, avez-vous seulement pensé à vos lecteurs qui vous lisent dans les transports en commun ? Avez-vous, ne serait-ce que l'espace d'un instant, eu une pensée pour vos pauvres lecteurs condamnés à se ridiculiser sous les regards sévères de leurs contemporains ? Non ! Ca c'est sûr ! Sinon, vous n'auriez forcément pas osé de tels jeux de mots aussi hilarants ou des situations aussi complètement invraisemblables, parfois même franchement culottées !
Bon, j'admets, ce reproche est peut-être un peu sévère, mais je tenais à le souligner, l'impartialité du chroniqueur, voyez-vous.... Maintenant que c'est dit, revenons-en aux aspects positifs de ce roman. Tout d'abord, il y a l'écriture, c'est indéniable. Au risque de passer pour une fan énamourée, je dirais qu'une plume aussi maîtrisée confine au talent. Sérieusement, réussir de telles acrobaties linguistiques est un véritable tour de force. La place me manque pour vous les citer, mais je vous assure que la plupart des trouvailles de l'auteur sont jubilatoires ! Ensuite il y a l'intrigue. En redéfinissant un nouveau genre de fantasy (une fantasy en miroir dirons-nous sans vilain jeu de mot), Catherine Dufour crée un monde absurde mais en même temps parfaitement cohérent, désopilant et irrévérencieux à souhait. Mais au-delà de cela et de l'humour premier, il y a un petit quelque chose qui se crée peu à peu. Une réflexion de plus en plus soutenue sur le thème de la Quête jusqu'à l'émotion finale dont je ne vous dirais rien. De potache, l'Immortalité moins six minute en devient plein de sensibilité et aborde des thèmes beaucoup plus profonds qu'on aurait pu le penser de prime abord. Croyez-moi ou pas, mais ce livre fait réfléchir ! Si vous aimez la fantasy, il ne manquera pas de vous trotter en tête lors de vos prochaines lectures...
Ce roman ne plaira forcément pas à tous les lecteurs, j'en suis consciente. Il y a, je crois, un petit quelque chose de bien trop extrême, de bien trop irrévérencieux dans la plume ravageuse de Catherine Dufour pour être consensuel, et c'est finalement pour cela que c'est si bon ! Les puristes lui reprocheront peut-être son irrespect devant la parole du Maître, mais je crois bien plutôt que c'est un superbe hommage qu'elle rend ici à Tolkien, une petit pincée de jeunesse et de dérision qui fait plaisir à lire et qui rafraîchit le coeur, même le plus endurci. C'est un détournement, certes, mais c'est subtil, rien n'est gratuit ici, et c'est ce qui fait la différence à mes yeux. Catherine Dufour réussit ici son pari haut la main et prouve une fois de plus que la fantasy humoristique est un genre à part entière et qu'elle en est la chef de file aux côtés de Terry Pratchett. Un seul mot : réjouissant !

Note : 8,5/10

Chaperon Rouge


A propos de ce livre:

 

- Site de Catherine Dufour d'où vient la citation : http://www.noosfere.com/heberg/dufour/

- Site de l'éditeur 

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