Elevé par un couple de paysans après la mort de ses parents, Lorillou vit tranquillement avec eux, loin du monde, ignorant tout de ses origines et croyant vivre avec ses vrais parents. Il sait pourtant qu'il a un don particulier, celui de communiquer avec les animaux qui l'entourent, pouvant partager leurs sensations. Alors qu'il va aller pour la première fois dans une ville, il devra utiliser son don pour calmer un beuglant menaçant de détruire un marché et de blesser des personnes. C'est alors qu'il va rencontrer le père Gawin, qui va s'intéresser à lui et à son talent. Car bien qu'il maitrise tous la télépathie, les Capelans n'ont jusqu'alors jamais croisé une telle capacité. Lorillou va alors apprendre ses origines de la bouche de sa mère et décider de partir à la poursuite de son destin. Pendant ce temps, Lupon, un ancien Capelan, exploite ses compétences magiques afin de s'emparer du pouvoir...

Autant l'avouer, j'avais un peur d'aborder ce livre qui me semblait cumuler pas mal de stéréotypes de la fantasy: un jeune homme doué d'un pouvoir magique inédit, un prophétie, une quête, un combat entre le bien et le mal qui sont ici renommés Lumière et Ombre, un méchant terrifiant etc. Et il y a bien tout ça dans ce roman qui se laisse pourtant lire avec beaucoup de plaisir grâce à un style limpide et un récit plutôt dynamique.

Certes on ne peut pas s'empêcher de penser à d'autres romans comme L'assassin royal de Robin Hobb pour le don du héros qui évoque le vif, cette magie qui permet à Fitz de se lier à des animaux, mais malgré cette référence, Christophe Guilbaud développe à sa manière cette particularité du héros. La façon dont Lupon utilise la télépathie renvoie par contre à un autre roman qui a peu à voir avec la fantasy, "L'échiquier du mal" de Dan Simmons dans la façon de pénétrer de force l'esprit des futurs victimes mais là encore, l'auteur arrive à avoir son propre style.

L'histoire, elle aussi, reste très classique avec un enfant qui va donc rechercher ses origines mais l'auteur ne fait pas trop durer ses intrigues et évite de transformer en longue réflexion inutile des éléments que le lecteur a déjà compris, tout en gardant un minimum de suspens pour les prochains épisodes. Les autres passages nous montrant principalement un Lupon, assoiffé de pouvoir, installer une dictature et essayer de se débarrasser des Capelans font monter la tension lentement, en décrivant un royaume sombrant dans une période très sombre.

Je mettrai pourtant deux petits bémols à ce roman. Le premier est la façon de renommer les animaux, un taureau devenant un beuglant, un cheval un horsan, un chien un jappard alors que ça n'apporte pas forcément grand chose au récit, si ce n'est une petite touche de fantaisie. Le second est l'emploie de termes tels que « télépathie » ou « barrière mentale » qui renvoient plus à la science-fiction ou, à la rigueur, au fantastique. Ces termes détonnent un peu dans un univers médiéval. Il aurait peut-être fallu être ici un peu plus original.

Donc je confirme ce que j'ai déjà dit plus haut, ce premier tome des "Capelans" est un ouvrage très sympathique, divertissant, qui fera passer un bon moment à un connaisseur et peut permettre de découvrir le genre à de jeunes lecteurs grâce à son histoire captivante, à ses personnages attachants et à un univers plutôt bien décrit et qu'on découvre au fur et à mesure du récit. Une lecture très agréable.

Note: 8/10

Stegg