"La forêt d'Iscambe est un roman méconnu et c'est fort dommage. Déjà parce qu'il appartient à un sous genre qui est rarement exploité: la fantasy post-apocalyptique. Ensuite parce qu'il est superbement écrit et que c'est le genre de voyage qu'on aimerait faire beaucoup plus souvent. Car il s'agit avant tout d'une aventure qui sort clairement de l'ordinaire. On traverse vraiment ce monde en compagnie des personnages.
On débute l'histoire dans le royaume d'Émeraude où règne depuis de nombreuses années le roi Tanguy en compagnie de sa fille Anne et de son fils adoptif It'van. Un jour débarque le Fondeur, escorté de son disciple Évariste, qui veulent se rendre à Paris en suivant l'ancienne autoroute A6. Ils devront pour cela se rendre dans ce lieux maudit et interdit qu'est la forêt d'Iscambe, lieu de plusieurs mythes et légende. Le roi Tanguy qui déteste cet endroit va leur interdire d'y aller. Mais quand arrivent les blagoulets, milice très violente issue du Bureau Populaire qui a pris le contrôle de Marseille, Le fondeur, son apprenti et It'van vont devoir s'enfuir dans la forêt.
Ne faite pas confiance au quatrième de couverture qui vous annonce que l'auteur à gagné ses galons de Tolkien français, cet auteur n'entretient finalement que peu de rapport avec toutes les imitations du Seigneur des anneaux qu'on a pu lire à droite et à gauche. Les deux écrivains ne sont comparables qu'aux niveau de la richesse de leur univers et de leur verbe. Si la forêt peut ressembler à un décor classique, il n'en est rien car l'auteur s'amuse avec son monde et avec son lecteur. Il n'hésite pas à décrire les vestiges de notre société sur laquelle la nature à entièrement repris ses droits. La première parti qui présente la vallée avec ses mœurs et ses coutumes n'est pas enthousiasmante mais l'aventure démarre heureusement très vite et ne s'arrête plus.
Ce roman se démarque également par son humour, bien que l'on ne soit pas en présence d'un imitateur de Terry Pratchett ou de Catherine Dufour. L'humour y est bien plus subtile. Certains des meilleurs passages mettent en scène Évariste qui s'imagine une religion et une mythologie basées sur le nom de grandes compagnies pétrolières et dont les temples sont d'anciens postes à essence. Il y a également ces insectes géants, principalement des termites et des fourmis, qui se livrent une guerre ponctuée par des batailles épiques. Une idée qui n'est pas sans faire références à un certain cinéma ou des insectes devenaient géants suite à une catastrophe chimique ou nucléaire.
Il y a tout de même un grand sens de la poésie dans ce livre fort original et qui essaye parfois de partir dans des délires mystiques (mais ce qui ne constitue pas la partie la plus passionnante du roman, le coté spirituel devenant parfois très lourd). Au niveau des autres défauts, on notera principalement le personnage d'It'van qui de naïf deviendra en quelques temps un grand stratège et un véritable disciple de Freud. On pourra également noter la fin un peu trop ouverte et promettant une suite. Mais heureusement, ça ne nuit pas trop au rythme et à la qualité de l'ouvrage.
Je ne peut que vous conseiller de vous jeter dans ce roman finalement à mi-chemin entre une science fiction qui revisiterait notre monde alors dévasté et une fantasy classique où l'on rencontre un marmousset, des nains et même une espèce de Ents. Il se dégage de cette histoire une ambiance unique et assez étrange, qu'on a du mal à décrire. Si vous avez envie de vous promener dans une faune et une flore inédite et intelligente, ce roman vous fera une excellent lecture.
Note : 8,5/10
Stegg
A propos de ce livre :
- Site de l'éditeur : http://www.editionspoints.com/
- Fiche de la collection Points Fantasy
