Après Fantomas, voici venir un nouveau génie du crime made in France qui va arpenter les routes de l'hexagone au début du XXème siècle, son nom est Tanatos. L'histoire débute alors qu'il kidnappe Roger Lampoit, un député de gauche et ami de Jean Jaurès, décide de prendre sa place puis fait passer les amis de sa victime pour un mystérieux groupe terroriste... Tandis que le détective Louis Victor et le commissaire Bernin enquêtent sur le meurtre du chauffeur de Lampoit, assassiné par les sbires de Tanatos....
L'histoire de Tanatos nous propose donc de suivre les aventures d'un génie du crime dont on va découvrir au fur et à mesure qu'il applique le gigantesque complot qu'il a mis au point et dont même ses subordonnés semblent ne rien savoir, si ce n'est ce qu'ils ont à faire. Et derrière les événements qu'il met en place, il semble n'avoir qu'un seul but: l'argent. Pour le coup, on peut donc dire qu'on en a connu de plus ambitieux, même si niveau machiavélisme, il ne sera certainement pas le dernier.
Car le personnage se révélera un fin stratège et un tout aussi subtil manipulateur dont les agissements se mélangeront avec la véritable histoire, même s'il y en a un peu trop d'inventés et qu'on aurait pu préférer que les aventures de Tanatos se glissent un peu mieux dans les fait réels, histoire de pouvoir croire un peu plus à cette histoire de génie du crime.
Mais le récit est rondement mené, plutôt captivant et trépidant. On se demande quel est exactement le plan et le but de Tanatos, nébuleux au début et qui ne s'explique que dans les toutes dernières pages. Cette partie de l'histoire est habilement construite et tout à fait passionnante. La relation de Tanatos avec ses hommes de main, qu'il méprise tout autant que ses victimes, complète de manière intéressante les tribulations de cet effroyable criminel puisqu'il livre ainsi sa vision du monde.
Quant au deux inspecteurs qui le poursuivent, on se demande tout de même un peu ce qu'ils font là, car s'ils courent dans tous les sens, on doute qu'ils puissent arrêter un personnage qui a toujours un wagon d'avance. On en vient même à se demander d'où ils connaissent le super-criminel, personne d'autre ne semblant connaître son identité dans l'histoire et encore plus le soupçonner d'être derrière les événements en cours.
Le dessin et la couleurs sont quand à eux réussis, donnant une véritable vie à ce Paris d'avant-guerre et aux nombreux personnages qui l'habitent, même s'il est certes très classique. On pourra tout de même se poser la question de l'utilité de l'uniforme qu'utilise Tanatos, même si ça le rend immédiatement identifiable, mais qui semble plutôt être là pour faire joli et ridiculise un peu le personnage. Mais ça n'enlève rien à la perfection du dessin de Jean-Yves Delitte, plein d'ampleur et servant parfaitement l'histoire.
On pourra tout de même se poser la question de savoir s'il est judicieux de mettre certains événements historiques sur le dos d'un grand criminel. A moins que les auteurs ne veulent faire de ce personnage une métaphore d'une cupidité capable de mener au pire... Mais ça n'enlève rien au plaisir qu'on peut prendre à lire ce feuilleton, qui après tout n'est que fiction.
Ce premier volume de Tanatos promet donc une série haute en couleurs avec un héros aussi diabolique que charismatique et sur lequel on espère en découvrir un peu plus dans les prochains tomes. Ce premier tome de Tanatos contient donc une bonne histoire, un beau dessin et des personnages réussis. Tous ce qu'il faut pour faire une bonne BD !
Note : 8/10
Stegg
A propos de cette BD :
- Site de la série : http://tanatos.glenatbd.com/
- Site de l'éditeur : http://www.glenat.com/
