Benjamin a tout pour être heureux. Il vient de fonder sa société d'informatique et croule sous les contrats. La fortune semble être à sa porte. De plus, il a hérité il y a peu d'une maison ayant appartenu à une tante qui lui sert de logement et de bureau. Seule ombre au tableau, il n'a pas encore de petite amie mais sa jeune voisine n'est pas pour lui déplaire. Bientôt le bonheur parfait ?
Non, hélas, mille fois non car une nuit sa maison brûle avec tout ses papiers. Son assureur, peu honnête, fait tout pour retarder le remboursement des dégâts. Benjamin, qui n'a plus ni amis, ni famille, se retrouve à la rue sans un sous et sans papiers d'identité, attendant un improbable paiement de son assureur. Son cauchemar ne fait que commencer...
Comment raconter une histoire comme celle de « Purgatoire » où le fantastique n'apparaît que dans le tome deux, et dont raconter la fin du premier tome, c'est trahir l'histoire ? Car ce que raconte le premier tome, c'est une longue descente en enfer, pas un enfer lointain mais bien plutôt celui qu'il y a juste à coté de chez nous et que l'on nomme pauvreté ou bien misère. Et la descente est bien dure pour le pauvre Benjamin qui n'aspire qu'à s'en sortir, à retrouver une dignité qu'on lui a enlevée. Un voyage bouleversant qui se termine tragiquement.
Et c'est sur cette tragédie finale que commence la magnifique partie fantastique. Le pauvre Benjamin qui n'a pourtant pas fait grand chose de mal, des trucs anodins, va devoir trouver la rédemption et pour cela aider son prochain, le même qui l'a méprisé mais surtout celui qui lui a fait subir son triste sort. Cette partie fantastique est magnifique et sort complètement du coté social du premier tome, surprenant et déroutant tout autant le lecteur.
Et la conclusion, qui met en doute tout ce qu'on a lu précédemment, nous montre que le paradis n'est peut-être pas si éloigné de nous que l'enfer, que le bonheur n'est peut-être pas bien loin dans ce monde, même s'il n'est pas facile à trouver. L'histoire arrive même à ne pas être manichéenne, Benjamin n'étant pas forcément un ange et son assureur véreux se révélant finalement humain.
Le dessin est dans le plus pur style de Chabouté. Si vous avez déjà feuilleté une œuvre de Chabouté, vous savez comment il dessine des personnage avec des grand yeux tristes mais également interrogateurs. Ici, c'est la même chose. Malheureusement en couleur, le noir et blanc si particulier de l'auteur étant ici abandonné et la couleur ne le servant franchement pas. Même si le noir et blanc sera utilisé de manière originale dans le tome suivant.
"Purgatoire" est une œuvre atypique que je ne peux que vous conseiller et si vous aimez vraiment le fantastique, ne vous fiez pas au coté drame social du premier. Vous passeriez à coté d'un voyage passionnant comme Chabouté aime à les raconter, où des personnages ordinaires sont au centre de drames qui les dépassent, souvent pour leur plus grand malheur.
Cette trilogie qui porte très bien son titre se révèle passionnante, même si on a l'impression que le second tome aurait pu durer quelques pages de moins, vu qu'il met du temps à mettre en place des événements qui aurait pu lui prendre moins de temps. Malgré ce défaut, cette jolie fable me semble largement recommandable.
Note : 8/10
Stegg
A propos de cette bd :
- Site de l'éditeur : http://www.ventsdouest.com/