Kazuo Umezu
Miyako Slocombe
Rendons une éternelle gloire aux Dieu Lézard Noir. Brûlons des cierges dans des culs de vierges placées devant des encensoirs souillés par des excréments de bébés fraîchement éventrés !Après nous avoir abreuvés de blasphèmes impies avec les ouvrages de Suehiro Maruo, un autre mangaka passe par les petites portes de cette minuscule, mais couillue boîte d'édition pour pervertir nos pupilles fatiguées par une interminable litanie de stéréotypes à base de lycéennes aux gros seins, de moé, d'étudiants coincés et d'esprit nekketsu.Kazuo Umezu fait partie de ces vieux de la vieille qui ont expérimenté au sein du fantastique et de l'horreur pour porter ces genres vers de nouvelles cimes. Que ce soit dans le cruel survival post-apocalyptique de "L'École Emportée" - hybride improbable entre "Sa Majesté des Mouches" et "Mad Max" - dans les intrigues psychanalytiques tortueuses de "Baptism" ou dans ce recueil, le lecteur est toujours entraîné dans un maelström de sensations et d'impressions qui lui collent longtemps dans le crâne.L'ouvrage multiplie les histoires vénéneuses s'inscrivant dans un fantastique intimiste et dissèque les névroses de l'âme japonaise en parfait chirurgien. Difficile de disserter sur les sept nouvelles, l'intérêt de celles-ci reposant en grande partie sur le retournement de situation ou le basculement de point de vue. Cette méthode confère aux récits une inquiétante ambigüité, les événements dépendant alors entièrement du personnage et de sa psyché déséquilibrée. Le découpage virtuose permet à l'auteur de passé d'un protagoniste à un autre sans même que nous réalisions que la transition s'est effectuée, nous plongeant dans un deuxième univers déglingué en l'espace de quelques cases. Associée au noir et blanc expressionniste, cette narration très cinématographique attribue à l'ensemble une ambiance voisine à celles des meilleurs Mario Bava ou des Kwaidan-ega de Kiyoshi Kurosawa. C'est d'ailleurs ce même cinéaste qui signe la préface !Rappelant le fantastique pratiqué par Richard Matheson qui explorait les fêlures psychiques des États-Unis en usant de la paranoïa poussée dans ses derniers retranchements comme d'un scalpel mettant à nu les obsessions de ses concitoyens, les contes d'Umezu sont destinés à devenir des classiques du genre. Je peux difficilement m'étendre plus sans déflorer le sujet, le mieux que vous ayez à faire étant de vous faire votre propre idée sur ce recueil.Néanmoins, vous êtes prévenu, votre réalité risque de basculer du jour au lendemain… Gernier A propos de cette BD : - Site de l'éditeur : http://www.lezardnoir.com/
Rendons une éternelle gloire aux Dieu Lézard Noir. Brûlons des cierges dans des culs de vierges placées devant des encensoirs souillés par des excréments de bébés fraîchement éventrés !Après nous avoir abreuvés de blasphèmes impies avec les ouvrages de Suehiro Maruo, un autre mangaka passe par les petites portes de cette minuscule, mais couillue boîte d'édition pour pervertir nos pupilles fatiguées par une interminable litanie de stéréotypes à base de lycéennes aux gros seins, de moé, d'étudiants coincés et d'esprit nekketsu.Kazuo Umezu fait partie de ces vieux de la vieille qui ont expérimenté au sein du fantastique et de l'horreur pour porter ces genres vers de nouvelles cimes. Que ce soit dans le cruel survival post-apocalyptique de "L'École Emportée" - hybride improbable entre "Sa Majesté des Mouches" et "Mad Max" - dans les intrigues psychanalytiques tortueuses de "Baptism" ou dans ce recueil, le lecteur est toujours entraîné dans un maelström de sensations et d'impressions qui lui collent longtemps dans le crâne.L'ouvrage multiplie les histoires vénéneuses s'inscrivant dans un fantastique intimiste et dissèque les névroses de l'âme japonaise en parfait chirurgien. Difficile de disserter sur les sept nouvelles, l'intérêt de celles-ci reposant en grande partie sur le retournement de situation ou le basculement de point de vue. Cette méthode confère aux récits une inquiétante ambigüité, les événements dépendant alors entièrement du personnage et de sa psyché déséquilibrée. Le découpage virtuose permet à l'auteur de passé d'un protagoniste à un autre sans même que nous réalisions que la transition s'est effectuée, nous plongeant dans un deuxième univers déglingué en l'espace de quelques cases. Associée au noir et blanc expressionniste, cette narration très cinématographique attribue à l'ensemble une ambiance voisine à celles des meilleurs Mario Bava ou des Kwaidan-ega de Kiyoshi Kurosawa. C'est d'ailleurs ce même cinéaste qui signe la préface !Rappelant le fantastique pratiqué par Richard Matheson qui explorait les fêlures psychiques des États-Unis en usant de la paranoïa poussée dans ses derniers retranchements comme d'un scalpel mettant à nu les obsessions de ses concitoyens, les contes d'Umezu sont destinés à devenir des classiques du genre. Je peux difficilement m'étendre plus sans déflorer le sujet, le mieux que vous ayez à faire étant de vous faire votre propre idée sur ce recueil.Néanmoins, vous êtes prévenu, votre réalité risque de basculer du jour au lendemain…
Gernier
A propos de cette BD :
- Site de l'éditeur : http://www.lezardnoir.com/