Bear Park, l'heure des lames est un événement météorologique dangereux où il pleut littéralement des lames de couteau, ici les parents n'ont pas d'enfants, par contre les enfants ont des parents mécaniques qu'ils fabriquent eux même, les objets de la vie courante tel les minuteurs ou les poivriers sont élevés au rang de dieux et comble de l'horreur, on n'a pas d'anniversaire ! Par contre on connaît exactement le jour de sa mort et rien ne permet d'y échapper !
Scarper Lee, un jeune ado asocial, n'a pas de chance, il va mourir jeune, précisément dans trois semaines, personne ne peut l'aider, ni son père, une rutilante machine à voile en cuivre, ni sa mère, un sèche cheveux en bakélite, qui se réfugie à chaque contretemps dans le placard sous l'escalier…
Mais une nouvelle élève va bouleverser le jeune garçon et lui faire vivre de folles aventures durant les quelques jours qu'il lui reste à vivre.

Difficile que de définir cette œuvre inclassable signée par l'anglais Rob Davis, connu pour être dessinateur sur "Judge Dredd" mais également pour son diptyque "Don Quichotte", le synopsis illustre à merveille l'ambiance de lecture, quasiment tout nos repaires sont mis à mal et remplacés par un quotidien résolument étrange. Pour nous, simple humain, ce monde semble être sans queue ni tête, néanmoins au fil des pages on ressent comme une sensation familière, on s'intègre sans mal à cette logique pourtant complètement irrationnelle.
C'est la grande force de ce récit, partir d'un cadre d'apparence farfelu et réussir à le rendre coutumier, l'énormité de cet univers est rendu accessible par la sensibilité de l'auteur et les thématiques qu'il aborde, elle sont parfois difficile à cerner mais elle nous touche tout de même !
Dans cette fable, Rob Davis interroge le quotidien des adolescents, leur rapport à la société, le passage à l'age adulte et les relations avec leurs parents, on pourrait aussi y voir une critique de la consommation, avec ces objets transformés en dieu, paradoxalement on pourrait aussi ne rien y voir, ou s'interroger plus tard sans forcement faire le lien avec "L'Heure des lames"…
Les planches simples mais très fournis agrémentées de superbes nuances de gris surenchérissent le coté réaliste d'une histoire qui ne l'est pas !
Une magnifique métaphore de notre réalité, qui fait partie d'un triptyque en cours d'écriture, les deux autres tomes traitant respectivement de la vie de Vera et de celle de Castro.

Note : 8/10

 

gregore

 

A propos de ce comic :

 

- Site de l'éditeur : http://www.warum.fr/