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Après des siècles, les Sith font à nouveau parler d'eux au coeur de la galaxie, bien décidés cette fois à écraser la République qui les a contraints à l'exil. Le jeune Sith Teneb Kel voit là l'unique chance de se hisser au-dessus de sa condition d'Apprenti et de prouver sa valeur aux membres du Conseil d'Ombre. Contre toute attente, la mission qui lui est assignée ne consiste pas à traquer les Chevaliers Jedi, mais au contraire à pourchasser un autre Sith, traître à l'Empire : l'Apprenti de l'Empereur lui-même...
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Ceci est loin d'être ma première incursion dans la galaxie des comics Star Wars publié par Delcourt et parmi lesquels on pourra épingler les excellentes séries Chevaliers de l'ancienne république (KOTOR), Dark Times ou Legacy. D'ordinaire, je parviens à situer plus ou moins correctement chacune d'elles dans la chronologie de l'Univers Etendu de SW.
Autant dire tout de suite que, pour ce Old Republic qui serait rattaché à un jeu vidéo éponyme de Bioware sur le point de sortir chez nous, j'ai eu un peu plus de difficultés.
Le début de cette nouvelle série se situerait aux environ de 3600 ans avant l'épisode IV : Un nouvel espoir. Soit à peu près quatre cent ans après les événements de KOTOR, pour ceux qui verraient de quoi je parle.
Qu'importe l'époque, d'ailleurs, puisque de toute façon nous savons que Star Wars fonctionne la plupart du temps sur le sempiternel antagonisme entre les Sith et les Jedi, l'Empire et la République, etc...
Un des aspects les plus intéressants, a priori, de cette nouvelle série, qui m'a d'ailleurs incité à la lire par curiosité, est de faire du personnage principal un (apprenti) Sith et non, comme c'est souvent le cas, un Jedi.
C'est une idée relativement inédite, même si les adeptes du côté obscur avaient déjà leur série chez Delcourt mais celle-ci était plutôt constituée d'albums indépendants axés chacun sur un personnage déjà connu de la saga (Dark Vador, Grievous, Mara Jade, Dark Bane, etc...). Ici, par contre, il s'agit bien d'une histoire continue dont les Siths et autres membres de cet Empire seraient les principaux protagonistes.
La première conséquence de ce changement de point de vue est le ton général de l'album, forcément sombre, mais aussi présentant un contexte où les nobles sentiments, la sagesse et les aspirations de paix et d'harmonie ne sont franchement pas au programme. Les Sith, on le sait, sont plutôt du genre à privilégier le pouvoir, la puissance, la haine et l'opportunisme à tous crins. Il faut avouer que ce changement de perspective à au moins le mérite de s'éloigner de la vertu un brin ennuyeuse des Jedi et des formules toutes faites de la petite grenouille aux oreilles pointues et à la syntaxe peu orthodoxe. Bref, le côté obscur a son côté obscurément attirant.
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Malheureusement, cet album se révèle au final décevant, la faute principalement à une intrigue très linéaire, un fâcheux manque d'âme, de profondeur et à des personnages qui n'inspirent aucune sympathie, ni même fascination. Car il est question ici de la traque d'un Sith par un autre Sith (enfin, un apprenti, mais déjà très doué comme on s'en doute) et si l'idée est séduisante a priori, il aurait été profitable de l'enrichir par des intrigues annexes au sein de l'Empire, par exemple, au lieu de se focaliser sur une simple poursuite. De plus, on réalise qu'il est bien difficile d'éprouver de l'empathie pour ce type de personnages aux motivations aussi égoïstes que belliqueuses, que ce soit l'un ou l'autre. Pour le dire autrement : les loups se mangent entre eux, on assiste à leur confrontations mais, finalement, peu nous importe de savoir lequel se fera dévorer et lequel survivra.
C'est probablement là que l'idée de faire de combattants Sith les héros d'une série montre ses limites. Mais peut-être un scénariste vraiment doué aurait-il pu dépasser cet obstacle et livré tout de même un scénario prenant ?
C'est en tout cas loin d'être le cas ici.
Du coup, l'accent est surtout mis sur le rythme et l'action, évitant certes au lecteur de trop s'ennuyer, mais ne possédant pas les ingrédients nécessaires pour captiver, ni même simplement divertir. De plus, certains passages, notamment lors d'un chapitre onirique, restent assez... obscures et confus.
Sans être le plus mauvais album des comics Star Wars publiés chez Delcourt, on est en tout cas très loin de l'excellente impression que m'avait faite Chevaliers de l'ancienne république (KOTOR) dès le premier tome ou encore Legacy.
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Pour ne rien arranger, le dessin de Dave Ross est loin d'être exceptionnel et ne parviens pas à palier un tant soit peu les lacunes du scénario et rendre au moins l'album visuellement attractif. Là encore, j'ai connu bien pire parmi les artistes qui officient sur les séries SW, mais le style, assez plat et impersonnel, est incomparablement inférieur à celui d'un Duursema (sur Legacy et Jedi avec son cycle Quinlan Voss), d'un Brian Ching (sur KOTOR) ou Douglas Weathley (Dark Times). De même que celui de Benjamin Carré qui signe une belle couverture, comme souvent, en guise de vitrine alléchante, mais mensongère.
The Old Republic : Le sang de l'empire est au final un produit SW assez basique et convenu, partant d'une idée certes séduisante (un héros Sith) mais qui ne parvient pas à passionner avec cette histoire de traque sans surprises, menée par des personnages sans grand relief psychologique et sans charme. Le fan de la saga pourra peut-être y trouver de quoi alimenter sa passion (à moins qu'au contraire il ne se montre encore plus sévère que moi, selon le principe du "qui aime bien châtie bien") mais le néophyte ou l'amateur un tant soit peu éclairé se reportera plus avantageusement aux séries que j'ai déjà citées plus hauts.
Une fois de plus, je constate qu'une fiction située dans le sillage d'un jeu vidéo a tout du produit formaté.
Et parfaitement volatile.
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Note : 5/10
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Vorpalin
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A propos de ce comics :
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- Site de l'éditeur : http://www.editions-delcourt.fr/