Le Cloud a implosé, et avec lui tous les secrets les plus précieux de l'humanité, des trafics les plus illicites aux photos de voyage du citoyen lambda, se sont retrouvés à la portée de tous.
Désormais, nous évoluons masqués, seul moyen de protéger ce qu'il reste de notre intimité. Bienvenue dans une société post-Internet.
"The Private Eye" a de quoi se démarquer des sorties actuelles, que ce soit par son propos ou par la façon dont Brian K. Vaughan et Marcos Martin ont réfléchi sa diffusion. Cette bd format italienne relatant le post-effondrement de l'internet, a justement été diffusé dans un premier temps en ligne, sur une plateforme créée par les deux auteurs : Panel Syndicate, en accès libre, en laissant au lecteur le choix de financer ou pas cette création.
Mais l'oeuvre d'un scénariste reconnu comme Brian K. Vaughan ("Y, le dernier homme", "Saga") ne pouvait pas rester qu'en ligne, après Image comics, c'est au tour de Glénat de la sortir en France dans sa collection Urban Strips.
En 2076, Internet et tout les objets connectés ont disparu suite à l'explosion du Cloud et la révélation des secrets inavouables des gens, c'est ce nouveau monde futuriste mais légèrement passéiste que Brian K. Vaughan tente de rendre crédible, sans forcement proposer un jugement tranché sur l'utilisation du web et l'anonymat, il construit ici un scénario solide, intelligent, qui se contentera de poser des questions en laissant au lecteur sa propre réflexion sur ces grandes questions de société. Le scénariste ne propose pas de solution, on navigue entre une critique de l'ancien monde ultra-connecté et le nouveau où l'anonymat est partout, où les pires malfrats sont les paparazzis, sorte d'enquêteurs engagés pour retrouver la trace de personnes devenu totalement anonymes.
En plus de trois cents pages, l'histoire nous laisse peu de répit, on suit notre mystérieux enquêteur dans un polar qui nous laissera encore en suspend lorsque la trame principale sera révélée, cet état perdurera même à la fin de l'album, laissant notre cerveau en questionnement et nous incitant peut être à nous déconnecter un instant...
Marcos Martin est très à l'aise dans ce format peu habituel assez réduit, il prend la place qu'il lui faut, n'hésitant pas à proposer peu de cases par planches, nous immergeant totalement dans ce monde futuriste plutôt iconoclaste et enfantin, les couleurs de Muntsa Vicente rajoute une couche avec des tons flashy et super coloré.
Une belle découverte qui questionne à plusieurs niveaux, on ne saurait que recommander sa lecture !
Note : 8,5/10
gregore
A propos de ce comic :
- Site de l'éditeur : http://www.urban-comics.com/