Dementia 13
Genre: Horreur , Thriller
Année: 1963
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Francis Ford Coppola
Casting:
Luana Anders, William Campbell, Mary Mitchel, Bart Patton, Patrick Magee, Eithne Dunne, Peter Read...
Aka: The Haunted and the Hunted
 

Les Haloran sont issus de la noblesse et vivent pour la plupart dans le château familial, isolé au milieu de la campagne irlandaise. La mère est devenue à moitié folle à la suite du tragique accident survenu voici sept ans à son unique fille, Kathleen. Celle-ci s'est noyée dans l'étang du domaine. Depuis, chaque année, a lieu une commémoration réservée aux seuls membres de la famille. Lady Haloran a encore trois fils. L'aîné, John, est marié à Louise. Viennent ensuite Richard, un sculpteur contrarié fiancé à Kane, et Billy, vingt ans, tourmenté par des cauchemars récurrents.

 

 

Louise, qui est une femme vénale, aimerait que son mari soit en mesure de convaincre sa mère de modifier son testament. En fait, Lady Haloran a prévu de léguer une partie de sa fortune à des œuvres caritatives, en mémoire de Kathleen. Louise est d'autant plus inquiète qu'en cas de décès de John, elle se retrouverait sur la paille et ne serait plus considérée comme membre de la famille. C'est au cours d'une promenade nocturne en barque que Louise aborde le sujet. Ironie du sort, John, qui souffre d'une maladie du cœur, est victime d'un infarctus et, comble de malheur, il a oublié ses médicaments à la maison. Voilà l'infortunée Louise qui se retrouve subitement veuve... et potentiellement pauvre. Une perspective qu'elle ne conçoit pas une seconde. Elle jette alors le corps de son mari dans la rivière, fait ensuite disparaître une partie de ses affaires, puis écrit une lettre tapée à la machine expliquant qu'il est parti à New-York en voyage d'affaires. Elle achève le tout en imitant la signature de John. Le tour est joué. Il ne lui reste plus qu'à se rendre au château familial, et amadouer la belle-mère pour qu'elle modifie son testament. Mais le spectre de Kathleen rode encore dans le domaine des Haloran, et les plans de Louise ne vont pas se dérouler comme prévu...

 

 

En cette année 1963, Roger Corman est déjà un cinéaste renommé, alors que son jeune assistant, Francis Ford Coppola, n'est pas encore le grand réalisateur qu'il deviendra plus tard. Alors qu'il seconde Corman sur le tournage de "The Young Racers" en Irlande, Coppola se voit proposer par le réalisateur de tourner un autre film avec une partie du casting, et ce qui reste du budget non utilisé (environ trente mille dollars). Ainsi naît ce long métrage tout autant influencé par certains films gothiques que par quelques œuvres essentielles d'Alfred Hitchcock (dont "Psychose"). Déjà présents dans "The Young Racers", Luana Anders, William Campbell et Patrick Magee se retrouvent donc dans ce thriller qui devait initialement s'appeler "Dementia", mais comme ce titre existait déjà ("Dementia" est un film de John Parker, réalisé en 1955, voir chronique sur le site), il va se transformer en "Dementia 13". William Campbell est déjà, à l'époque, un acteur d'envergure, ayant joué auparavant pour John Sturges, King Vidor ou encore Raoul Walsh. Luana Anders, quant à elle, avait déjà tourné pour Corman dans "La chambre des tortures". Elle jouera plus tard dans "The Trip", et aussi dans "Easy Rider" (de Dennis Hopper). Enfin, Patrick Magee reste probablement, des trois, l'acteur le plus familier des fans de cinéma de genre. Et bien qu'il ait été vu dans pas mal de classiques (dont "Orange mécanique"), on a aussi pu apercevoir son regard inquiétant dans "Le masque de la mort rouge", "Prenez garde, mes frères", "Les démons de l'esprit" et "Le chat noir" (la version de Fulci).

 

 

Egalement scénariste, avec la collaboration de Jack Hill ("Spider Baby", "The Big Bird Cage"), Francis Ford Coppola parvient à mettre en place, malgré un budget étroit, un huis-clos efficace, essentiellement grâce à un petit groupe d'acteurs jouant chacun leur rôle à la perfection. Le suspense est présent d'un bout à l'autre des soixante douze minutes, avec peu de temps morts. En dehors des apparitions du braconnier, un rien longuettes et censées apporter une touche comique qui ne prend pas, le reste du long métrage permet d'apprécier le talent déjà palpable du réalisateur. Si l'on peut regretter que le coupable soit facile à identifier (on le reconnaît même lors des meurtres, si l'on y prête attention, la caméra ne prenant pas la peine de dissimuler complètement son visage), le plaisir que l'on prend à visionner ce thriller n'en est pas pour autant altéré. Après deux premiers films tombés dans l'oubli, Coppola commence à se faire un nom, même si l'ombre du grand Hitchcock plane fortement sur ce "Dementia 13". Mais le film est littéralement porté par ses acteurs, son cadre gothique, et une musique accentuant magistralement le climat de malaise planant sur le film. Une partition signée du talentueux Ronald Stein, connu autant pour sa contribution envers la SF dans les années 1950 ("It Conquered the World", "L'attaque de la femme de 50 pieds"...) que pour ses collaborations nombreuses avec Corman ("Not of this Earth", "Attack of the Crab Monsters", "La dernière femme sur Terre", "L'enterré vivant", "La malédiction d'Arkham"). A écouter la bande originale de "Dementia 13", on se dit que Danny Elfman a été probablement influencé par Ronald Stein.

 

 

En résumé, l'association Corman/Coppola/Hill s'avère fructueuse, et démontre qu'avec peu de moyens et du savoir faire, on était capables de réaliser des films de qualité. Pas d'effets spéciaux, tout repose sur la composition des acteurs, un décor réduit mais savamment exploité, et une histoire qui, bien que classique et sans réelle surprise, parvient à tenir le spectateur en éveil jusqu'à la fin.

Flint


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