White Zombie
Genre: Zombie , Horreur
Année: 1932
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Victor Halperin
Casting:
Bela Lugosi, Madge Bellamy, Joseph Cawthorn, Robert Frazer, John Harron...
 

Madge "Madeleine" Bellamy part se marier aux Antilles avec Neil, son bien-aimé. Leur hôte, Charles Beaumont, est amoureux de cette dernière, et, peu de temps après leur arrivée, lui demande sa main. Après qu'elle s'y soit fermement opposée et triste prétendant qu'il est, il s'en va alors quérir de l'aide auprès de Legendre, sorcier vaudou ayant entre ses mains une sympathique équipe de zombies. Ce dernier ne voit qu'une seule solution: faire passer Madeleine pour morte en l'endormant à l'aide d'un filtre, puis tuer son futur époux. Ensuite, elle serait à la merci de son admirateur, Charles...

 

 

En 1931, alors que la dernière brique de l'Empire State Building vient d'être posée, les premiers bambins d'un genre nouveau se mettent à arpenter les salles obscures. Les Studios Universal, dirigés en ce temps par le jeunot Carl Laemmle (tout juste 22 ans), produisent en effet deux films appartenant au "fantastique" ("Frankenstein" de James Whale et "Dracula" de Tod Browning), qui, marquant non seulement les spectateurs de par leur indéniable qualité, lancent une mode et bien plus encore: un genre à part entière. Le ton étant donné, la vague va alors toucher plusieurs maisons de productions qui s'y investiront corps et âmes, faisant ainsi baver d’impatience à chaque nouvelle mise en chantier annoncée, une poignée de spectateurs passionnés par nos amis les monstres. Mais, pendant ce temps, la Halperin Productions, petite société sans succès produisant jadis des films muets, va réaliser, en seulement onze jours, White Zombie. En Guest Star, un Bela Lugosi quelque peu renié par la Universal; en Director, Victor Halperin, qui devient ainsi le premier réalisateur de film à caractère "zombinesque".

 


White Zombie est reconnu -officiellement- comme le tout premier film nous causant de zombinesqueries ("Le Cabinet du Docteur Caligari" n'en est pas exactement un mais s'en rapproche, la différence résidant essentiellement dans le fait qu'il y est question d'un somnambule et non d'un zombie). Néanmoins, les zombies en question n'y sont pas évoqués de la même manière que le fera un certain George A.Romero (même pas né en ce temps !) plus de trente ans après. Non, ici il est plutôt question d'un retour quasi-primitif à leur origine la plus populaire: la mythologie vaudou. Ces derniers y sont contrôlés par un seul et unique homme/sorcier (Bela Lugosi) et ne déambulent pas de leur propre chef.

Dans cette ambiance éprise de magie et autres incantations, la pellicule de White Zombie s'immortalise grâce à un élément un peu inattendu: la poésie. La place qu'elle occupe est primordiale, notamment grâce à l'aide ô combien talentueuse que lui apporte Dame Photographie. D'une profondeur sublime et mettant en valeur le moindre détail, son noir et blanc a ainsi su magnifier le visage de Madge Bellamy : une blancheur quasi lunaire contrastant avec de sombres décors et personnages. Cet idéal même de la "créature de rêve" que le héros se doit d'aller sauver se distingue de cette manière à chacune de ses apparitions, accentuant alors l'importance qu'elle a aux yeux des protagonistes. Mais, cette présence céleste est des plus contradictoires car, aussi surprenant que cela puisse être, elle incarne LE premier mort-vivant de l'histoire du cinéma. Elle passe en effet par les stades vivant/mort/enterré et s'impose comme tel. Le number one des zombies à s'balader sur la toile blanche fut donc une femme, et on la regardait les yeux grands comme ça.

 

 

Cette mise en avant et en valeur de ce personnage ne serait pas aussi importante et remarquable si l'on ne mentionnait pas les décors. Ces derniers proviennent justement des Dracula et Frankenstein à l'origine de tout ce remue-ménage. Les intérieurs ainsi que les lointains, très carton-pâte, donnent un aspect très onirique à l'ensemble (la technique du mate painting y est très bien utilisée). Le profil d'un "conte" à caractère universel se fait ainsi sentir, et s'impose, au fur et à mesure que l'histoire avance, comme essentiel à la création d'une imagerie propre au film. Et, puisque tout conte possède son héros, le nôtre, Neil, y est parfait. Apercevant sa chère et tendre prisonnière en haut d'une tour, combattant des zombies au bord de remparts bordés par une mer déchaînée, bref, il contribue plutôt bien à faire du film une véritable "aventure" aux échos "épiques".

Au delà de cette poésie horrifique, on ne pourra ignorer la plupart des défauts du film. Le jeu des acteurs n'est pas toujours très précis (à l’exception de Bela Lugosi, qui compose encore une bien belle prestation), des baisses de rythme en sa moitié et avant le dénouement final se font sentir, et quelques effets restent un peu cheap (même pour l'époque). Néanmoins, tout cela n'entrave en rien le métrage ainsi qu’à son humour, présent tout du long (notamment grâce au personnage du Dr Bruner interprété par Joseph Cawthorn), insistant sur le côté "tout public" du film.

La chose la plus importante restant à signaler est que les codes du film de zombinard prennent ici vie pour la première fois. Ne restant pas aussi achevés qu'ils ont pu l'être chez d'autres, ils s'y manifestent, pointant le bout de leur nez entre les solides épaules d'une Bela Lugosi's band of Zombies du plus bel apparat. Cette impression de grande première (une sorte de dépucelage putride) se fait sans cesse sentir, décuplant alors la magie originelle émanant de la projection de cette œuvre naïve et jouissive, dont on cause depuis le 4 août 1932.

 

 

En fin de compte, White Zombie est un film possédé par un sorcier vaudou, une sorte de bobine zombifiée ayant traversé le siècle dernier pour se présenter comme la digne "mère" d'un genre devenu grand. Bref, coquin qu'il est, ce dernier arrive maintenant à un âge où il devrait peut être penser un peu plus à son aînée, qui, malgré ses défauts, avait tout compris.

 

The Hard

 

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