Adae

 

Editeur : Interkeltia

Collection : ProjeXion SF

Auteur : Xavier Daniel et Bertrand Bouton

Date de sortie : 2008

Nbre de pages : 280

 

 

 

03

 

Je déambulai au hasard des rues en proie à un malaise croissant, repoussant sans cesse le moment de rentrer.

Et puis, la nuit tombant, je trouvai quelque réconfort dans son obscurité et glanai en moi suffisamment de courage pour traîner mon pas lourd vers l'appartement du père de ma bien aimée. Ce dernier m'avait solennellement remis un trousseau de clés à Noël.

- Paul, depuis trois ans que tu fréquentes Lucie, je n'ai eu qu'à louer ta gentillesse et ton honnêteté. Je te considère désormais comme faisant partie de la famille et à ce titre voici les clés de l'appartement. Tu es ici chez toi. Que cette modeste demeure soit pour toi un havre de paix. Et, s'il te plaît, appelle-moi Christian.

Après ce que je venais de vivre dans le métro ces paroles résonnaient étrangement dans mon esprit. Je me demandai s'il s'agissait bien de la même personne, "gentille et honnête", qui avait assisté sans rien faire, pleinement consciente de sa lâcheté, à l'agression d'un type dans défense. Se découvrir ainsi était révoltant. Mais quoi… J'étais informé de dizaines d'horreurs qui se passaient chaque jour dans le monde, j'étais témoin dans mon quotidien de la souffrance humaine et de l'indifférence générale sans me mobiliser pour autant. Pourquoi devrais-je soudain me sentir coupable de mon inaction ?

Complètement démoralisé, je poussai la porte d'entrée et me rendis directement dans la chambre de Lucie transformée en atelier d'artiste. Il y régnait un capharnaüm indescriptible, surtout depuis qu'elle bossait sur son mémoire dont le thème était la représentation symbolique chez les peuples premiers. Des bouquins étaient grands ouverts sur sa table à dessin, d'autres étaient empilés sur le sol au milieu d'un tas de revues.

Lucie resta le nez collé à l'écran de l'ordinateur manifestement très occupé à surfer sur Internet. Je jetai les journaux sur le divan et m'assis à côté d'elle sans un mot ruminant ma détresse intérieure. Elle lança le moteur de recherche après avoir inscrit une série de mots clés : symboles + Afrique + Antiquité, et se leva en me décochant un regard dans lequel je décelai colère et lassitude. Merde me dis-je, qu'ai-je encore fait ?

Elle se roula prestement un joint, tira une longue bouffée puis, d'une voix très douce, elle me dit : "Tu devais venir me chercher à la fac cet après-midi ".

Je la regardai avec des yeux arrondis par la surprise, puis tout me revint en mémoire dans un flash incroyable : j'avais débauché plus tôt parce que j'avais promis à Lucie d'aller faire quelques courses avec elle. Quel con !

Je ne me démontais pourtant pas.

- Je ne pouvais pas venir te chercher, je n'ai pas pris la voiture aujourd'hui.

- Tu aurais pu appeler, les portables ne sont pas faits pour les chiens.

Evidemment j'étais en tort à deux cents pour-cent, mais elle aurait pu se rendre compte que j'allais mal. Une sourde colère m'emplissait. Je m'obstinais.

- Tu sais bien que le portable ce n'est pas trop mon truc. Avec ces ondes qui traînent, tous ces machins qu'on ne maîtrise pas.

- Ne te fous pas de moi en plus ! Tu aurais pu appeler du boulot. Je ne sais pas pourquoi tu n'es pas venu, mais tu pourrais au moins assumer si tu ne veux pas t'excuser. C'est un peu facile d'oublier… C'est comme les étagères que tu avais promis de poser et qui traînent toujours au milieu du passage… J'ai eu une journée assez éprouvante comme ça. Et il faut que je termine mes recherches Internet, sans compter les flyers pour le prochain forum.

Je remarquai, amer, que Lucie était plus préoccupée de sauver le monde que de me sauver, moi, de ma déprime.

J'explosai. Je donnais un coup de pied contre le bureau et la chaise à roulettes sur laquelle j'étais assis alla s'écraser contre le mur opposé. Je lâchais un fabuleux : "Fais chier ! " qui résonna dans tout l'appartement.

Lucie posa son joint dans le cendrier et glissa dans ma direction comme un derviche tourneur. Elle s'assit sur mes genoux, m'enlaça tendrement et me susurra dans le creux de l'oreille.

- Qu'est-ce que tu as mon petit Paulo ? Tu as l'air bizarre, tout chiffonné.

Dans les bras rassurants de ma douce je pouvais enfin me laisser aller et lui raconter toute l'histoire. Il se peut que j'aie omis l'épisode Sarah et que je m'en sois tenu à la mésaventure dans le métro, mais je n'ai pas édulcoré ma lâcheté.

Dans un premier temps, Lucie fut très compréhensive et me consola du mieux qu'elle put. Elle ne se retint pourtant pas de me faire la leçon lorsqu'elle s'aperçut que je m'étais un peu calmé.

- Tu aurais dû réagir. Toutes les personnes présentes auraient dû agir. Tu me dis qu'une femme a tenté d'intervenir. Si seulement deux d'entre vous l'avaient soutenue immédiatement, les choses auraient pu changer.

J'écartai les bras pour lui signifier mon impuissance.

- Mais Lucie, je ne sais pas me battre.


Acte manqué : terme de psychanalyse, réaction inadaptée à une situation. Conséquence de l'opposition mentale entre réalité des faits et censure de l'inconscient, entre empathie et égocentrisme.


- Qui te parle de te battre ? L'intention et la détermination sont souvent suffisantes pour faire plier la loi du plus fort à la loi de la sagesse. Tu aurais dû avoir le réflexe de lui venir en aide.

Mais oui, bien sûr ! C'est toujours plus facile d'en parler après, surtout si ce n'est pas vous qui êtes confronté au problème. Je n'étais pas certain d'oublier facilement cet épisode peu glorieux de ma vie mais d'en avoir parlé me soulagea sur le moment. Je serrai très fort Lucie entre mes bras et l'embrassai goulûment.

Après m'avoir rendu le baiser, et alors que mes mains commençaient à se promener sur ses formes, elle se dégagea doucement en m'expliquant qu'elle avait encore du boulot. Elle revint se placer devant l'ordinateur et cliqua sur la souris pour actualiser une page qu'elle venait de sélectionner.

Une série de photos montrant l'intérieur d'une salle dont les parois étaient couvertes de peintures et de dessins s'affichèrent à l'écran. Je m'approchai, curieux.

- Qu'est-ce que ça représente ?

- Je le découvre comme toi... On dirait des animaux, comme à Lascaux… Il y a des plantes également...

Une des images montrait un bestiaire insolite auquel se mêlaient insectes et végétaux. Au centre de cette fresque, gravé dans la roche, un entrelacs de lignes entourait une série de symboles.

- On dirait un cartouche égyptien qui flotte au milieu de la nature.

- Ce ne sont pas des hiéroglyphes, fis-je remarquer.

- C'est vrai mais graphiquement c'est très beau. Je n'ai jamais rien vu de tel.

Moi non plus et cela me fascinait, je pris la souris des mains de Lucie et cliquai avec curiosité sur les hyperliens à la recherche d'information supplémentaire.

Je lus : Découverte archéologique au soudan. Un lieu sacré a été récemment mis à jour sous une nécropole nubienne, au sud de la troisième cataracte, là où s'établissait l'antique royaume de Kerma.

Ces noms firent écho dans ma mémoire et je me souvins de l'article dans le journal. J'allai m'en saisir lorsque Lucie me plaqua sur le divan.

- Qu'est-ce qui t'arrive soudain ? me dit-elle, tu n'as plus envie de moi ?

Je pensai à ce qu'elle m'avait dit à propos de sa charge de travail et, tout en me laissant déshabiller, je décidai que je ne comprendrais jamais rien aux femmes.

 

***


Au même moment, dans une maison isolée du Montana.

 

Le vieil homme contemplait l'écran de son ordinateur d'un air incrédule. Il agrandit la photo des symboles à la limite de la pixellisation, saisit son cahier jauni par le temps qui ne le quittait jamais et compara les deux images. Elles étaient en tous points semblables. Il entama le processus de téléchargement tandis que des larmes coulaient sur ses joues. Il ôta ses lunettes pour s'essuyer les yeux lorsqu'il aperçut l'alerte sur l'écran de son moniteur : unknown system searching. Il débrancha à la hâte le câble de connexion de son modem sans prendre le temps de vérifier la fin du téléchargement. Il resta un long moment le regard perdu dans le vide en se demandant s'il n'était pas trop tard.


Dans un bureau pour le moment vide d'un bâtiment appartenant au F.B.I. un ordinateur sortit de sa veille. Un message s'inscrivit sur l'écran et commença à clignoter : … File n° 010089 J.S. … Connect… Connect… Connect… Connect… Connect… Connect… Connect…


Fuite : 1. Révélation illicite d'information confidentielle, divulgation. 2. Action de fuir, de se dérober à quelque chose de pénible pour le physique, ou pour l'ego.

"Les drogues, autorisées ou non, l'abus de télévision, de jeux vidéo ou de grasses matinées, la consommation à outrance, le fanatisme sous toutes ses formes, sont autant de labyrinthes dans lesquels l'humain s'égare" Glen Diz Lingaminni

Cerveau limbique


04

 

Siège de l'hebdomadaire "La Terre", secrétariat de direction, samedi matin.

Jeanne finissait de mettre le courrier sous enveloppe lorsque le téléphone sonna.

- Journal "La Terre ", que puis-je pour vous ? dit-elle de sa plus belle voix.

- Ici, le service des télégrammes, Madame. J'ai un message urgent pour Georges Brüssel…

- Il est absent, mais je vais le prendre pour lui… Où est mon stylo ?… Voilà, je vous écoute.

- A l'attention de Georges Brüssel - Urgent - Découverte Kerma fondamentale - Risque de rétention d'informations - Vigilance - Signé : J.C. pour Hénok.

- C'est tout ?

- Oui Madame, au revoir.

Jeanne raccrocha et contempla un moment le télégramme en fronçant les sourcils : Qu'est-ce que son patron était encore en train de trafiquer ?


***

 

Lieu non déterminé, même jour.

 

Ses pas résonnaient bruyamment sur les pavés grossiers alors que son hôte semblait glisser dans le froufroutement de sa robe de bure. Dans ce lieu, le silence était la règle, le calme et la tranquillité la condition nécessaire à la prière et à la méditation. Même en faisant fi de l'habillement, il était évident qu'il n'était pas de ce monde. Le portable vibrant dans sa poche en apporta confirmation si besoin était.

Il décrocha sans se soucier de troubler la quiétude du lieu.

- Qu'est-ce que tu veux ?… Qui ça ?!… Jonathan Shester !… Oui, je vois qui c'est, ça ne date pas d'hier… Ok, mettez en place la surveillance active… Très bien, je te rappelle.

D'un geste dénotant d'une grande habitude, il referma le clapet de son portable et le rempocha. Le moine n'avait pas bronché, il tourna au coin du mur et s'arrêta devant la porte d'une cellule sans aucune marque particulière. Une porte en bois massif, vieille comme l'édifice, qui ressemblait en tous points à celles qui jalonnaient le cloître. Le religieux cogna deux fois avant d'actionner la poignée et de pousser le battant qui s'ouvrit en grinçant légèrement. Puis il hocha la tête en signe de salut et disparut dans un couloir adjacent. Il n'avait pas dit un mot depuis qu'il l'avait introduit dans le monastère. Vœux de silence pensa t-il rêveur, comme c'était pratique pour alimenter le mystère et préserver les secrets.

Il s'avança dans l'embrasure et retint une exclamation de surprise. La pièce n'avait rien d'une cellule ordinaire, froide et austère. Elle était certes exiguë et avait pour seule ouverture une lucarne, plus qu'une fenêtre, donnant sur le jardin, mais elle était décorée avec goût c'est-à-dire, suivant ses propres critères, richement. Un lustre en cristal était suspendu au-dessus d'une table basse en bois précieux, acajou lui semblait-il, encadré par deux fauteuils club à l'aspect fort confortable, recouverts d'un velours lie de vin et posés sur un tapis aux motifs orientaux. Dans le coin sur sa gauche un ordinateur dernier cri était posé sur un petit bureau. Son œil expert nota les périphériques associés ainsi que leur fonction, c'était du matériel de professionnel, il était en terrain connu. Sur le mur opposé, un tableau à dominante bleue, impressionniste, attira son attention.

- C'est un Renoir, dit l'homme assis dans un des fauteuils lui tournant le dos.

Celui-ci posa son livre sur la table et se leva sans se retourner, admirant la peinture.

- La baigneuse au miroir, murmura t-il.

- Je ne connais pas ce tableau, fit remarquer le nouveau venu.

- Personne ne connaît cette œuvre, à part moi-même et les rares privilégiés à qui je donne rendez-vous ici, révéla l'homme en se tournant enfin.

Il portait un élégant costume signé d'un grand couturier parisien et paraissait bien jeune pour assumer les responsabilités qu'une telle débauche de moyen ainsi que sa fonction laissait entrevoir. Il tendit la main d'un air enjoué.

- Je suis Karl. Et vous êtes Jeffrey n'est-ce pas ? Mettez-vous à l'aise je vous en prie.

L'autre secoua la main en acquiesçant puis se défit de sa veste qu'il accrocha à la patère derrière la porte, se faisant il dévoila le holster sous son bras droit.

- Vous ne portez pas d'automatique ? demanda l'homme sans marquer plus de surprise que ça.

- Je préfère les bons vieux colts. Celui-ci est un Smith et Wesson 9 mm, fabriqué sur mesure, avec un barillet de sept balles.

- Intéressant.

- Je doute cependant que vous m'ayez fait venir jusqu'ici pour parler peinture ou flingue.

Il y avait une pointe d'autoritarisme dans la voix de Jeffrey, c'était quelqu'un qui avait l'habitude de commander et dont les ordres ne pouvaient être discutés. C'était également un homme d'expérience, cela se lisait sur les rides de son visage. Karl sourit, l'invita à s'asseoir et ouvrit un petit placard aménagé dans une niche qui devait à l'origine abriter un saint quelconque.

- Cigares ? Whisky ?

Jeffrey accepta les deux avant de se laisser tomber dans le fauteuil accueillant.

Un pur malt vingt ans d'âge dans une main, un Roméo et Juliette numéro quatre dans l'autre, Jeffrey se sentait parfaitement détendu.

- Alors, s'exclama t-il, qu'est-ce que je peux faire pour votre service ?

Karl était resté debout, ce qui pour Jeffrey était le signe évident d'une tension nerveuse, un peu jeune le garçon. Ce dernier suçota son whisky pour la forme avant de poser le verre sur la table et de se lancer.

- Vous êtes bien placé pour savoir qu'une découverte archéologique importante a été faite au Soudan.

Bingo se dit Jeffrey qui subodorait que Kerma allait être à l'ordre du jour depuis que son patron l'avait envoyé dans ce trou.

- En effet, l'institut est partie prenante dans cette affaire.

- Il se trouve que l'organisation pour laquelle je travaille s'inquiète du battage médiatique qui a été fait autour de cette trouvaille pour le moins inattendue.

Jeffrey tira négligemment sur son cigare et exhala la fumée en s'efforçant de faire un rond le plus parfait possible avant de répondre.

- Quand vous parlez de battage médiatique, j'imagine que vous faites allusion à ces soudaines manifestations populaires. Elles ont surpris tout le monde vous savez. Nous nous en serions bien passés.

Karl faisait à présent les cent pas, dans un espace aussi petit cela donnait le tournis à Jeffrey qui se demandait si l'autre avait conscience d'exposer aussi clairement ses émotions. Quelle proie facile il ferait.

- Elles ne seraient pas une gêne, finit par dire Karl, s'il n'y avait certaines rumeurs concernant des graffitis trouvés dans la salle.

Nous y voilà ! Jeffrey savait comment recueillir des informations, pour enquêter, espionner, manipuler, faire pression. C'était son boulot depuis si longtemps. Mais il était toujours fasciné par la rapidité avec laquelle les données censées demeurer secrètes circulaient d'un bout à l'autre de la planète. Il ne laissa bien entendu rien transparaître de ses réflexions lorsqu'il répondit.

- Ce ne sont que des rumeurs, je n'en ai pas eu personnellement confirmation, mais si tel était le cas je ne pourrais pas vous en parler de toute façon.

- Je comprends, je ne cherche pas du reste à vous soutirer des informations que vous ne souhaiteriez ou ne pourriez dévoiler.

Au ton de sa voix Jeffrey eut l'impression que Karl s'excusait presque. Quelle honte pensa t-il, prenant sur lui pour masquer son mépris tandis que je jeunot poursuivait.

- Cependant, dans le cas où ces rumeurs s'avéreraient fondées, nous aimerions savoir quelles mesures vous seriez susceptible de prendre.

Jeffrey était à peu près sûr que s'il faisait mine de dégainer en lui faisant : "Bouh !" l'autre aurait une attaque sur le champ. Il daigna cependant faire preuve de magnanimité en répondant à son interrogation. Il comprenait parfaitement les inquiétudes légitimes que pourraient soulever, au sein des différentes autorités religieuses, des révélations sur l'identité des auteurs des graffitis.

- Je suis également tenu à une réserve à ce sujet, mais je pense pouvoir vous dire qu'il n'est pas dans nos intentions d'en faire étalage sur la voie publique. Il est des informations qu'il faut manier avec précaution car elles pourraient causer plus de confusion qu'il n'est nécessaire.

Karl fut visiblement soulagé. Le changement était incroyable. On aurait dit qu'un ballon tendu à l'extrême, prêt à exploser, venait de se dégonfler d'un coup. Il s'assit en face de Jeffrey et saisit son verre auquel il n'avait plus touché depuis le début de la discussion.

- Je vois que nous nous comprenons. Il est parfois bon de ne pas brusquer les choses et de se conformer à l'ordre établi de tout temps. Il leva son whisky pour porter un toast. Chaque chose à sa place, ainsi bêtes et gens sont bien gardés.

- Je ne le dirais pas comme ça mais cela revient au même je présume, fit Jeffrey levant son verre à son tour.

Il le vida d'un trait, attrapa la bouteille posée au milieu de la table et se resservit copieusement avant que l'autre n'ait pu exprimer la moindre remarque. Jeffrey ne pensait pas que Karl eût les moyens de la ramener de toute façon. Il fit tourner le liquide dans le verre pour en faire ressortir les arômes et contempla son cigare avec un grand sourire. Il entamait à peine la partie divine.

 

A propos de cet extrait:

 

- Site de l'éditeur: http://www.interkeltia.com/

 

(Copyright Interkeltia/ Xavier Daniel et Bertrand Bouton, extrait diffusé avec l'autorisation de l'éditeur)