Autour de Londres

 

 

 

 

Auteur : Lydie Blaizot

Illustrateur : Lydie Blaizot

Editeur : Editions du petit caveau

Collection : Collection: Sang de Brume

Date de sortie : Mai 2011

Nombre de pages: 200

 

 

Jedediah Meakham observait ses subordonnés avec un mélange de surprise et de satisfaction. Ce qu'ils venaient de lui apprendre n'était pas bon signe, mais ce n'était pas cela qui provoquait cette réaction. Il avait sous les yeux un groupe. Un trio étonnant, aux caractères franchement divergents, mais qui semblait avoir déjà acquis un équilibre alors qu'il était à peine constitué. Par expérience, le chef de la Maison de Londres savait que cela déboucherait sur une formation définitive car les vampires trouvaient rarement chaussure à leur pied : ils étaient des solitaires avant tout. Lorsque ceci arrivait, il s'agissait toujours d'une décision pérenne. Jedediah pouvait être content : un groupe était toujours beaucoup plus efficace que des individus isolés. Même Hubert, qu'il voyait pour la première fois depuis sa transformation, paraissait déjà à l'aise et moins dépressif que lorsque ses homologues l'avaient ramené. Il se frotta le menton, curieux de savoir s'ils étaient conscients de ce qui était en train de se produire et, finalement, se décida à prendre la parole.

— "Que croyez-vous qu'il convienne de faire ?

— Nous n'avons pas le choix : il faut interroger les Harrington." répondit Ruppert. "Le risque est considérable, mais nous devons découvrir pourquoi monsieur McAndrews est mort. Cette banque est d'une importance capitale pour nous, la quête de la vérité est indispensable. Nous ne pouvons nous permettre de laisser la police dénouer l'affaire, si toutefois elle y parvient."

Arthur et Hubert se contentèrent de valider les propos de leur compagnon, ce qui amena leur supérieur à lâcher un commentaire très inattendu.

— "Vous me faites penser aux mousquetaires du roi." Il sourit, pensif. "Je crois que je vais vous appeler ainsi, dorénavant. Les trois mousquetaires.

— Bonté divine ! s'exclama Ruppert.

— De quoi parlez-vous ? s'étonna Hubert.

— C'est idiot : je n'ai pas d'épée." bougonna Arthur.

Jedediah éclata simplement de rire et le trio demeura silencieux pendant que leur supérieur déversait son hilarité sans aucune retenue. Il finit par réussir à se calmer et les autorisa à s'attaquer aux Harrington, avec la consigne de les ménager autant que faire se pouvait. Comme Ruppert l'avait si bien souligné, cette banque était un élément primordial pour leur organisation.

 

Ruppert, Arthur et Hubert étaient installés au petit salon, chez les Harrington, et réfléchissaient aux propos pour le moins étranges de Jedediah. Les deux plus âgés comprenaient vaguement où il avait voulu en venir, même s'ils n'avaient pas l'impression de pouvoir s'entendre au point de se côtoyer souvent ; mais le médecin, lui, était très perplexe. Il avait déjà du mal à admettre son nouvel état, alors comprendre des paroles aussi sibyllines était hors de sa portée. En revanche, pour le moment, ce n'était pas important : un étage plus haut, les deux hommes qu'ils venaient interroger discutaient à voix basse.

— "Le père se demande ce que nous venons chercher ici." souffla Hubert. 'Le fils est très nerveux, son pouls est très rapide." Il s'interrompit un instant. 'Ils descendent.

— Je me charge de les questionner." répondit aussitôt Ruppert. "Dès qu'ils seront ici, fouillez la maison et tâchez de trouver des éléments de réponse.

— Ils ne vont pas nous laisser faire !

— Je m'occupe de ce détail, n'ayez crainte."

Le médecin faillit ajouter quelque chose mais il se remémora l'étrange comportement du majordome de l'Opale et admit que le Lord pouvait à coup sûr remédier à la situation. Lorsque les Harrington pénètrent dans la pièce, Ruppert les salua poliment et s'excusa de cette visite tardive. Ils répondirent mécaniquement et prirent place sur un canapé. Ils avaient le regard dans le vague, comme s'ils ne voyaient pas leur entourage. Hubert et Arthur choisirent ce moment pour s'éclipser.

Ruppert tenait en son pouvoir les Harrington mais, avant de poser des questions, il prit soin de les observer. Si le père semblait en excellente forme, ce n'était pas le cas du fils : il était pâle, amaigri par rapport à leur dernière rencontre et ses mains tremblaient. Le Lord estima qu'il devait être drogué, à en croire les descriptions d'Hubert, et il décida de se concentrer sur lui.

— "'Pourquoi avoir invité monsieur McAndrews à l'Opale ? demanda-t-il doucement.

— Je devais lui parler en privé... le convaincre..." son visage se tordit d'anxiété. 'Il n'a rien voulu savoir..."

Ruppert n'eut pas le loisir de répliquer. Hubert, qui s'était intéressé dès le départ au vestiaire, revint au salon à grandes enjambées.

— "C'est pour cette raison que vous l'avez tué." fit-il, en colère.

Il tenait une canne et présenta son extrémité à John Harrington fils. Le Lord libéra alors les deux hommes et, le premier choc passé, leur suspect se mit à bafouiller, à bégayer, avant de s'enfermer dans un silence obstiné, le regard rivé au sol. Le médecin montra alors sa trouvaille au père.

 

 

A propos de ce livre :


 

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- Site de l'éditeur : http://www.editionsdupetitcaveau.com/index.php

 

 

(Copyright éditions du Petit Caveau /Lydie Blaizot , extrait diffusé avec l'autorisation de l'éditeur et des auteurs)