Maïa Mazaurette
Écrit par Vincent   

 

 

Interview réalisé le 27 mai 2010

 

 

Pour des raisons tout à fait personnelles (à savoir parler de www.mirinar.com... Oui, je sais, faire son auto-promo dès l'intro d'une interview, ce n'est pas très beau ; mais la vie n'est pas très belle), j'étais présent au festival des Imaginales, version 2010, à Épinal. Pluie, bières, bonne humeur, collégiens hystériques, discussions surréalistes. C'est à peu près comme ça que ça s'est passé.

Enfin, peu importe, ce texte est une introduction à une interview, et pas un message sur un blog. Laissez-moi donc recentrer un peu ma prose : j'ai profité de ce festival pour rencontrer Maïa Mazaurette, auteur des romans "Dehors les chiens, les infidèles" et "Rien ne nous survivra", tous deux édités chez Mnémos, du célèbre blog Sexe Actu, et d'une série de bandes-dessinées humoristiques illustrées par Arthur de Pins et publiées chez Fluide Glacial.

Sauf que comme je suis un gars "comme ça" (je ne sais pas moi-même ce que je veux dire par-là, mais peu nous importe), je ne lui ai parlé que de "Rien ne nous survivra", roman qui a eu sur moi l'effet d'un shoryuken dans la mâchoire. L'histoire d'un Paris dystopique dans lequel les "jeunes", comprendre tous ceux qui ont moins de 25 ans, livrent une croisade d'extermination contre les "vieux", comprendre tous ceux qui ont plus de 25 ans. Refus du passage à l'âge adulte, volonté de rester maître de son existence, quitte à mourir pour en être sûr… Au milieu de cette ville en ruines, le lecteur suit deux jeunes snipers, surnommés Silence et L'Immortel. Le premier est une légende parmi les rebelles adolescents, et le second se destine à en devenir une autre… en éliminant Silence. Tout ça sur fond d'un compte à rebours qui commence dès la première page, et qui va marquer la fin du conflit de façon radicale…

Roman étrange, rappelant souvent la sauvagerie urbaine d'un Ryu Murakami, parcouru de moments de grâce contemplative qui restent quelques secondes en suspens avant d'être balayés par une nouvelle tornade de balles et de gerbes de sang. Vision craquelée d'un avenir infernal poursuivant les pistes ouvertes dans notre présent.

Roman idéologique, aussi. Impression qui se renforce au fil de la lecture, et qui suscite un tas de questions chez le lecteur… Questions que, donc, j'ai posées à Maïa, et que voici ici.

Pfiouuu, c'était une longue intro.

Mais c'est aussi une longue interview.

 

 

Bonjour Maïa ! Tout d'abord, j'ai vu que "Rien ne nous survivra" était précédemment sorti sous le titre "Le pire est avenir", il y a quelques années...

 

Voilà, il est sorti en 2004, mais ça a été un peu bizarre comme sortie, c'était la grève des institutions publiques à ce moment-là, et le livre n'a jamais atteint les librairies ! Pourtant j'avais fait vachement de presse, j'étais passée à la télé et tout ça, pour un résultat qui s'est résumé à rien...

 

C'était ta première publication ?

 

Non non, j'avais déjà fait un premier roman, "Nos amis les hommes", mais qui est épuisé depuis un bout de temps… Donc "Le pire est avenir" c'était le deuxième, et c'était une vraie frustration, parce que c'était un livre sur lequel j'avais travaillé, et une histoire qui me tient vraiment à cœur, et de savoir qu'il n'était qu'à moitié sorti, je l'avais gardé un peu dans un coin de ma tête... Mais comme la maison d'édition s'est écroulée j'ai pu finalement récupérer les droits, et j'ai été libre de le publier à nouveau. Et c'est l'éditrice de Mnémos qui m'a proposé de le faire, après une réécriture complète.

 

Tu l'as réécrit entièrement ? Avec des changements de quelle nature ?

 

Il y a des changements dans le scénario, même si on garde les mêmes personnages principaux, la même trame... J'ai changé la fin, par contre ! Enfin, je l'ai rendue plus explicite, c'est la même, mais reformulée… J'ai supprimé des passages donnant la parole au camp d'en-face, aussi, parce que j'ai finalement trouvé que s'il fallait être cohérente et radicale par rapport au sujet, il ne fallait pas laisser la parole aux "vieux"... Également, les personnages des "théoriciens" étaient déjà là, mais pas en tant que personnages, donc ça, ça a changé... Donc oui, beaucoup de changements, et même s'il reste quelques morceaux de phrases de la première version, c'est vraiment pas grand-chose !

 

Et pourquoi t'as changé le titre ?

 

Parce qu'il n'avait pas été choisi par moi sur la première version, "Le pire est avenir", c'était une décision de l'éditeur avec laquelle j'ai jamais été à l'aise... Ça fait un peu jeu de mots... Mais bon, je voulais quand même que cet ancien titre soit présent sur la nouvelle couverture, pour ne pas que les quelques anciens lecteurs soient paumés et rachètent un livre qu'ils avaient déjà lu... C'est quand même les mêmes personnages dans la même guerre, et vu le prix du livre, ça aurait été bizarre de ne pas leur dire !

 

Et tu avais quel âge au moment de l'écriture ? Pour savoir si c'était un point de vue interne ou externe à la cause "jeune "...

 

Dix-neuf ans au moment de l'idée, vingt-quatre et demi lors de la première publication !

 

T'étais à la limite !

 

Oui mais justement, c'était parfait, là tu vois je pouvais dire "je publie mais je suis exactement dedans, je sais de quoi je parle" ! Et là, donc, je l'ai republié alors que j'ai trente ans... C'est bien, à peu près tous les cinq ans il y a une étape pour ce livre… Même si je ne compte pas le réécrire dans cinq ans !

 

Et tu le considères comment, ce livre ? Comme de l'anticipation, c'est-à-dire la peinture d'un avenir possible, ou comme une pure vision artistique ?

 

Bah c'est le problème… Il avait été publié la première fois en littérature générale. Là, pour la deuxième édition, j'ai un peu plus poussé le côté "fantastique", puisque ça rentre quand même dans une collection SF… Mais pour moi, la meilleure manière de définir le bouquin, ce serait de dire que c'est de la politique-fiction, avec certes une légère anticipation, mais je dis plutôt ça pour rassurer les lecteurs ! " Politique-fiction" ça fait peur, les gens se disent que ça va être hyper-chiant, alors que quand on lit Alain Damasio, pas avec "La horde des Contrevents" mais un autre roman de lui que j'ai lu il y a un mois, c'est de la politique-fiction géniale, avec de l'action, plein de choses... C'est un genre qui a beaucoup été utilisé dans les années soixante-dix, et que plus personne ne fait. Moi j'adore la politique, donc c'était logique !

 

Justement, concernant la politique... Dans le livre, les "jeunes", qui sont vus par les deux narrateurs Silence et L'Immortel, sont décrits comme des victimes, et se vivent d'ailleurs eux-mêmes ainsi, en victimes du système social, de la politique... Et je confesse que personnellement, ce n'est pas ce que je vois des jeunes en tant que masse, j'ai l'impression qu'ils ont un énorme pouvoir économique, que beaucoup de choses sont faites et pensées autour d'eux [Maïa Mazaurette écarquille les yeux]... Alors manipulés, oui, mais victimes, non, je ne vois pas ça...

 

Ha moi si, complètement ! Les théories des théoriciens dans le roman, c'est pas juste une vue de l'esprit ou quelque chose que j'aurais inventé, ce sont des choses que j'estime avoir vécues, je trouve qu'il y a une énorme discrimination anti-jeunes, qu'économiquement c'est la catastrophe, qu'au niveau de la représentation du pouvoir, des politiques, c'est désastreux... Donc les situations que je décris ne sont pas du tout fictives.

 

D'accord... Parce que j'avais justement lu, sur ton blog, un article intitulé "La colère est un problème de communication", et qui parlait de ça...

 

Oui, voilà, c'était le témoignage d'un épisode de ma vie qui n'a fait que me conforter dans mes opinions sur la question.

 

C'est intéressant, parce que je me demandais, pendant la lecture de "Rien ne nous survivra", si toutes les théories développées autour du clivage "vieux/jeunes" étaient un point de vue personnel, ce que tu viens de confirmer, ou si c'était une réflexion sur la tendance victimaire d'une certaine partie des adolescents...

 

Non, quand j'écris un bouquin, j'ai besoin que les idées soient là au début, sinon je ne serais pas capable de l'écrire. Je ne suis généralement pas super amoureuse de mes personnages ou de mes situations, c'est plutôt les idées qui me poussent, donc voilà, dans « Rien ne nous survivra », je décris une situation pour moi complètement réelle. Je suis très premier degré, en fait ! Et c'est marrant parce qu'il y a plein de gens qui ont un peu balayé de la main cette colère, comme si c'était juste une facilité scénaristique...

 

C'est également ce que j'ai pensé au début, avant de me dire qu'en fait, tu semblais vraiment adhérer aux théories des "jeunes"...

 

Ah mais ouais ouais, carrément... En fait il y a pas mal de gens qui ont une sorte de stratégie d'évitement, en se disant "Ahlala, quel second degré incroyable !", alors que je suis sérieuse, moi, en fait ! Bon, après voilà, il y a des choses que je dis pour rassurer un peu les professeurs : hier, j'ai reçu le Prix des Lycéens, ils me questionnaient par rapport au message du roman, et j'ai répondu qu'en tant que jeunes je leur conseillais la vigilance, mais qu'en tant que personnes âgées, quand on leur coupera la retraite ou les soins parce qu'ils coûteront trop cher à la sécurité sociale, il leur faudra être vigilants à ce moment-là aussi. Parce que ce sera aussi des questions d'âge... En plus, je ne suis même pas forcément contre l'âgisme, ce serait absurde de ne jamais prendre en compte le fait que certaines personnes sont plus âgées que toi et ont certains réflexes. Mais par contre, je trouve qu'on traite les jeunes comme des débiles mentaux, qu'ils ne sont pas. Du tout. Ça m'a terrifiée quand j'étais plus jeune. Même si maintenant, en tant que trentenaire, c'est plus facile pour moi : je ne fais pas encore partie des gens qu'on n'embauchera plus, et je ne fais plus partie des gens qu'on n'embauche pas encore ! C'est la stase où tout se passe bien... Mais je n'oublie pas à quel point ce fut galère, et à quel point ça a l'air de ne pas s'arranger.

 

Ma question suivante poursuit un peu cette réflexion autour des jeunes... Avant l'action du roman, tu écris que l'unité entre jeunes a été, si ce n'est parfaite, au moins efficace et durable, qu'ils ont réussi à faire front ensemble pour mener cette révolte. Or, pendant tout le roman, et ce dès le début, ce front explose sans cesse, chaque faction se retournant contre les autres... Et puis il y a cette histoire d'amour entre L'Immortel et son amie qui meurt dès les premiers chapitres... C'est un tableau complètement nihiliste, ou est-ce que toi tu y vois encore de l'espoir ?

 

Honnêtement c'est parce que ça fonctionnait mieux dans l'histoire, c'était plus joli, et quand on écrit des livres, c'est quand même pour que le lecteur y prenne un maximum de plaisir ! Mais c'est pas... Enfin, certaines personnes pensent que je disqualifie d'office la révolte ou la révolution comme mode d'action sous prétexte que dans mon livre elle ne fonctionne pas... Or je ne pense pas que toute révolution doit être un échec. Effectivement il y en a plein qui ont raté, mais j'attends toujours le retour des communistes sans qu'ils se plantent, ça me ferait plaisir de voir ça ! Donc non, c'est pas du nihilisme, c'est juste de l'intensité dramatique, y'a plein de manière de la faire exister... L'une d'entre elles est d'avoir cet espèce de décompte pendant tout le livre, qui n'est qu'une mise à mort du début à la fin. Alors si j'avais fait une pirouette finale du genre "Tout le monde se réconcilie", j'aurais trahi le lecteur et mon histoire. Mais ça ne veut pas dire que je pense que toute contestation, politique ou par les armes, soit vouée à l'échec.

 

Au sujet de l'intensité dramatique, il y a également le fait que le personnage de Silence soit asexué dans le livre : on ne sait jamais s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. Quelle est la motivation de ce choix ? Une volonté de le mythologiser ? D'accentuer l'identification pour le lecteur, qu'il soit masculin ou féminin ? Ou peut-être... Enfin, là je vais parler un peu de ma lecture, mais pour moi, Silence était un homme, même si aucun indice objectif n'est donné. Et je me suis demandé si, étant donné que le livre développe une volonté de possession, entre autres sexuelle, de L'Immortel envers Silence, il ne pouvait pas aussi s'agir, de ton côté, d'une envie de traiter en filigrane du désir homosexuel ?

 

Alors, pour te répondre dans l'ordre : oui, oui et oui, mais il y a une quatrième raison qui est la plus importante ! Alors oui, on a besoin dans le scénario que tout le monde idolâtre Silence, et c'est plus facile d'idolâtrer quelqu'un qui reste distant, c'est un peu l'effet Marlène Dietrich, ces grandes stars qui ne répondent jamais aux questions... Sur le deuxième point, l'identification avec le lecteur... Bon, c'est pas systématique, tu le prouves, mais généralement les garçons pensent que Silence est une fille, parce qu'ils fantasment dessus, et les filles pensent que Silence est un garçon ; mêmes causes mêmes conséquences. Mais tout ça, ce ne sont pas les raisons pour lesquelles Silence n'a pas de sexe ; enfin, ça en fait partie, mais ce sont des épiphénomènes. La vraie raison, c'est que Silence est un personnage libre de tout, même de ses propres théories, un personnage qui peut s'empêtrer dans ses propres contradictions sans jamais se remettre en question. Un personnage d'une mauvaise foi redoutable, comme sa créatrice ! Or, on ne peut pas être libre si on a un sexe. C'est une réflexion que j'ai en tant que féministe, en tant qu'accro des théories queers et des "gender studies" : c'est une des choses que j'ai eues à dire aux lycéens que j'ai rencontrés et qui me disaient que je parlais des rapports entre jeunes et vieux. Ça c'est le message explicite, mais le message implicite du roman, c'est que si on veut être libre, il faut être libre de son corps. Et si on se lève le matin en se disant "je suis un mec, donc..." ou "je suis une fille, donc...", on ne sera jamais libre. Moi j'ai fais une croix depuis longtemps sur le fait de me définir ainsi. Ce qui fait que la question de l'orientation sexuelle de l'un ou de l'autre n'a absolument aucune importance. J'ajoute aussi que ce qui se pose comme question au sujet du sexe de Silence se pose aussi au sujet de la couleur de peau de L'Immortel, qui est plusieurs fois décrite comme très sombre. On ne sait pas s'il est blanc un peu bronzé, noir, maghrébin ou d'origine indienne... Les gens ont rarement vu ça, mais les deux personnages sont miroirs du fait de ne pas être définis.

 

J'avais justement une question en rapport à ça... Et dire que ça s'y rapporte, c'est déjà porter un jugement social, mais passons... Il y a une absence dans "Rien ne nous survivra" qui m'a interloqué : celle de ceux qu'on appelle les "jeunes de cité"...

 

Si, ils y sont, un moment !

 

Oui, il y a deux ou trois mentions, en effet, mais disons que dans le registre de la révolte jeune, depuis les émeutes de 2005, il me semble, peut-être parce que je vis en région parisienne, que c'est là, dans les "jeunes de banlieue", que se situent les plus grosses promesses de révolte violente… Et c'est vrai que cette quasi-absence de la problématique dans ton roman m'a sauté aux yeux.

 

Je viens de banlieue parisienne aussi, d'une banlieue qui n'a pas tourné hyper cool dans l'Essonne, donc j'ai grandi là-dedans et je vois bien le truc, simplement, j'en suis partie, je n'ai jamais voulu que sortir de ça. Mes parents, malheureusement, y vivent toujours, donc j'y retourne de temps en temps et je déteste ça... Et c'est peut-être un "oubli" parce que je n'avais pas envie d'en parler. Ça m'a assez gonflé dans ma vie, et si je pouvais ne plus jamais foutre les pieds en banlieue de ma vie, j'en serai assez ravie. Les problématiques des mecs de banlieue, ça va, je me les suis tapées pendant vingt ans, donc je vais pas écrire un bouquin pour parler de leurs petits soucis. En plus, je pense que ces personnes-là n'auraient pas une seule seconde les tripes nécessaires pour mener ce genre de lutte. Et ensuite je me ferais traiter de raciste ou de je ne sais pas trop quoi... Quand je dis des choses comme ça, les gens pensent tout de suite que je m'attaque à une catégorie de couleurs de peau...

 

Parce que c'est un sujet très sensible en France, les gens ont peur du sujet...

 

Je confirme... Donc voilà, pour te répondre, oubli volontaire. Ce que j'avais à dire de ce sujet tenait en deux lignes qui sont dans le livre. Par exemple sur le fait que ces gens-là ne tueraient pas leurs parents.

 

D'accord ! Et pour en revenir à ce qui est dans le roman, est-ce que tu as eu des problèmes, que ce soit avec ton éditeur ou avec tes proches, au sujet de la violence du propos ?

 

Non, pas du tout. C'est un joli sujet, sans vouloir me jeter des fleurs ! Mes premiers lecteurs sont des potes à moi qui sont très cruels, l'un est obsédé par la pureté linguistique et ne laisse pas passer la plus minuscule faute de frappe, et l'autre est obsédé par la pureté des idées ! Si j'ai le malheur de mettre un demi-cliché quelque part, je me paie un mail me rappelant la phrase "It was a dark and stormy night", qui est célèbre pour être le plus mauvais début de roman de tous les temps, et que je me prends dans la gueule à chaque fois que je peux être mièvre ou que je dis une évidence. Donc je pense que ces amis ne m'auraient pas loupée ! Et au-delà de ça, non, personne ne m'a jamais embêtée sur le propos du roman... En même temps c'est que des gens de mon âge ou plus jeunes, avec lesquels j'avais déjà discuté du problème. Donc non, il n'y a pas grand-monde que ça a fait chier, à part le gouvernement, comme je le racontais hier, qui m'a invité à un déjeuner de travail auquel on m'a sorti que la colère était un problème de marketing. Eux, ça les a fait bondir, mon propos. Mais autour de moi je n'ai personne qui pourrait être particulièrement choqué par ces idées. Mes parents n'ont pas lu le livre mais ils ne lisent pas tout ce que j'écris, loin de là... Globalement, les gens ont plutôt trouvé ça cool, comme idée. Je ne peux pas dire "Je me suis battue pour faire exister le livre" ! Pas du tout...

 

On en arrive à mes dernières questions... Tout d'abord, tu places "Rien ne nous survivra" dans quelle toile ? Avant l'interview je te parlais de l'écrivain Ryu Murakami, avec lequel je te trouve beaucoup de similitudes, mais est-ce que de ton côté tu as écrit ce livre avec des influences précises en tête ?

 

Oui, forcément, il y a déjà le roman "Spinoza encule Hegel", de Jean-Bernard Pouy, qui m'a vraiment marquée. C'est pourtant drôle, court, pêchu… Mais c'est aussi de la politique-fiction, on y revient, voire de la philosophie-fiction. Un beau texte. Également, au titre des influences, le jeu vidéo, mine de rien ! Pas forcément "Counter Strike", mais disons les FPS, les " first person shooters", auxquels je joue beaucoup... Ça peut aussi être des chansons : j'ai dû finir le livre dans des délais très compliqués, et j'ai passé trois mois à ne faire que ça, du matin au soir, en écoutant quasiment en boucle la même chanson de Sia, une artiste américaine, qui s'appelle "Soon we'll be found". À chaque fois que je l'entends, je peux directement voir Silence et L'Immortel se courser sur les toits d'immeubles ! C'est la bande-son du livre, même si les gens ne le savent pas. Parfois des lecteurs me disent "ouais, on sent bien que t'as vachement écouté les Deftones", alors que trop pas ! La chanson de Sia est assez douce, d'ailleurs. Triste. Mais bon, donc oui, également de multiples influences littéraires, mais de toute façon, je sais que je suis une éponge, je ne peux pas me vanter de faire un travail hyper radical ou original, je remixe mes lectures… Sinon des films, aussi, peut-être, comme "Stalingrad"... Des choses assez variées... Mais là on sort du livre, et c'est simplement ce que moi j'aime !

 

Dernière question un peu promo : ton actualité ?

 

En octobre nous aurons la sortie de "Dehors les chiens les infidèles" en poche ! Ce sera chez Folio SF. En même temps il y aura d'ailleurs un recueil pour les dix ans de l'éditeur, avec plusieurs auteurs dont moi. J'aime écrire des nouvelles, donc c'est cool ! Il va également y avoir "Pêchés mignons 4" en bande-dessinée, et puis l'an prochain je commence en parallèle une série pour les enfants dans le magazine "Spirou", chez Dupuis ! Et voilà, c'est tout... Pas grand-chose...

 

C'est déjà pas mal !

 

En ce moment j'essaie de gagner un peu de sous, donc je fais autre chose qu'écrire ! Donc pas d'immense actualité... Ha, si, également, "Rien ne nous survivra" va sortir en poche, chez Folio SF aussi ! Deux ans après la sortie, donc d'ici un an et demi. Je suis très contente, ça donne l'impression que ce livre est sauvé... je l'ai déjà repêché du sort compliqué qu'il a eu il y a cinq ans, et comme les livres ont une vie très courte en librairie, quand on arrive chez Folio SF, on sait que ça y est, le roman pourra exister durablement. C'est un soulagement énorme. Ce livre-là, c'est de loin ce que j'ai fait de plus personnel jusqu'à présent, c'est celui que je préfère, même si je sais qu'il est plein de défauts. Si je ne pouvais en sauver qu'un, ce serait celui-là. De très loin. Je sacrifie tous les autres pour lui, sans problème.

 

 

A propos de cette interview :

 

- Site de l'auteur : http://www.mazaurette.net/