Vincent Gessler
Écrit par Stegg   

 

 

Après le remarqué "Cygnis", Vincent Gessler est de retour avec un roman de Science-Fiction original : "Mimosa". A cette occasion, il a accepté de répondre à nos questions.

 

 

Bonjour ! Tout d'abord, merci d'accepter de répondre à quelques questions pour Psychovision. Je commence par une question classique, est-ce que vous pourriez vous présenter à nos lecteurs ?

 

Bonjour. Je m'appelle Vincent Gessler et je suis un auteur de SF francophone qui habite en Suisse. J'ai publié à ce jour deux romans : Cygnis et Mimosa.

 

 

Mimosa est donc votre second roman après le très remarqué Cygnis, est-ce que vous n'avez pas eu peur de l'attente autour de ce roman, surtout en revenant avec un univers aussi différent ?

 

A la sortie de Mimosa, un peu, oui, mais pas du tout au moment de l'écriture. J'ai commencé la rédaction de Mimosa en 2008 alors que Cygnis n'avait pas encore été accepté par L'Atalante, donc je ne me posais pas de questions. Quand j'ai découvert l'intérêt porté à Cygnis, cela m'a un peu déstabilisé, puis j'ai décidé de continuer comme si de rien n'était. Je suis content d'avoir pu présenter Mimosa car il reflète une autre partie de ma personnalité et de mes univers, complémentaire et différent de Cygnis.

Et mes personnages ont bien aimé l'aventure.

 

 

Parlons d'ailleurs de cet univers, comment-est-il né ? D'où vous est venu l'idée de ce monde où il faut être le sosie d'une célébrité pour exister ?

 

Cela s'est imposé dès les premières lignes, en décrivant un Ed Harris spécialiste en interfaces utilisateurs. A partir de là, et d'une séquence concernant un souvenir crypté où il est question de mimosas blancs, l'univers s'est développé spontanément, une scène en amenant une autre sans scénario préalable. Il y avait longtemps que j'avais envie de tenter cette expérience, d'écrire sans filet, ignorant même que cela donnerait un roman, sans savoir si cela fonctionnerait ni où j'irais.

La thématique de la mémoire s'est développée en spirales, les questions sur l'identité de Tessa, sur son passé, et ce motif : qui suis-je ?

 

 

Cette idée rejoint d'ailleurs le thème central du livre qui semble être la personnalité et l'individualité, ce qui fait de nous une personne. Est-ce ce thème qui vous a amené l'idée des sosies ou bien l'inverse ?

 

Au vu du type d'écriture spontanée, "inconsciente" d'une certaine manière, je pense que le motif des sosies et le thème sur l'identité ont émergé de pair, puisant à la source de mes questionnements sur le monde et l'être humain.

A la question "Qui vient avant : la poule ou l'œuf ?", je réponds "le laboratoire". Et je ne parle pas des ET, hein. C'est une métaphore !

Aujourd'hui, nous avons dépassé les contextes traditionnels sur les questions d'origine. On peut les reformuler à la lumière de notre culture, les réélaborer dans un imaginaire contemporain.

 

 

Pourquoi avoir choisi ce thème ? Il vous semble d'actualité avec les médias qui semblent de plus en plus nous dicter ce qu'on doit être ?

 

Ma démarche n'était pas aussi consciente. Disons que c'est dans l'air du temps, et donc un peu de tout ça, plus tout le reste.

 

 

A propos des sosies, il y a des personnalités que vous avez utilisées pour pouvoir leur régler leur compte ou bien leur déclarer votre amour ? Une envie de ressortir certaines célébrités que l'on ne voit plus ou d'en enterrer qu'on voit trop ?

 

J'ai procédé à certains règlements de comptes. C'était moins cher que d'engager de véritables anciens officiers des Spetsnaz, vous ne trouvez pas ? Et personne ne devrait trouver les corps, dans toutes ces pages…

N'oublions pas l'essentiel : l'hommage. L'image et l'énergie dégagées par certains artistes, comme Philippe Katerine ou Annie Lennox, ont irrigué ce récit car elles en étaient à la fois métaphore, inspiration, merci, dialectique.

 

 

Il y a également beaucoup d'humour dans Mimosa, de moments invraisemblables. Est-ce que ce côté parodique, parfois moqueur, est là pour atténuer un peu ce récit très violent ?

 

Je n'ai pas l'impression que ce récit soit particulièrement violent. Il y a peu de scènes violentes, même si elles sont marquantes et que l'on commence avec une scène de souffrance. Il y a de la baston, c'est pêchu, oui. Le côté décalé, la juxtaposition d'éléments qui créent un effet humoristique, c'est au fond la même dynamique que les sosies : les personnages, à force de vouloir être et vouloir faire, tombent dans le ridicule ou le burlesque. Et encore, on ne vous a pas tout montré… Si vous saviez ce que j'ai censuré dans les bonus !

 

 

Vu qu'il y a beaucoup d'acteurs cités dans Mimosa, est-ce un appel du pied à Hollywood pour l'adapter ? Ou à l'un des "Frenchies" ? Pas un petit peu peur que ça coûte trop cher niveau casting ?

 

Je ne pense pas que ce livre soit adaptable, pour le coup :)

Le casting déjà, c'est vrai, mais aussi parce qu'il y a une interrogation et un jeu sur les codes de la littérature qui est impossible à rendre à l'écran – à moins de transposer ce jeu et cette interrogation au cinéma lui-même.

 

A la fin du roman, vous ajouter quelques bonus, du type qu'on trouve sur un DVD, est-ce un moyen de rendre Mimosa plus cinématographique ? Vous pensez au commentaire audio pour la version numérique ?

 

Mimosa invite les codes du cinéma dans l'espace du roman, jusqu'à proposer, à la fin, une interview des personnages par l'auteur, des scènes coupées et un petit bêtisier. Ce n'est pas pour rendre plus cinématographique, mais pour poser une réflexion sur la place qu'occupe la SF dans ces deux médias. Pour pousser encore un peu plus loin le questionnement sur l'identité, le fait d'être un personnage, sur la personnalité réelle, fictive, littéraire, l'effet de mise en abyme…

Un commentaire audio ? Je passe :)

 

 

Pour la parution de Mimosa, vous avez ouvert un blog, un compte twitter et une page facebook, c'est important pour vous de participer à la promo de l'ouvrage ? D'être présent sur les réseaux sociaux ?

 

Il ne s'agit pas tellement de participer à la promo que de poursuivre sur la lancée des bonus en ouvrant le texte aux réseaux sociaux. Le blog est une partie intégrante du livre.

 

 

Une question un peu plus d'actualité, le livre numérique semble sur le point d'arriver en France. Qu'en pensez-vous en tant que lecteur et en tant qu'auteur ? Vous y voyez une bonne ou une mauvaise chose ?

 

Je ne me pose pas ce genre de questions en mode binaire. Comme toute innovation technologique, il faut accompagner l'émergence du livre numérique plutôt que de laisser aux autres le soin d'organiser le chaos. Je ne pense pas, à moyen terme, que l'un remplacera l'autre, mais je crois qu'ils fonctionneront de pair. Je n'ai que d'affreuses banalités à dire sur le sujet, car ce n'est pas mon domaine d'expertise. En tant que lecteur, j'aime autant télécharger des livres et des BD que les obtenir en librairies. Ce sont deux plaisirs différents et complémentaires. En tant qu'auteur, le texte numérique est riche de possibilités encore sous-exploitées. Et il pose sur un plan éditorial de nombreuses questions qui sont débattues en ce moment, par les éditeurs justement.

 

 

Quels sont vos projets ?

 

Quelques nouvelles, de la bande dessinée, un prochain roman.

TOP SECRET !

 

 

Je vous remercie d'avoir bien voulu répondre aux questions de Psychovision. Et je vous laisse donc le mot de la fin:

 

Merci. A vous les studios.

 


A propos de cette Interview :

 

- Lire la chronique de "Mimosa"

- Le blog de "Mimosa" : http://mimosaworld.wordpress.com/