Jason Brice 1
Titre tome: Ce qui est écrit
Genre: Fantastique , BD européennes
Année: 2008
Pays d'origine: France
Editeur: Dupuis
Collection: Repèrages
Scénario:
Alcante
Dessin:
Milan Jovanovic
Couleurs:
Sébastien Gérard
 

Londres, début des années 20. Jason Brice est un enquêteur qui se charge de démasquer les charlatans du paranormal. Il va pourtant se retrouver confronté à une affaire qui dépasse le cadre de ses attributions habituels avec le cas de Thérésa Prendergast, une jeune femme obnubilée par un ensemble de prédictions la concernant trouvées dans un carnet laissé par l'ancien occupant de sa maison nouvellement acquise. Des prédictions ayant la fâcheuse habitude de se réaliser une à une et comme ce programme apparement préétabli et impossible à éviter doit se conclure par la mort prochaine de la jeune femme, celle-ci a toutes les raisons de s'inquiéter. Fidèle à son credo, Jason Brice ne croit pas à l'authenticité de ces visions prophétiques mais plutôt à une conspiration, un plan soigneusement mis en oeuvre. Son enquête l'amène d'abord à s'intéresser à l'homme qui a rédigé les prédictions : il s'agit d'un romancier, Morgan Fatoy, qui a disparu sans laisser de traces. Il découvre que Fatoy est pourtant l'auteur de plusieurs romans dont les intrigues se sont réalisées dans la réalité, notamment le naufrage du Titanic. Mais celui-ci demeurant introuvable, l'enquête de Brice se redirige vers les membres de l'entourage de Thérésa.

 

 

Classique, vous avez dit classique ? En effet et le traitement l'est, hélas, tout autant. Le scénario d'Alcante file sur des rails maintes fois empruntées : le détective de l'étrange (un de plus !) des années 20, le manoir isolé, les prédictions, l'étau qui se resserre peu à peu autour de la victime, la famille et les domestiques considéres comme autant de suspects potentiels à la manière du bon vieux whodunit à l'anglaise, un traumatisme de l'enfance qui resurgit ainsi que le supposé fantôme d'un jeune garçon tué dans un accident de la route, l'ensemble ronronne avec la tranquille monotomnie d'une intrigue dont le seul mérite est de brouiller les repères entre un surnaturel pourtant établi dès le départ avec le personnage de l'écrivain dont les prédictions ne font aucun doute et la possibilté que leur réalisation (dans le cas de Thérèse Prendergast) soit plus du domaine du rationnel.

L'inconvénient avec ces histoires où l'avenir semble déjà écrit, c'est justement leur mécanique trop parfaite qui ne laisse aucune place à ces petites scènes subsidiaires qui peuvent agrémenter un récit, humaniser davantage les personnages et approfondir leurs relations. Un carnet nous annonce les signes avant-coureurs du drame futur (des poissons crevés dans un étang, des anges qui s'envolent, la mort d'un bébé, un doigt coupé, un nuage noir en forme de coeur, une pluie de sang) et que croyez-vous qu'il advint ? Hé bien : des poissons crevés dans un étang, des anges qui "s'envolent" (ou plutôt sont volés), une fausse couche, un doigt coupé, un nuage noir en forme de coeur et une pluie de sang, à raison d'un événement toute les dix planches environ, avant la résolution finale. Et rien d'autre à se mettre sous la dent, et ce ne sont pas les personnages inconsistants et peu charismatiques qui peuvent relever la sauce. Un signe révélateur : Jason Brice fréquente une fumerie d'opium comme Aberline dans "From Hell" mais sa trouble addiction est bien plus gratuite et paraît n'être qu'une manière peu originale de caractériser la (petite) marginalité d'un personnage par ailleurs bien fade et lui donner des airs mystérieux.

On regrettera aussi une absence totale d'humour, pas même une pincée de cet humour anglais pince-sans-rire que j'apprécie personnellement beaucoup.

En guise de final, après une révélation du genre "ironie du sort", le scénariste a même le culot de nous sortir le cliché le plus utilisé du fantastique gothique : l'incendie du manoir. Un des avantages de l'album est en effet de conclure son histoire au bout des 56 pages plutôt que de faire patienter le lecteur un an sur une suite éventuelle dans un tome ultérieur. Cela m'évitera au moins d'attendre aussi longtemps pour ruminer ma déception.

 

Au risque de me répéter (mais qu'y faire ?), le dessin réaliste de Milan Jovanic est lui aussi d'un grand classicisme, de même qu'un découpage bien pépère. Joli, appliqué, mais sans personnalité. En un mot : illustratif. La mise en couleurs est réussie et de bon goût, privilégiant les teintes automnales.

En fait, je me suis laissé piéger par la (belle) couverture dont l'ambiance et le foisonnement m'ont rappelé un certain Andréas (un de mes auteurs de BD favoris), notamment ses excellentes séries "Rork" et "Capricorne". Hélas, on ne trouve dans cet album ni la densité et la complexité des scénarios d'Andréas, ni son graphisme si particulier et ses audaces de mise en page. Jason Brice en serait même l'exact opposé.

 

Note : 6/10

 

Raggle Gumm

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