Mère Vertu était apprécié de tout le monde dans les alentours de sa chaumière. Depuis presque un siècle, elle avait voué sa vie à aider les pauvres gens et les malades, chaque jour elle arpentait le village afin d'assister les nécessiteux et chaque jour elle regagnait la solitude paisible de son foyer, une charmante maison isolé avec un magnifique jardin, lui fournissant sa nourriture et les plantes nécessaire à sa magie.
Mère Vertu n'aspirait qu'au bonheur de ses semblables, sauf un jour, un seul, où elle eut une pensée pour elle, après tant d'années écoulées, elle fit le souhait d'avoir un enfant, une fille qu'elle n'aurait pas à partager.
L'écho de ce souhait vint aux oreilles du malfaisant Injure, à l'affût de la moindre possibilité d'étendre le mal, il exauça ce voeu égoïste, Mère Vertu tomba miraculeusement enceinte, malheureusement pour elle et pour le monde, elle donnera naissance à un être maléfique...
Lovern Kindzierski a été mainte fois récompensé pour son travail de coloriste dans le monde des comics, après quelques scénarios sur des titres comme "Tarzan" ou "Spider-man", il propose une oeuvre plus personnelle découpée en trois chapitres : "Shame", sorti en 2011 chez Renegade, puis tout récemment en France chez Glénat en 2016.
L'auteur place son récit dans une période non-défini, mais qui pourrait s'apparenter à la fin du XIXème siècle, il revisite les contes en mettant au coeur de son scénario l'éternelle lutte entre le bien et le mal, il ose même la pire confrontation, mettant en scène la bonté incarnée accouchant du mal absolu, un coup de maître très bien exploité, la réaction de Mère Vertu pour essayer de contenir le mal va se retourner contre elle et participer à l'éducation malfaisante de sa fille qui petit à petit retournera la prison de sa mère pour elle même l'exploiter... c'est un enchaînement de cycle auquel l'auteur nous invite, nous vivons l'évolution et les changements des comportements mais aussi de l'environnement, l'opposition est claire entre le bien et le mal, mais l'histoire arrive justement à nous captiver dans les entre-deux, ces moments où les frontières sont plus flous.
Cette expérience aurait certainement moins d'impact sans le travail sublime du britannique John Bolton, pour cette oeuvre il utilise notamment l'aquarelle et propose un univers graphique étonnant, on vit littéralement les changements d'ambiance dans les décors et on apprécie une pincée charnelle omniprésente.
Poursuite, Conception et Rédemption sont les trois piliers d'un conte baroque sans fioriture, une belle découverte littéraire.
Note : 8,5/10
gregore
A propos de cette BD :
- Site de l'éditeur : http://www.glenatbd.com/