Après avoir fait publié ses nouvelles dans les livres de sang, Clive Barker décide de s'attaquer à un projet plus ambitieux : un roman. Si les livres de sang lui avaient à la fois permis d'explorer facilement tous les domaines du fantastique et de l'horreur et de se faire connaître, l'écriture d'un roman est autrement plus ardue. Et pourtant Barker s'en tire avec les honneurs et fait de ce petit pavé de plus de 500 pages son premier roman et l'un de ses meilleurs. Le jeu de la damnation c'est l'histoire de Joseph Whitehead, un vieux millionnaire au passé trouble, hanté par ses démons. C'est aussi l'histoire de Mamoulian, un joueur qui ne perd jamais et un des démons de Whitehead après qu'il l'eut rencontré une nuit dans une Varsovie détruite par la seconde guerre mondiale. Enfin c'est également l'histoire de Marty Strauss, tiré de prison par Whitehead, et qui sans le savoir vient de s'embarquer pour une terrifiante histoire, pour une partie de carte fantastique dont l'issue pourrait bien être fatale... Déjà dans son premier roman Clive Barker réunit tous les éléments qui lui sont cher : de l'horreur bien sûr, avec de nombreuses descriptions très graphiques, des zombies, des tueurs et quantités de créatures répugnantes... Mais aussi de la fantasy. On sent que Barker aime à créer des mondes fantastiques et imaginaires. Enfin, ajoutons toute une galerie de personnages tordus et troubles pour peupler ces mondes et animer ce roman. Le mystérieux Mamoulian se distingue au milieu de ces êtres torturés que Barker façonne pour notre plus grand plaisir. Il est un joueur de cartes, un revenant, un magicien... ce personnage aux multiples facettes et aux motivations obscures est littéralement fascinant. Il est un façonneur de formes, un illusionniste expert dans l'art de créer des illusions d'un réalisme atroce. Illusions que la plume de Barker cisèle dans toute leur horreur. Mamoulian défie le temps et la pensée, vivant (mort ?) depuis plus de deux siècles il rencontre Whithead dans les ruines de Varsovie. Joueur lui aussi, le futur millionnaire passe un terrible et secret marché avec l'étrange personnage. Ainsi le jeu est le moteur de tout le récit. Le jeu, le hasard et le sort s'entremêlent dans l'oeuvre de Barker, et tous sont des métaphores d'un fantastique combat entre la vie et la mort, entre l'existence et le néant. L'auteur crée et entretient dans son livre une atmosphère de mystère particulièrement prenante. Le récit est furieusement original et Barker parvient à nous emporter dedans avec une facilité déconcertante. Sa plume distille cette ambiance unique et bizarre qui fait tout le charme de ses oeuvres, en insistant chaque fois sur des détails et des symboles fascinants. Le livre regorge ainsi d'allusions littéraires et artistiques que je vous laisse le soin de repérer, et de thèmes évocateurs : La maison de Whitehead est décorée avec luxe et goût, et pourtant n'est pas à l'abri de la débauche et de l'horreur. Elle est également protégée par tout un attirail technologique et moderne d'alarmes et de clôtures, qui s'opposent à la force ancestrale de Mamoulian. L'hôtel Pandémonium où se déroule le final du roman est lui aussi chargé de symboles : il représente un nouvel enfer adapté à notre monde : sale et croulant sous les ordures au milieu d'un noeud autoroutier. Ainsi, tout au long du roman, on sent qu'un véritable travail d'écriture a été fournit pour nous le rendre à la fois malsain, trouble et vraiment accrocheur. Les pages filent sans que l'on ne s'en aperçoive tant l'histoire est captivante. Et en même temps elle regorge de scènes vraiment répugnantes. Barker va très loin dans les débordements sanglants, et pourtant il parvient avec son style bien à lui à créer une sorte de beauté écoeurante. Il réussit sans problème à allier les thèmes de la beauté avec ceux de l'horreur la plus pure. Son roman nous évoque ainsi des images d'une terreur douceâtre et d'une beauté morbide. Bref Le jeu de la damnation c'est une histoire originale et accrocheuse. Une histoire effrayante et mystérieuse. Avec son premier roman Clive Barker a frappé un grand coup, et il serait dommage de s'en priver ! Note : 8/10Maniak
Après avoir fait publié ses nouvelles dans les livres de sang, Clive Barker décide de s'attaquer à un projet plus ambitieux : un roman. Si les livres de sang lui avaient à la fois permis d'explorer facilement tous les domaines du fantastique et de l'horreur et de se faire connaître, l'écriture d'un roman est autrement plus ardue. Et pourtant Barker s'en tire avec les honneurs et fait de ce petit pavé de plus de 500 pages son premier roman et l'un de ses meilleurs. Le jeu de la damnation c'est l'histoire de Joseph Whitehead, un vieux millionnaire au passé trouble, hanté par ses démons. C'est aussi l'histoire de Mamoulian, un joueur qui ne perd jamais et un des démons de Whitehead après qu'il l'eut rencontré une nuit dans une Varsovie détruite par la seconde guerre mondiale. Enfin c'est également l'histoire de Marty Strauss, tiré de prison par Whitehead, et qui sans le savoir vient de s'embarquer pour une terrifiante histoire, pour une partie de carte fantastique dont l'issue pourrait bien être fatale... Déjà dans son premier roman Clive Barker réunit tous les éléments qui lui sont cher : de l'horreur bien sûr, avec de nombreuses descriptions très graphiques, des zombies, des tueurs et quantités de créatures répugnantes... Mais aussi de la fantasy. On sent que Barker aime à créer des mondes fantastiques et imaginaires. Enfin, ajoutons toute une galerie de personnages tordus et troubles pour peupler ces mondes et animer ce roman. Le mystérieux Mamoulian se distingue au milieu de ces êtres torturés que Barker façonne pour notre plus grand plaisir. Il est un joueur de cartes, un revenant, un magicien... ce personnage aux multiples facettes et aux motivations obscures est littéralement fascinant. Il est un façonneur de formes, un illusionniste expert dans l'art de créer des illusions d'un réalisme atroce. Illusions que la plume de Barker cisèle dans toute leur horreur. Mamoulian défie le temps et la pensée, vivant (mort ?) depuis plus de deux siècles il rencontre Whithead dans les ruines de Varsovie. Joueur lui aussi, le futur millionnaire passe un terrible et secret marché avec l'étrange personnage. Ainsi le jeu est le moteur de tout le récit. Le jeu, le hasard et le sort s'entremêlent dans l'oeuvre de Barker, et tous sont des métaphores d'un fantastique combat entre la vie et la mort, entre l'existence et le néant. L'auteur crée et entretient dans son livre une atmosphère de mystère particulièrement prenante. Le récit est furieusement original et Barker parvient à nous emporter dedans avec une facilité déconcertante. Sa plume distille cette ambiance unique et bizarre qui fait tout le charme de ses oeuvres, en insistant chaque fois sur des détails et des symboles fascinants. Le livre regorge ainsi d'allusions littéraires et artistiques que je vous laisse le soin de repérer, et de thèmes évocateurs : La maison de Whitehead est décorée avec luxe et goût, et pourtant n'est pas à l'abri de la débauche et de l'horreur. Elle est également protégée par tout un attirail technologique et moderne d'alarmes et de clôtures, qui s'opposent à la force ancestrale de Mamoulian. L'hôtel Pandémonium où se déroule le final du roman est lui aussi chargé de symboles : il représente un nouvel enfer adapté à notre monde : sale et croulant sous les ordures au milieu d'un noeud autoroutier. Ainsi, tout au long du roman, on sent qu'un véritable travail d'écriture a été fournit pour nous le rendre à la fois malsain, trouble et vraiment accrocheur. Les pages filent sans que l'on ne s'en aperçoive tant l'histoire est captivante. Et en même temps elle regorge de scènes vraiment répugnantes. Barker va très loin dans les débordements sanglants, et pourtant il parvient avec son style bien à lui à créer une sorte de beauté écoeurante. Il réussit sans problème à allier les thèmes de la beauté avec ceux de l'horreur la plus pure. Son roman nous évoque ainsi des images d'une terreur douceâtre et d'une beauté morbide. Bref Le jeu de la damnation c'est une histoire originale et accrocheuse. Une histoire effrayante et mystérieuse. Avec son premier roman Clive Barker a frappé un grand coup, et il serait dommage de s'en priver ! Note : 8/10
Maniak