Hadès Palace
Genre: Fantastique
Année: 2005
Pays d'origine: France
Editeur: Le Bélial
Auteur: Francis Berthelot
 

Paris, début 1979.

Maxime Algeiba est le mime-serpent, un jeune artiste au talent exceptionnel. Aussi est-il contacté par l'imprésario de l'Hadès Palace - demeure tentaculaire au luxe magnétique, palais prestigieux où es grands du monde se pressent pour assister aux représentations du gratin artistique international. Comment refuser pareille offre : un contrat au sein d'un lieu aussi mythique ? C'est un tremplin, une occasion inespérée. Pourtant, une fois logé dans les dorures du Palace, Maxime ne tarde pas à remarquer des faits étranges. Pourquoi ces hommes armés qui quadrillent théâtres et couloirs ? Et ce malaise qui pétrifie Maxime dès qu'il s'éloigne dans les jardins alentour ; cette terreur sourde qui paraît régner chez les artistes ; ou encore ces "trois cercles" évoqués à demi-mot par certains ? Des questions qui ne trouveront réponse qu'une fois percés les secrets enclos derrière le visage impénétrable du maître du Palace, Bran Hadès. Mais à quel prix ?

 

Dans la mythologie grecque, Hadès représente à la fois le dieu qui règne sur le monde des morts et l'Enfer. Et, tout naturellement, on retrouve ces deux aspects dans ce Hadès Palace qui, néanmoins plus perfide, se donne au départ des allures de Paradis pour les artistes. Maxime ne tardera pas à découvrir la véritable nature de cet institution : un lieu où l'artiste doit tout donner à un public cruel et vorace, avant de connaître un type d'aliénation plus effrayant encore.

Mais l'autre intérêt de ce roman très noir au parfum de souffre, c'est bien sûr la demeure elle-même, ce palace colossal et labyrinthique renfermant un système qu'il faut bien appeler totalitaire, temple baroque voué à l'art jusqu'à ses plus ultimes conséquences que n'aurait pas renier un Fellini et sous le luxe duquel se trouve... l'Enfer (ou du moins trois de ses cercles) que Maxime explorera à ses dépens.

Brillante métaphore du monde de l'art et des thèmes qui lui sont liés - l'artiste qui doit tout y sacrifier, les tourments qui l'agite, le public dont Chaplin disait qu'il était "un monstre sans tête", mais aussi les rêves de gloire trop empressés et la désillusion, un soupçon de masochisme - Hadès Palace est un roman oppressant mais fascinant, aux allures de cauchemar éveillé, d'une belle richesse à la fois thématique et visuelle. Sa narration a de plus le mérite d'être claire même si son écriture est exigeante, deux qualités assez rare pour être notées.

Les thèmes abordés (art et masochisme) ne sont pas sans rappeler d'ailleurs certaines oeuvres de Brussolo telles que Le syndrome du scaphandrier, Aussi lourd que le vent et Les lutteurs immobiles, mais la plume de Berthelot est d'une plus grande qualité que celle - plus fonctionnelle - de son confrère.


J'avoue qu'en SF ou en fantastique, je lis très peu d'auteur français (leurs romans, à tort ou à raison, me semble souvent plus anecdotiques, moins mémorables, que ceux de leurs confrères anglo-saxons). Mais une oeuvre d'orfèvre comme celle-ci est le genre d'exception que j'aimerais trouver plus souvent.


Note: 8/10

Ragle Gumm

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