Livres de Rai-Kirah 1, Les - L'Esclave
Titre original: Transformation. Book 1 in Rai-Kirah series
Genre: Fantasy
Année: 2009
Pays d'origine: Etats-Unis
Editeur: Bragelonne
Auteur: Carol Berg
Traducteur:
Elisabeth Vonarburg
 

Bien avant l'esclavage, bien avant la rémission de leur roi, les Essariens étaient un peuple important, un peuple de magiciens exorciseurs. Mais voilà, il y a des années de cela, les Derzhi, un peuple de cavaliers que l'on pourrait comparer au peuple des steppes, les ont envahis, réduits à l'esclavage, détruisant toute une culture et toute une connaissance. La plupart des Essariens vivent donc aujourd'hui en esclavage, certains préférant même se suicider. Seyonne est l'un d'eux et partout sur son corps il porte les marques de cette souffrance, marquée au fer rouge jusque sur le visage. Seyonne, depuis l'invasion, ne se soucie plus des autres, ne soucie plus de son peuple et il vit au jour le jour, en attendant la mort et en espérant qu'elle ne sera pas trop douloureuse. Pourtant, avant, Seyonne était l'un des plus puissants maîtres exorciseurs, un gardien comme on les appelle chez les Essariens, un homme promis à un grand destin.

Un jour il est vendu à Aleksander, fils de l'empereur Derzhi, un homme arrogant, imbu de sa personne et violent. Dans son entourage les esclaves ne font pas long feu, une faute, un regard de trop et ils sont morts. Seyonne entre donc au service de l'un des hommes les plus puissants du monde. Puissant pourquoi, juste parce qu'il est bien né, dans la bonne famille, au bon moment. Voilà à quoi tient le pouvoir! Mais voilà, Aleksander à un handicap et de taille, il ne sait pas lire. Oui, il est fort, il est riche, il est fils de l'empereur mais il est incapable de déchiffrer les missives qui lui viennent de l'autre bout de son royaume. Alors quant il apprend que Seyonne sait lire, il l'engage comme secrétaire particulier. Bien sûr la principale tâche que lui confie le jeune homme prétentieux, c'est avant tout d'écrire ses exploits. Voilà donc Seyonne, esclave devenu scripte. Il est  aux premières loges pour assister à la métamorphose du prince, à la terrible métamorphose… Car Aleksander devient de plus en plus violent, autour de lui la mort rôde, des sortilèges sont à l'œuvre dans tout son palais. Seyonne, de part sa nature, voit et comprend ce qui se passe. Aleksander ne le sait pas encore mais il est un personnage important et les démons qui veulent depuis la nuit des temps s'emparer de ce monde le savent aussi et ils veulent détruire le prince. Seyonne aidera-t-il celui qui a précipité sa chute ? Viendra-t-il-en aide à celui qui a détruit son peuple ?


Dans le roman de Carol Berg, pas de combats épiques, pas de races extraordinaires et une fantasy soft, classique, écrite dans un style très proche de celui de Robin Hobb. Tout le long du roman, écrit en focalisation interne, on est dans l'esprit de cet esclave qui peu à peu devient autre, qui peu à peu se révèle et qui du statut de soumis va regagner une certaine liberté. Vous aurez compris le message : on n'a pas le pouvoir par sa naissance mais par ce qui est en nous, notre petite magie intérieure. Un message simple, bien connu, efficace, illustrant parfaitement la théorie du maître et de l'esclave. Bien trop habitué à régner, bien trop habitué à assouvir sa soif de pouvoir, on baisse la garde et on laisse entrer le mal, un mal qui pourrait bien renverser Aleksander et ronger le monde entier. L'écriture de Carol Berg est intéressante, plaisante même si elle n'est pas forcement des plus originales ou des plus marquantes. Pour ma part, si j'ai bien aimé certaine descriptions, entre autres toutes celles qui ont un rapport avec les Essares et leur religion, j'aurais aimé peut-être un peu plus de suspens, un peu plus de souffle et un brin plus de mouvements. Reste que L'esclave est un livre émouvant, qui sait malgré tout gérer les rebondissements, qui heureusement pour le lecteur ne sont pas tous prévisibles, et qui nous offre aussi une belle leçon d'humanisme. Même s'il s'agit d'un premier tome, l'ouvrage se présente comme un one shot et donc devient intéressant pour le lecteur qui n'a pas envie de se plonger dans un long cycle de plusieurs volumes.


En conclusion, je dirais que le roman de Carol Berg oscille entre l'excellent et le moyen, entre des passages absolument fabuleux, avec un background énorme, très détaillé, très fouillé et des moments plus calmes, peut-être un peu trop longs pour moi qui ai tendance à aimer la fantasy musclée. La morale de l'histoire, le message, peut paraître un peu simpliste et c'est vrai qu'il l'est mais les personnages Essariens sont tellement ambigus et intéressant que l'on fera fi du côté moralisateur de l'histoire et que l'on se laissera porter par la magie et les légendes Essariennes.

Personnellement donc, si j'ai bien aimé ce premier tome, je reste un peu sur ma faim, trouvant L'esclave un peu trop prévisible et un peu trop classique à mon goût.

Ceci dit, en lisant ce roman de fantasy écrit par une femme, j'en suis venu à me dire que la vision féminine en fantasy était souvent celle que je préférais et l'on retrouve cette vision toute particulière chez Carol Berg, vision que j'aime beaucoup : l'homme est tellurique, bouillonnant, colérique, prétentieux aussi, la femme est plus "lunaire", elle ouvre les portes de l'autre monde, capable aussi bien sûr de perfidie, mais tellement plus poétique... On retrouve tout cela dans l'univers de Carol Berg et c'est vraiment plaisant même si encore une fois ça reste relativement classique.


Note : 7,5/10

Le Cimmerien

 

A propos de ce livre:

 

- Site de l'éditeur: http://www.bragelonne.fr/ 

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