Dans le futur, la Terre est devenue trop polluée, l'Europe survit aux tremblements de terre qui se succèdent de manière plus ou moins continue, des algues toxiques ravagent les côtes et les villes semblent tombées en ruine. Pas vraiment un monde où on a envie de vivre. Heureusement, la FEMI est là pour vous proposer des vacances assez exceptionnelles, des voyages dans des mondes inédits, les mondes intérieurs.
Ces mondes intérieurs, ce sont des mondes qu'on ne peut normalement atteindre que par la méditation, mais la technologie a permis de les atteindre et la FEMI s'est donc emparée du filon, proposant à ses clients de visiter les mondes de donneurs, qui ouvrent leurs esprits contre rémunération en compagnie d'un guide, car ces mondes peuvent parfois être dangereux. Mais le Pape Léon XIV, opposé à ces voyages, est rentré en guerre contre la FEMI, n'hésitant pas à recourir au terrorisme pour les voir disparaître.
Léa Keran est l'une de ces terroristes, prête à pénétrer dans un monde nommé Coquille et à le contaminer à l'aide d'un virus mortel. Samano lui est un accompagnateur, un guide actuellement en congé obligatoire qui va être rappelé à la rescousse pour sauver le monde agressé avec l'aide d'un commando et d'une généticienne.
Voilà un premier roman fort sympathique et plutôt maitrisé qui divertit fort bien. Il faut dire que l'auteur n'hésite pas devant les rebondissements les plus énormes. La première partie où l'on explore en compagnie du héros, Samano, le monde de Coquille, un monde féérique avec ses escarghoms mais malheureusement détruit par un virus, est assez réussie, la ballade dans ce monde provoquant autant l'émerveillement dû à ses créatures que l'écœurement dû à sa destruction.
Mais c'est une fois ce long passage terminé que l'on rentre vraiment dans l'histoire car le roman prend à ce moment l'allure d'un thriller SF. Le personnage principal voit toutes ses connaissances assassinées par une mystérieuse femme et toute son existence s'effacer d'un seul coup. Meurtres, traques, poursuivants, tous les ingrédients du thriller sont bel et bien présents. Cette partie est donc plus classique mais fini d'une manière spectaculaire qui ouvre la troisième partie, plus originale.
Il va être plus dur de parler de cette troisième partie car il faudrait alors révéler le rebondissement le plus surprenant. Sachez juste que Hervé Poudat nous offre une superbe mise en abime. Le roman prend alors une tournure plus intéressante, plus captivante. Une bien belle surprise pour un roman que l'on aurait pu croire plus classique.
Certes, on sent beaucoup l'ombre de Philip K, Dick et principalement de son "Ubik" sur cet ouvrage. On peut aussi penser à Michael Marshall et à sa "proie des rêves", principalement pour le côté thriller SF qu'on trouve dans ces deux ouvrages mais également pour les rebondissements qui, d'un seul coup, remettent en cause tout ce qu'on a lu précédemment. Mais il y a pires références, non ?
Le roman n'est pas exempt de défauts non plus, on sent ainsi certains rebondissements arriver un peu trop, ceci surtout dû à un titre mal choisi qui en révèle un peu trop sur l'histoire. C'est tout de même dommage. On notera aussi que si le style est plutôt simple et fluide, on manque parfois un peu d'empathie pour les personnages et on accroche donc plus difficilement à leurs aventures.
Pour conclure, je dirais que La transhumance des Anges est une lecture agréable, un très bon divertissement pour qui a envie de lire de la science-fiction divertissante, basée sur un concept intéressant et qui n'hésite pas à malmener la bible avec beaucoup d'humour. Ce roman est une lecture vraiment sympathique, sans prétention et du coup, très agréable.
