Cette série de Kate Sedley est un parfait exemple de ce que le mélange entre la littérature policière et le roman historique peut apporter comme bonheur de lecture. En plaçant ses intrigues au cœur de l'Angleterre médiévale, et en choisissant un colporteur comme personnage principal, elle n'avait pourtant pas pris le chemin le plus aisé vers la réussite. Et pourtant, comme le montre ce dix-huitième épisode des aventures de Roger Chapman, l'auteur est parfaitement parvenu à mettre en place un personnage attachant, d'une belle complexité, dont les enquêtes s'appuient sur des intrigues bien menées. C'est chaque fois un bonheur de retrouver ce colporteur et cette nouvelle enquête n'échappe pas à la règle, puisqu'elle le conduit, cette fois, en plein cœur de l'Ecosse où se trament des complots et des intrigues politiques.

 

Entraîné de force par Timothy Plummer, le maître espion qui travaille pour le roi, Roger quitte femme et enfants pour un long périple qui va lui faire découvrir un pays finalement bien mystérieux pour quelqu'un qui vit entre Bristol et Londres. Il est d'ailleurs amusant de voir de quelle manière il découvre le whisky, juge les coutumes écossaises ou jette un œil critique sur les contrées qu'il traverse. S'appuyant cette fois sur une réalité historique, une guerre de succession écossaise mettant en scène le duc d'Albany, Kate Sedley développe une histoire qui enchevêtre destins personnels et collectifs avec une réelle maîtrise du contrepoint et de l'intrigue. Car Roger n'est pas vraiment heureux de la manière dont se déroulent les choses, ni du temps que tout cela prend. Loin de sa famille, il trouve le temps long et ne comprend pas vraiment pourquoi il doit protéger un homme qui se déplace entouré d'une armée. Finalement, il va se rendre compte que plus il remonte vers le Nord, plus il semble s'éloigner de la civilisation. Là, il découvre que d'anciennes coutumes ont encore cours et que des relents de paganisme empoisonnent les croyances catholiques.

 

Cette dose de merveilleux religieux païen apporte au roman un attrait supplémentaire qui transporte le lecteur dans un monde encore plus riche que d'habitude. On retrouve ainsi la légende de l'Homme Vert qui sourd tout au long de l'intrigue, s'invitant à des moments clefs, déroutant le plus souvent Roger qui ne parvient pas à faire la lumière sur cette affaire. Finalement, le dénouement, qui ne s'éloigne pas de la vérité historique, permet au personnage principal de retourner chez lui et au lecteur de se rendre compte qu'il vient de vivre, par procuration, une bien agréable aventure.

 

Note : 9/10

 

Denis Labbé

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur : http://www.10-18.fr/