Fin d’Illa, La
Genre: Dystopie , Science-fiction
Année: 1925
Pays d'origine: France
Editeur: Grama
Collection: Le Passé du futur
Auteur: José Moselli
 

José Moselli appartient à cette longue lignée des écrivains populaires qui, depuis le 19ème siècle, ont abreuvé les journaux et les revues de romans et de nouvelles, sans jamais les voir édités en volumes. S'il est un peu oublié de nos jours, il fut un écrivain prolifique, qui produisit l'équivalent d'un roman par mois dans des parutions comme Sciences et voyages, L'Almanach scientifique ou L'Intrépide, œuvrant dans des genres aussi différents que le roman maritime, le roman d'aventure africain, le roman historique, les enquêtes policières et la science-fiction. Si cette dernière ne représente qu'une petite partie de son univers, à peine une quinzaine de romans, La Fin d'Illa est sans doute son chef-d'œuvre et entre dans la rare catégorie des romans français du genre à retenir dans la période de l'entre-deux guerres.

 

Dès l'incipit du roman, on retrouve l'un des motifs préférés de José Moselli : l'océan. L'action se place sur un navire qui découvre une île inconnue sur laquelle s'est épanouie une civilisation utopique aujourd'hui disparue. Là, l'équipage découvre un manuscrit signé par Xié, qui contient l'histoire de la cité d'Illa et les formules scientifiques qui firent de son peuple l'équivalent des Atlantes. Reprenant, là où Thomas More avait laissé les habitants d'Utopie, ce roman décrit la lente descente aux enfers d'un peuple ayant atteint une forme d'idéal et qui en oublie son humanité. Nourris par des machines à sang, les Illiens sont débarrassés des contraintes matérielles et jouissent d'une qualité de vie inégalée. Pourtant, le déclin les guette lorsqu'un dictateur prend le pouvoir et décide de remplacer le sang de porc par celui des habitants d'une île voisine, afin d'allonger son espérance de vie. La guerre qui s'ensuit va sonner le glas de cette civilisation, mais montrer également qu'il demeure une parcelle de compassion chez certains habitants.

 

Construit sur le principe du manuscrit découvert qui met en place une double narration assez classique, La Fin d'Illa se révèle être bien plus qu'un simple roman pour la jeunesse comme il s'en publiait toutes les semaines dans des journaux spécialisés. Et c'est d'ailleurs cela qui fit scandale et qui valut un procès aux éditeurs de Sciences et voyages et à l'auteur. Car ce récit à la fois sanglant et passionné tranche avec la science-fiction d'aventure de l'époque qui se plaçait dans la lignée des romans de Jules Verne et qui était considérée comme un simple divertissement. Point de divertissement ici, mais une sombre plongée dans les méandres de l'âme humaine à travers une dystopie voisine des œuvres d'Huxley et qui nous révèle un auteur inspiré qui s'est sans doute perdu dans une surabondance alors qu'il aurait pu se pencher sur des récits plus profonds. Redécouvrir ce livre permettra de rendre hommage à cet auteur talentueux qui bouleversa la science-fiction de l'époque avant de tomber dans l'oubli.

 

Note : 9/10

 

Denis Labbé

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