Enfance, conte, fantastique et tragédie ont souvent fait bon ménage, surtout si le récit est cruel, comme pour Hansel et Gretel ou le Petit Chaperon Rouge, auquel la couverture avec son héroïne vêtue de rouge fait penser, mais il n'y aura pas de méchant loup ou de mère-grand dans ce récit. On y trouvera tout de même une forêt, autre élément indispensable, et des monstres, même s'ils n'ont rien de surnaturel ou d'animal.
Une jeune femme et son petit frère vont se retrouver emmener malgré eux à une chasse au trésor mené par l'étrange Pif, personnage innocent et naïf que les brutes du village aiment malmené. Le chef de ces derniers semble d'ailleurs avoir le béguin pour la jeune femme qui ne le lui rend pas. Cette chasse va se terminer en tragédie et les jeunes gens qui deviendront adulte en auront des traces à vie. A moins que...
Une histoire en deux parties donc. La première est celle de l'enfance et de l'inconscience, celle où on s'amuse et où l'on croit au monstre du puits, une créature qui attend que les enfants passent à côté d'elle pour les croquer, mais on y trouve aussi la cruauté propre aux enfants, toujours prompt à martyriser ceux qui ne sont pas comme eux, comme Pif, le simple d'esprit ou Brindille, un enfant capable de parler aux animaux.
La deuxième partie nous les montre à l'âge adulte où ils sont rentrés de pleins fouets suite à un drame, la bête du puits ayant sévit. Le sadisme y est opportuniste, rancunier et plus malsain. L'ancien chef de bande ayant fait de lui-même le chef du village, il le domine et seuls quelques personnes ne le craignent pas. Les festivités qu'il organise devrait asseoir définitivement son pouvoir, malgré les réticences des habitants. Une arrivée va pourtant tout changer...
Une histoire qui débute de manière joyeuse, puis, continue de manière plus sombre et plus violente, nouvel affrontement entre le bien et le mal, encore que le mal soit ici très humain, malmené par son père alcoolique, pas un méchant né, mais quelqu'un qui pense que la force est le seul moyen d'arriver à ses buts. Un mal qui domine les autres en aspirant en bonheur, mais tout en créant son propre malheur, incapable de se faire aimer.
Pendant ce temps, Brindille est devenu incapable de parler aux animaux tandis qu'Artémis se cache de la lune qu'elle aimait tant avant ainsi que des siens, vivant caché et en autarcie. Forcée de sortir de chez elle, la jeune femme devra affronter son passé et sa culpabilité. Un brin de fantastique viendra alors se poser dans cette histoire, afin de l'amener à une conclusion logique, superbe, mais un petit peu facile.
Le dessin de Munuera est parfait, servant autant son décor que les traits de ses personnages. Le tout est très enfantin, renvoyant au BD jeunesse, mais savant aussi se faire plus sombre, plus adulte dans la seconde partie participant ainsi aux ambiances de ce conte. Une seule couleur est présente : le rouge de la tenue porter par l'héroïne dans la seconde partie, mais le noir et blanc est parfait pour ce récit qui fait tout pour ne pas être manichéen.
Le Signe de la Lune est du fantastique comme on en trouve assez rarement en libraire, un fantastique où tout n'est pas explicité par les auteurs, où l'atmosphère l'emporte sur les rebondissements et où les morales se font revancharde et romantique. Le Signe de la Lune est donc une petite pépite comme on en lit rarement que ce soit au niveau de l'histoire et du dessin, un superbe album.
Note : 8/10
Stegg
A propos de ce livre :
- Site de la série : http://lesignedelalune.dargaud.com/
- Site de l'illustrateur : http://casamunuera.blogspot.fr/
- Site de l'éditeur : http://www.dargaud.com/