Ecole de la sensualité, L'
Titre original: Kanno kyoshitsu: ai no technique
Genre: Comédie , Drame , Roman Porno
Année: 1972
Pays d'origine: Japon
Réalisateur: Noboru Tanaka
Casting:
Moeko Ezawa, Nobutaka Masutomi, Ryuji Nakamura, Mari Tanaka...
 

Isao, un jeune étudiant quelque peu rêveur, est amoureux de sa professeur d'éducation physique, la ravissante Ikuko. Prêt à tout pour le lui faire savoir, il profite d'un questionnaire (distribué par cette dernière) censé être anonyme et à propos de la sexualité, pour lui avouer ce qu'il éprouve pour elle. À la fin de sa"lettre", il signe et lui donne rendez-vous.
Le reste du temps, Isao est un garçon très commun qui, comme beaucoup d'autres de son âge, ne voit que par le sexe. La masturbation y est d'ailleurs de mise, même en cours, et les femmes aussi, moyennant de l'argent. En effet, ses amis et lui fréquentent une prostituée qu'il n'a d'ailleurs toujours pas"touché", bien trop occupé à fantasmer sur Ikuko, mais qu'il regarde se faire prendre.
De son côté, Ikuko tente d'éloigner son ancien amant qui revient à la charge alors qu'elle s'apprête à se marier avec Morimoto, un professeur du lycée qui, lui, a aussi pour élève Isao et ses amis.
Tout cela n'étant qu'un bref aperçu de l'intrigue, sachez que la première rencontre"hors des cours"d'Isao et Ikuko ne se déroulera pas comme prévu...

 

Noboru Tanaka a étudié avec passion la littérature française et de ce fait, l'envie de devenir à son tour écrivain le démangea longtemps. Mais, comme il dû l'apprendre si "Jacques le fataliste" de Denis Diderot passa entre ses mains, la fatalité transforme parfois le destin en une toute autre chose que ce à quoi l'on s'attendait. Et en ce qui le concerne, c'est en travaillant sur le plateau de "Yojimbo", d'Akira Kurosawa, qu'il se découvrit un goût nouveau pour le cinéma, tout aussi passionné envers le cinéma, que celui qu'il entretenait en premier lieu pour la littérature. Très vite, écrivant tout de même à ses heures perdues de nombreux poèmes et autres essais, il établit un lien entre son univers textuel et le monde des images. Noboru Tanaka devînt alors celui que l'on connait : un réalisateur faisant partie, pour ce qui est de la recherche esthétique dans le monde du roman porno, des plus doués.
C'est donc un an avant son excellent "Osen la Maudite" que Noboru Tanaka réalise "L'école de la sensualité". Et, curieusement, comme l’indiquent le titre et son actrice principale (Mari Tanaka), ce film est hautement voluptueux. En effet, il se regarde avec une sorte de douceur et d'excitation progressive ; une légère saveur fruitée, sucrée et gourmande s'émane de cette œuvre, et cela dès la scène d'ouverture. Incroyable et inventive au possible, elle témoigne, par le biais d'un certain symbolisme, de l'utilisation poussée des couleurs et d'une ambiance assez psychédélique, d'un surréalisme érotique peu commun et extrêmement novateur dans le roman porno. Par la suite, "L'école de la sensualité" semblera peut-être un peu chiche, mais rien ne fera s'amoindrir le choc de cette formidable première séquence, précédant alors le générique et donnant le ton du film : une réflexion artistique de tout instant, épique et soignée. Quoiqu'il en soit, pour un cinquième film, on assiste à un véritable travail d'auteur.

 

 

Oeuvre pop et d'époque, "L'école de la sensualité" met en scène l'avènement de la femme libérée, un élément se posant alors en contradiction absolue et totalement jouissive (car assumée) avec la culture japonaise. Aussi, le film met en avant l'esprit créatif, voyeur et érotique de son auteur, Noboru Tanaka (voir cette séquence où la ravissante Mari Tanaka, Ikuko, se retrouve nue contre un tableau couvert d'écritures de toutes les couleurs et caressée à l'aide de la brosse par son élève). Débordant d'idées et de plans tout aussi fous qu'audacieux, "L'école de la sensualité" est une fiction que l'on considérera malgré tout comme mineure dans la carrière de Noboru Tanaka (le ton léger de la comédie supplantant ici celui du tragique pourtant largement évoqué) mais qui, si elle a subi l'épreuve du temps (voir l'utilisation des filtres de couleurs), conserve son originalité des plus pétillantes, en plus d’être novatrice dans le monde du pinku eiga. D'une part, au vu de son discours (un élève tombe amoureux de sa prof et ira jusqu'à tuer pour avoir ne serait-ce qu'une étreinte avec elle), et son traitement (la comédie étant de mise, l'ensemble possède sans le vouloir un esprit "gag" que l’on retrouve dans chaque scène). Et, d'autre part, grâce à la qualité de l'érotisme proposé : de la scène finale entre Ikuko et Isao à l'orgie sur le bar avec la prostituée et ses habitués, des nombreuses séquences entre Ikuko et son futur mari, Morimoto, aux cours d'éducation physique dans lesquels ses mamelons apparaissent sous son moulant tee-shirt blanc, Noboru Tanaka fait preuve d'une certaine maîtrise dans l'art de la suggestion dont, déjà dans son génial "Osen la Maudite", et par le biais de l'ambiance érotico-fantastique, il se montrait maître. À moins que tout cela soit dû au scénariste en personne, Takehiro Nakajima, qui n'est autre que celui du fameux "Zatoïchi, le justicier". Mais ça, c'est juste pour la touche humoristique.

 

 

Grâce à ses vertus stimulantes et oniriques, "L'école de la sensualité" séduira donc de nombreux spectateurs. Tout comme les performances cumulées de Mari Tanaka et Nobutaka Masutomi, l'élève (dont ce n'est d'ailleurs que le deuxième film), qui aident pas mal. Mais, là où Noboru Tanaka frappe définitivement très fort, c'est dans la façon dont il met en scène les actes que les hommes sont nombreux à avoir imaginés, si ce n'est plus d'une fois dans leur vie, afin de parvenir à leurs fins avec une femme. Y compris le fait de tuer le compagnon de celle-ci. Purs fantasmes de la conscience, que chaque fois (ou du moins le plus souvent) cette dernière se contente d'atténuer avec brio, ils sont ici réalisés avec justesse (et cela fait mouche), avec un ton comique qui, dans le cas présent, viendrait alors à se justifier : parvenir à avoir une femme de la sorte est une farce, car tout ne peut être aussi facile. C'est en quelque sorte de l'ironie, du second degré bien pensé. Et à ce propos, évoquant la facilité, il est possible que la crédibilité de la relation entre Ikuko et ses élèves en pâtisse quelque peu. Au même titre que l'ensemble des rapports, et que les résultats des enjeux puissent paraître comme facilement amenés. Mais après tout, tout cela ne serait-il pas que la simple et agréable projection fantasmée de l'univers psychique d'un jeune garçon ? Si ce n'est celui de Noboru Tanaka plus jeune ?
Véritable oevre pink à la plastique surprenante et bandante, qui plus est dotée d'une Mari Tanaka sublime tant dans ses formes que dans ses gestes, "L'école de la sensualité" est une réussite qui, si elle ne demeure pas dans les réalisations majeures de la filmographie de Noboru Tanaka, touche à son but : être une œuvre graphiquement épique, transcendant ainsi l'allure plus traditionnelle que pourrait posséder un roman porno, et munie d'un souffle populaire et original bien trop puissant pour qu'on la sanctionne à cause de ses petits défauts scénaristiques.

 

The Hard

 

En rapport avec le film :

 

# La fiche dvd Wild Side du film "L'école de la sensualité"

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