Solomon Kane
Genre: Fantastique , Action , Aventures
Année: 2007
Pays d'origine: Grande-Bretagne / République tchèque / France
Réalisateur: Michael J. Bassett
Casting:
James Purefoy, Pete Postlethwaite, Rachel Hurd-Wood, Alice Krige, Jason Flemyng, Mackenzie Crook, Max von Sydow...
 

Dans un XVIe siècle ravagé par les guerres, le capitaine Solomon Kane est une redouble machine à tuer, aussi brutale qu'efficace. Armé des pistolets qui font sa marque, de sa dague et de sa rapière, lui et ses hommes laissent libre cours à leur soif de sang alors qu'ils combattent au nom de l'Angleterre d'un continent à l'autre. Pourtant, lorsque Kane décide d'attaquer une mystérieuse forteresse quelque part en Afrique du Nord, sa mission va prendre un tournant fatal... Un par un, ses hommes sont décimés par des créatures démoniaques, jusqu'à ce qu'il reste seul face à l'envoyé du diable, venu des profondeurs de l'Enfer pour s'emparer de son âme atrocement corrompue. Kane parvient à s'échapper, mais il sait qu'il doit maintenant se racheter en renonçant à la violence et en se consacrant désormais à une vie de paix et de pureté. Sa nouvelle spiritualité ne tarde pas à être mise à l'épreuve lorsqu'il revient dans une Angleterre dévastée par des hommes diaboliques à la solde d'un être masqué terrifiant, l'Overlord. Incapable d'empêcher le meurtre brutal des Crowthorn, une famille puritaine dont il est devenu l'ami, Kane jure de retrouver leur fille Meredith et de la libérer de l'esclavage... même s'il doit pour cela renouer avec ses anciens talents d'assassin et, du coup, perdre son âme. Sa quête va le conduire face aux plus sombres secrets de sa propre famille alors que tout le pays est menacé...

 

 

Parmi les personnages issus de l'imagination fertile de l'écrivain Robert E. Howard (1906-1936), le plus célèbre reste incontestablement Conan, c'est grâce à lui que l'écrivain connut une certaine renommée qui perdure de nos jours, et surtout commença vraiment à gagner sa vie. Mais résumer l'univers d'Howard aux aventures du cimmérien serait réducteur ; en effet Howard donnera vie à plusieurs héros et héroïnes tout aussi intéressants mais moins connus du grand public comme Agnés di Castillons, Turlogh Dubh O'Brien (Turlogh le Noir), Cormac Mac Art ou Steve Costigan. Parmi eux, Solomon Kane est sûrement le plus ancien, mais aussi le plus sombre et le plus sinistre (et peut-être le plus proche de son créateur), c'est surtout celui qui le fit remarquer en 1928, les aventures du cimmérien ne seront publiées qu'à partir de 1932. Des années plus tard, lorsque Conan fut adapté en bande dessinée par Roy Thomas & John Buscema, qui en profitent pour exhumer un autre personnage, la fameuse Red Sonja, ce fut de nouveau un grand succès. Les deux personnages connurent nombre d'aventures avant de se retrouver en chair et en os au cinéma. De son côté, Solomon Kane, pourtant l'antithèse du cimmérien, connaîtra lui aussi son petit succès via les comics. On pourra ainsi noter, en passant, son influence non négligeable, sans pour autant être cité directement, sur plusieurs productions, notamment deux films : le fameux "Capitaine Kronos", et surtout un certain "Van Helsing", dont les similitudes flagrantes vont même jusqu'à la tenue vestimentaire. Chez nous, les plus vieux se souviennent sûrement des deux tomes aux magnifiques couvertures publiées dans les années 80 chez Néo (Nouvelles Editions Oswald) dans la fameuse collection "Fantastique/Science Fiction/Aventure" dirigée par Hélène Oswald qui exhuma aussi "El Borak", "Steve Harrison" et d'autre héros Howardiens. Déjà, à l'époque, une adaptation cinématographique du puritain semblait être envisagée (poussée par celle de "Conan"), mais il semblerait que celle-ci, comme beaucoup d'autres projets, tomba dans l'enfer du développement pour ressurgir des années plus tard, suite au succès du "Seigneur des Anneaux" et autre "Narnia". Alors que, pourtant, l'univers sombre et barbare d'Howard, surtout influencé par Lovecraft (un ami et correspondant) et Edgar Rice Burroughs, n'a que peu de rapport avec le monde féérique de Tolkien, qui était plus influencé par l'imagerie catholique et la mythologie (germanique).

 

 

Howard ayant été des plus succincts sur les origines de son héros (on sait seulement qu'il embarqua au côté du fameux capitaine Drake), le scénariste pouvait alors librement broder sur le thème. Sur ce point, le travail de Michael Basset n'est pas mauvais, à défaut d'être original (mais peut-on encore l'être dans le domaine ?).
Voici donc notre puritain, fils cadet d'une grande famille, qui refuse l'autorité de son paternel, et de ce fait se voit donc banni du domaine familial ; mais sur le chemin du départ, il tue accidentellement son frère qui voulait abuser d'une jeune fille. Notre héros, rongé par la culpabilité, va se transformer en machine à tuer. Mais le destin va le ramener bien malgré lui vers ses origines, et accessoirement le chemin de la rédemption. Première réussite du film, c'est l'interprétation excellente de James Purefoy (Rome) dans le rôle titre, à la fois cruel, torturé et fanatique, il incarne le héros tourmenté d'Howard avec une conviction et une assurance qui sauvent souvent le film du naufrage. Car si le métrage de Bassett ne démérite pas, par moments il s'égare dans les méandres d'effets numériques censés rassurer la jeune populace égarée dans la salle. Si le prologue demeure intéressant, par les enjeux qu'il véhicule, on ne peut que regretter un final faussement spectaculaire et légèrement bâclé, où le réalisateur confond sorcellerie et jeu vidéo. Heureusement il y a le reste, de la retraite dans le monastère à la crucifixion, voilà un film à l'ambiance trouble (le mal rode partout et peut prendre la forme d'une petite fille) qui restitue avec justesse l'univers des roman si bien décrit dans l'introduction du premier recueil, "Tout se passe comme si par sa seule présence le monde devenait fantastique".

 

 

On regrettera l'apparence un peu pataude des méchants et l'identité du fameux Overlord, qui ressemble plus au Jason de "Vendredi 13" qu'à un chevalier. En contrepartie, on assiste à une magnifique séquence de crucifixion, un prêtre qui garde ses ouailles contaminées dans les sous-sols de son église, les nourrissant de voyageurs égarés, et surtout la résurrection spirituelle du personnage qui, suite à son serment envers les Crowthorn (Pete Postlethwaite) devient enfin "Solomon Kane", le tout bercé par la magnifique musique de Klaus Baldelt. Loin d'être un chef d'œuvre, "Solomon Kane" est un petit film sans prétention qui trace son sillon entre les grosses productions, donnant vie à un nouveau personnage mythique, une sorte de "Punisher" puritain dont la mission serait non plus de combattre les criminels mais bien le mal sous toutes ses formes.
Pour une fois, saluons le courage des producteurs qui ont résisté à la tentation de transposer le personnage à une époque plus connue ou de le changer de nationalité (voir "Constantine") et surtout de rappeler à toute une génération que la "dark fantasy" n'est pas née avec les consoles de jeu mais bien dans l'imagination de précurseurs comme H.P. Lovecraft ou Robert E. Howard. Si le film de Bassett peut décevoir, il a le mérite d'avoir enfin réussi à matérialiser en chair et en os le héros d'Howard et de lui avoir donné un visage. Sans aucun doute, l'acteur James Purefoy est Solomon Kane ; pour le reste, suivant vos inclinaisons, vous gouterez ou non aux joies de ce métrage d'aventure saupoudré d'une bonne dose de fantastique.

 

 

The Omega Man

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