Harlin, Renny |
Écrit par The Omega Man |
Si hors de son pays Frontière Interdite / Born American n'est pas un succès colossal, il permettra au réalisateur Renny Harlin (enfin repéré par Hollywood) de se retrouver aux commandes de deux solides séries B : "Prison" et "Freddy 4". La première est une réussite et la seconde marque la montée en puissance de la franchise. En 1990, c'est la consécration et, après avoir perdu une année sur "Alien 3", il quitte le projet et réalise "58 minutes pour vivre", suite directe de "Piège de Cristal", pour laquelle il ne dévie pas d'un iota de son style. Il signe une bande dessinée et massacre allégrement des centaines de personnes en faisant s'écraser un avion. Pur plaisir coupable, le film remplit les salles. Harlin se retrouve alors aux commandes de "The Adventures of Ford Fairlane", produit par Joel Silver et qui met en vedette le méconnu chez nous Andrew Dice Clay. Le film fait un flop (imaginez un film mettant en scène Dieudonné et produit par Besson, cela vous donnera une idée du style de la chose !). Il enchaîne alors avec "Cliffhanger, traque au sommet", gros succès de nouveau.
Sa vie privée est au beau fixe et, en 1993, il épouse l’actrice Geena Davis. Cette union va donner naissance non pas à deux enfants mais à deux films mégalomanes que le réalisateur offre en cadeaux à son épouse : le résultat est catastrophique ! "L'Île aux pirates" est un désastre et ruine la Carolco Pictures qui avait au préalable déjà abandonné un autre projet, "Crusade" de Paul Verhoeven afin de financer le film de Harlin. Alors que "Au revoir à jamais" ne fait pas mieux, le couple semble ne pas résister à ces désastres successifs et divorce.
En 1999, Renny Harlin rebondit là où on ne l'attend pas et livre "Peur bleue", une histoire de requin génétiquement modifié qui bouffe tout sur son passage. Un rien excédé par son divorce, il fait dévorer son héroïne dans la bobine finale ! "Ce gars ose tout !" c'est désormais son étiquette en forme de leitmotiv ! Il retrouve du coup Stallone pour "Driven", une virée en "Champ Cars". Plus drôle qu'un album de Michel Vaillant, "Driven" est une purge de compète dopée aux effets numériques. Par la suite, le réalisateur se lance dans une série de films insignifiants ("Cleaner", "The Covenant" alias "Le Pacte du sang") mais dont certains se démarquent : "Profession Profiler", totalement invraisemblable mais plutôt amusant et sympathique, "12 Rounds", un film bourrin et plutôt correct avec John Cena, star du WWF, ainsi que le confidentiel "5 Days of War", un film politique que quasiment personne n'a vu. Il s'essaie même au found footage avec "Devil's Pass" (alias "The Dyatlov Pass Incident").
Il convient de signaler également que, dans un de ces moments d’incohérence totale, des producteurs déstabilisés demandent son intervention sur "L'Exorciste 4" (Dominion: Prequel to the Exorcist) : le résultat tourné par Paul Schrader étant jugé médiocre est du coup substitué par "L'Exorciste : Au commencement" qui fait alors office de version alternative. Selon la rumeur, il paraît que le Diable lui-même s'est pissé dessus en visionnant la chose !
Cet échec n'entame en rien la motivation de notre réalisateur qui va rebondir une fois encore là où on l'attend le moins. En effet, Renny Harlin décide de s'exiler en Chine et y réalise successivement "Skiptrace" (La Filature) avec Jackie Chan et Johnny Knoxville, "Legend of the Ancient Sword", adaptation d'un jeu vidéo, et "Bodies at Rest".
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