Ville accuse, La
Titre original: La polizia accusa: il servizio segreto uccide
Genre: Poliziesco
Année: 1975
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Sergio Martino
Casting:
Luc Merenda, Mel Ferrer, Delia Boccardo, Michele Gammino, Claudio Gora, Tomas Milian, Antonio Casale...
Aka: L'accusé
 

Notre film commence par une série d'accidents ou de suicides déguisés. Ils frappent tous de hauts dignitaires de l'armée qui sont éliminés par une force secrète. Un autre homme, un ingénieur, est assassiné chez lui et on suspecte une jeune prostituée encore bien jeune d'être l'auteur du crime. L'inspecteur Giorgio Solmi est sur le coup et, assez vite, il devine que quelque chose ne va pas, que l'évidence cache quelque chose. Le juge d'instruction désigné pour l'affaire, Mannino (Mel Ferrer), est d'un autre avis. Pour ce dernier, l'affaire est claire, limpide, et il doit d'ailleurs la boucler assez vite car "on" attend en haut lieu des résultats.

 



Toutefois, l'inspecteur Solmi suit deux pistes : trouver d'une part la jeune prostituée qui a disparu et, d'autre part (et à tout hasard), charger ses deux seconds de planquer près de la villa de l'ingénieur, des fois que l'assassin -le vrai - revienne sur ses traces.
La jeune prostituée est retrouvée et elle s'accuse naturellement des meurtres. L'affaire semble classée. Mais la seconde piste, celle de la surveillance, permet de surprendre un voleur qui a accédé à une pièce secrète. Celle-ci contient des bandes magnétiques sonores et, sur ces bandes, il entend clairement les préparatifs d'un coup d'état qui relie les meurtres/ faux accidents des militaires du début. Le simple homicide devient alors une affaire d'état extrêmement sensible mais Solmi s'entête, alors que ses témoins sont assassinés les uns après les autres, que les preuves s'envolent également les unes après les autres, et que l'un de ses adjoints meurt dans une explosion de voiture qui lui était destinée… Il doute même de l'intégrité du procureur Mannino, mais il trouve un relatif soutien près d'un officier des services secrets, le Capitaine Mario Sperli, qui lui confirme qu'il marche sur des œufs...

"La Ville accuse" est un film à mécanismes qui, sous couvert, d'enquête policière, plonge ses protagonistes dans une affaire qui les dépasse, et dont ils doivent à tout prix s'éloigner pour rester en vie. Nous sommes certes dans le contexte du film policier, mais pas réellement celui du super flic.
L'inspecteur doute, il sent que la société ou les comportements s'étiolent autour de lui, mais il tient à garder le cap autour de lui pour trouver un sens à sa mission. Trente cinq ans plus tard, ce contexte demeure toujours aussi pertinent.
Il s'agit donc du contexte d'affaire d'état où tous (et tout ou presque) demeurent contre le héros, et bien malin sera celui qui devinera qui est en réalité un allié ou un antagoniste.

 



Ainsi, "La Ville accuse" demeure un croisement entre le policier italien et des films tel que "I comme Icare". Seuls le fameux "Cadavres exquis" ou encore "La police a les mains liées" ont eu le courage d'aborder un thème pas si saugrenu que cela : un coup d'état qui se préparait alors dans les antichambres de la République italienne.
D'ailleurs, en y regardant historiquement de plus près, la fameuse loge P2 * rassemblait de très hauts dignitaires de l'état italien, politique, juridique ou militaire (plus grave), et elle était assez probablement financée par la C.I.A. Certains de ses membres n'ont d'ailleurs pas eu à se plaindre des appuis et des ouvertures qu'elle procurait alors ; puis Giancarlo Parretti reprit à la fin des années 80 la M.G.M., et Silvio Berlusconi en profita également.
C'est donc, à mon sens, sous cet aspect que "La Ville accuse" doit s'apprécier, et le courage qu'il a fallu pour faire ce film montre que cette œuvre policière, aux qualités moins dynamiques que "La police a les mains liées", demeure un film assez hardi dans l'ambition, mais aux qualités formelles assez moyennes, bien que la fin préfigure quelque peu un des chefs d'œuvres de ce courant : "Salut les pourris".
Un film à voir, bien que ce ne soit pas le meilleur Sergio Martino, même si le cinéaste n'eut pas les moyens matériels pour crédibiliser ce qu'il montrait à l'écran.



* Notons qu'en France, nous eûmes le Service d'action civique (S.A.C.) qui s'était sérieusement demandé s'il fallait porter au pouvoir le fils du Général De Gaulle. Heureusement, le phénomène fut moins important, voire presque marginal.

Bastien

 

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