Petite fille au bout du chemin, La
Titre original: The Little Girl Who Lives Down The Lane
Genre: Thriller
Année: 1976
Pays d'origine: Etats-Unis / Canada / France
Réalisateur: Nicolas Gessner
Casting:
Jodie Foster, Martin Sheen, Alexis Smith, Mort Schuman, Scott Jacoby...
 

Un soir d'Halloween, dans une petite ville de bord de mer du Canada, Rynn Jacobs (Jodie Foster) s'apprête à fêter seule son treizième anniversaire dans la maison de son père. Voici que débarque de façon inopinée Frank Hallet (Martin Sheen), le fils de la propriétaire, un adulte qui semble attiré de façon plutôt malsaine par Rynn. Celui-ci se voit contraint de partir grâce à une visite inopinée d'enfants venus pour le Trick-or-Treat de circonstance. Plus tard, il l'attendra dans sa voiture, devant chez elle, guettant ses allées et venues pour enfin lui proposer un tour en bagnole. Rynn n'est pas dupe de la pédophilie latente du jeune homme, mais elle décide de l'ignorer ou feindre de l'ignorer.

 

 

Un peu plus tard, Cora Hallet (Alexis Smith), la propriétaire, se pointe au domicile de Rynn. Son but est de découvrir où se trouve le père de Rynn. Il est vrai que personne ne le voit jamais, au point où cela en devient intrigant, surtout au regard de l'âge de la jeune fille. Madame Hallet est une fouineuse. Elle compte bien se renseigner également sur le comportement qu'a pu avoir son fils avec Rynn. Cette dernière se contente de railler la femme à propos de son fils. Les réponses promptes de Rynn ainsi que son assurance perturbent Mme Hallet. La situation se fait encore plus tendue lorsque la propriétaire décide d'aller chercher des pots de confitures à la cave. Rynn refuse de façon catégorique. La frustration prime chez Mme Hallet qui commence à se faire plus menaçante.
En ville, Rynn se heurte de nouveau à Frank, mais ce dernier est dissuadé par l'apparition de l'Officier Miglioriti (Mort Shuman), faisant sa ronde dans sa voiture de police. L'officier Miglioriti reconduit Rynn à sa maison. Entre eux, commence à s'établir une sorte d'amitié. Cependant, comme tout le monde, il est également très curieux de savoir où se trouve ce père qu'on ne voit jamais. La réponse de Rynn est toujours la même : Celui-ci travaille à écrire dans sa chambre, aime à vivre reclus et ne veut sous aucun prétexte être dérangé. Miglioriti a du mal à croire à cette version mais décide d'en rester là. Pour le moment.
Cependant, les choses vont s'accélérer et tourner à une succession de drames dès lors que, tenace, Madame Hallet revient dans cette mystérieuse maison où on lui refuse de lui visiter la cave. Celle-ci s'obstine alors et ouvre elle-même la trappe de cette cave si mystérieuse. Elle semble terrifiée parce qu'elle aperçoit et se met à pousser des cris d'horreur avant de commencer à se battre avec la porte de la cave, laquelle s'abat sur le sommet du crâne. Lorsque Rynn rouvre la trappe, Mme Hallet gît au sol, ensanglantée, et morte...

 

 

Adapté de la nouvelle de Laird Koenig ("Soleil rouge", "Attention, les enfants regardent"...) et scénarisé par celui-ci, "La petite fille au bout du chemin" est un excellent "petit" thriller qui, s'il pourra paraître simple de prime abord, révèle au final de nombreuses et complexes ramifications, sollicitant régulièrement le spectateur, et posant un nombre assez stupéfiant de questions. Des questions du reste le plus souvent ambiguës.
Quelle part d'indépendance peut avoir un enfant de cet âge ? En particulier si celui-ci est différent et précoce, et, à l'instar de Rynn Jacobs, ose rêver en grand et mener à bien ses projets de la façon la plus déterminée, voire impitoyable, qui soit. Une drôle de thématique qui ne quitte jamais le film de Nicolas Gessner, lequel repose brillamment sur les épaules déjà larges de la jeune Jodie Foster, sortant tout juste du tournage de "Taxi Driver".
Une fille de treize ans qui aime Emily Dickinson, une fille qui peut comprendre les intentions d'un jeune homme à la sexualité déviante, une fille qui ne courbe pas l'échine devant une propriétaire menaçante, une fille qui se révèle insolente quand bon lui semble et le plus souvent à propos, une fille qui pourrait comprendre pourquoi son père a voulu se tuer et pourquoi maintenant elle doit faire au mieux dans sa vie sans accepter de compromis avec qui que ce soit.

 

 

Ce qui aurait pu accoucher d'un spectacle des plus statiques et ennuyeux, notamment et surtout par la présence d'une quasi unité de lieu (ici, presque tout se déroule dans le salon de la maison de Rynn), devient matière à imposer une atmosphère à la fois trouble, délétère, claustrophobe, inquiétante et même planante.
Finalement, quel que soit le personnage qui parcourra la pièce, il sera une menace. Que ce soit la propriétaire autoritaire, le fils pervers ou bien ensuite ce policier italien, une chose dissimulée restera une chose dissimulée, et finalement qu'importe que la personne soit motivée ou non par les meilleures intentions. L'unique chose qui pourra la perdre sera la confiance. Celle-ci pointera bien le bout de son nez lorsque Rynn commencera à s'enticher du jeune Mario (Scott Jacoby), ce dernier devenant même son confident.
On doit cette belle réussite à Nicolas Gessner, qui orchestre l'ensemble avec maestria. Un réalisateur assez peu productif dont le film précédent, un autre thriller, "Quelqu'un derrière la porte", avec Charles Bronson et Anthony Perkins, date de 1971 et qui ne retournera pas avant 1980 ("Deux affreux sur le sable"). Soit, on se doute bien qu'il y a anguille sous roche, et l'on anticipe assez vite sur ce que cache comme secret Rynn Jacobs. Mais la manière habile dont Gessner nous laisse les indices donne toute son atmosphère au film ; une atmosphère souvent proche d'un conte vénéneux pour enfants ou plus précisément pour adolescents pervers ou que le conteur même viendrait pervertir. Sans l'aide d'aucune scène grand-guignolesque, se succèdent d'excellentes séquences qui restent en mémoire. Ce n'est certainement pas le pauvre hamster qui se fait brûler à coups de cigarette avant de se voir jeter dans la cheminée qui dirait le contraire...

 

 

Le casting est excellent. Jodie Foster, quitte à redire ce qui a été dit mille fois, est vraiment stupéfiante ; Martin Sheen est parfait lui aussi dans un rôle déjanté, à la psyché pour le moins perturbée. Idem pour la méconnue Alexis Smith qui a déjà plus de trente ans de carrière lorsqu'elle vient jouer ici le rôle de la proprio. Quant à Mort Shuman, on pourra bien se gondoler d'avance de sa présence au générique, il n'empêche qu'il est parfait dans le rôle du flic à la fois perplexe et décontracté.
Non, décidément, cette "petite fille au bout du chemin" est une indéniable réussite que le temps n'émousse pas. Belle et atypique, par moment envoûtante, globalement captivante, elle se revoit toujours avec plaisir.

Mallox

 

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