Ile inconnue, L'
Titre original: Unknow Island
Genre: Fantastique , Agressions animales , Aventures
Année: 1948
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Jack Bernhard
Casting:
Virginia Grey, Richard Denning, Barton Mac Lane, Phillip Reed, Richard Wessel, Daniel White, Philip Nazir...
 

Un couple d'américains, Ted Osborne et sa fiancée Carole Lane, recrute dans le port de Singapour le Capitaine Tarnowski, louche patron d'un cargo louche, pour une expédition vers une île inconnue du Pacifique sud qu'Osborne pense peuplée d'une faune inchangée depuis la préhistoire. Les accompagne dans ce périple John Fairbanks, épave alcoolique qui prétend être le seul survivant d'une précédente expédition sur cette île. L'équipage malais, tenu dans un premier temps dans l'ignorance de la destination du bateau, tente de se rebeller en se rendant compte qu'il est mené vers un lieu à la sinistre réputation dans les superstitions locales. Mais l'énergique Tarnowski mate les mutins, littéralement, à coups de trique. Le climat est lourd quand le cargo arrive enfin aux abords de "l'île du crâne", ah non, pardon, de l'île inconnue, d'autant plus que la belle Carol Lane, véritable reine des abeilles dans cet univers masculin, est courtisée ouvertement par Tarnowski et de façon plus subtile par un John Fairbanks devenu sobre...

 

 

Et bien voilà une curiosité cinématographique difficile à classer : ni pépite oubliée du cinéma d'aventure, ni "nanar de compétition", et en même temps un peu des deux. Un film schizophrène qui peut laisser le spectateur dubitatif ou au contraire le charmer.
D'un coté nous avons une honnête série B d'aventure, certes un peu fauchée, mais bénéficiant d'une interprétation très solide et assez correctement mise en scène, malgré des partis pris dans la réalisation parfois étranges. De l'autre, un incroyable défilé de "craignos monsters", tous plus ridicules les uns que les autres, dont les apparitions successives repoussent les limites du grotesque en un crescendo qui aboutira au "prodigieux" combat final.
Cette dichotomie se ressent d'ailleurs visuellement à l'écran, les scènes d'extérieurs avec les monstres ont un aspect beaucoup plus délavé que les scènes de studio avec les acteurs, les uns n'interagissant jamais avec les autres autrement que par champs/contrechamps (à part quelques rares moments où les comédiens jouent devant un écran projetant des prises de vues des "monstres").

 

 

La présente critique aurait été beaucoup plus facile si ce film était ce qu'il espérait être (un "rip off" honnête de la partie insulaire de King Kong), ou, ce que les captures qui l'émaillent (la critique) laissent à penser qu'il soit (une nullité rigolote). Ici je fais une pause pour admirer le nombre de répétitions du verbe être dans la phrase précédente.
Car ce film peut, malgré tout, s'apprécier au premier degré, les parties avec les "craignos monsters" étant suffisamment espacées, courtes et diversifiées (et, disons le, involontairement drôles) pour ne pas rebuter quelqu'un de complètement hermétique à la notion même de "nanar" (le vilain mot) comme le rédacteur de ces lignes. A l'inverse, pas sûr que quelqu'un qui visionnerait ce film dans le but unique de s'en moquer y trouverait son comptant.
Mine de rien, ce film marque une date historique dans l'histoire du cinéma, enfin plutôt dans l'histoire de la représentation des dinosaures au cinéma ; pour la première fois, ils ne sont pas incarnés par des maquettes en "stop motion" ni par des iguanes grimés, mais par des acteurs dans des combinaisons de caoutchouc (et quelles combinaisons !), ceci dix ans avant les "Godzilla" de la Toho. Il me plait à croire que sans cette "île inconnue" les Kaiju Eiga n'existeraient pas.
Mais ce n'est pas tout, car seul les tyrannosaures (ou plutôt les ceratosaures, car ils sont cornus) sont incarnés de cette manière (avec un primate géant mais j'y reviendrai), parce qu'on a aussi droit à des brontosaures (ou des diplodocus, enfin de grosses bestioles amphibies) sur rails, à l'animation limitée à un mouvement vertical du cou, et surtout (mes préférés) des dimétrodons rampants (en fait, tirés par un câble) en bougeant spasmodiquement des membres. Moins original, le sous King Kong à la fourrure orangeâtre n'en est pas moins l'un des plus ridicules "figurants en peau de bête" du cinéma ; il serait incarné par Ray "Crash" Corrigan, le grand spécialiste de la défroque simiesque.

 

 

Anecdote amusante : la partie "dinosaurienne" du film ayant était tournée dans le désert de Palmdale, à la périphérie de Los Angeles, sous un soleil de plomb, l'un des figurants en tenue de ceratosaure s'écroula, victime d'un malaise, sa chute fut conservée pour le film et utilisée pour représenter la bête terrassée par un jet de grenade.
La partie "sérieuse" du film a, quant à elle, été tournée entièrement en studio ; et malgré un budget serré, la jungle est reconstituée de façon acceptable, au moins comparé aux dinosaures. Et si on peu qualifier cette partie de "sérieuse", c'est grâce à son casting solide bien que très marqué série B. Dans l'unique rôle féminin, on trouve la jolie Virginia Grey, à l'époque fiancée à Clark Gable (qui ne l'épousera jamais), dans celui du blond héros on a Richard Denning, un habitué des films de SF à petit budget et vedette entre autres du mythique "Black Scorpion". Le truculent mais antipathique Capitaine Tarnowski est incarné par le vétéran Barton Mc Lane, grand spécialiste des rôles de "loup de mer". Phillip Reed, qui joue le peu fiable petit ami de l'héroïne, est le moins connu des quatre acteurs principaux, sa carrière ne s'en étend pas moins sur quatre décennies.
Le réalisateur de cette "île inconnue" est l'obscur Jack Bernarhd, à la courte mais prolifique carrière de metteur en scène (pas moins de douze films en quatre ans). Ayant débuté comme producteur associé pour la "Universal", il devint réalisateur pour des productions indépendantes (parfois les siennes) distribuées par les plus désargentées des compagnies de la "Poverty Row". Ses films sont pour la plupart des "policiers", aujourd'hui oubliés mais ayant une assez bonne réputation. On lui doit, dans ce film ci, quelques idées de mise en scène originales mais pas vraiment heureuses, comme la surimpression d'une image de compteur de manomètre durant les séquences de mutinerie ; ou le montage ultra découpé du combat entre le gorille géant et un ceratosaure, avec gros plan du visage du singe agressant une caméra qui adopterait le point de vue du dinosaure (en vue subjective).

 

 

Incontestablement, cette "île inconnue" n'est pas un chef d'oeuvre, mais ne boudons pas le plaisir que constitue la vision de ce film divertissant aux multiples charmes.

 

Note : 6,25/10

 

Sigtuna

 

En rapport avec le film :

 

# La fiche dvd Artus Films de "L'île inconnue"

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