Château des morts-vivants, Le
Titre original: Il castello dei morti vivi
Genre: Horreur , Gothique
Année: 1964
Pays d'origine: Italie / France
Réalisateur: Lorenzo Sabatini, Luciano Ricci, Michael Reeves
Casting:
Christopher Lee, Gaia Germani, Philippe Leroy, Luciano Pigozzi, Donald Sutherland, Mirko Valentin, Jacques Stany...
 

Durant la première moitié du XIXe siècle, après les guerres napoléoniennes, en Italie - Sur la place d'un village, la foule s'est rassemblée pour ce qui ressemble fort à une exécution publique par pendaison. Mais il s'agit en réalité d'un numéro interprété par une petite troupe de théâtre en représentation.

 

 

La troupe en question est composée de la belle Laura, seule femme entourée de son frère Bruno, de Gianni le sourd-muet, Nick le nain, et Dart qui officie en tant qu'Arlequin. Au loin, un homme caché dans un carrosse a observé le spectacle. Il s'agit du comte Drago, qui dépêche peu après son serviteur afin de remettre une missive aux artistes. Contre une rémunération intéressante, l'aristocrate invite la troupe à exécuter le numéro dans son château. Nos baladins sont ravis de l'aubaine, car ils sont pauvres, et Bruno, qui gère les gains recueillis par le groupe, se montre plutôt avare lorsqu'il s'agit de partager les recettes.
Cette attitude agace ses partenaires, et le soir un conflit oppose Dart et Bruno dans une taverne. Une bagarre qui prend une mauvaise tournure, et c'est un ancien militaire, Eric, qui finit par s'interposer entre les deux hommes avant qu'ils ne s'entretuent. Dart, fou de rage, abandonne le groupe, et vole le cheval d'Eric. Sans emploi (la guerre est finie), sans monture, Eric accepte la proposition de Bruno. Il rejoint la troupe, endossant le rôle d'Arlequin devenu vaquant. Sur la route qui conduit les artistes au château du comte Drago, quelques événements curieux surviennent : la découverte d'un oiseau mort mais parfaitement conservé, et la rencontre avec une sorcière venant leur annoncer une prophétie, et les mettre en garde contre le château où ils se rendent, un endroit maudit dans lequel la mort sera au rendez-vous...

 

 

Le château des morts-vivants a pu être considéré, à tort ou à raison, comme une oeuvre mineure dans la filmographie exceptionnelle de Christopher Lee ; il n'en demeure pas moins qu'il s'agit là d'un film intéressant à plus d'un titre. On y retrouve d'ailleurs un autre acteur légendaire (et toujours vivant), partageant avec Christopher Lee cette singularité d'être aussi grand par la taille que par le talent. Il s'agit de Donald Sutherland, qui est à l'époque un parfait inconnu (contrairement à Lee), puisque le Canadien n'a fait jusque là que de la figuration pour la télévision. Le château des morts-vivants constitue donc sa première apparition sur le grand écran, et qui plus est dans un double rôle, celui d'un sergent de police et, plus étonnant, celui de la vieille sorcière (il est quasiment méconnaissable, seuls ses yeux le trahissent). Christopher Lee, quant à lui, est en pleine période gothique, et il tourne beaucoup en Italie, avec Mario Bava ("Le corps et le fouet"), Antonio Margheriti ("La vierge de Nuremberg") ou encore Camillo Mastrocinque ("La crypte du vampire").


Curieusement, Le château des morts-vivants débute plutôt comme un film d'aventures, et le rôle dévolu à Philippe Leroy (Eric) rappelle en partie celui de Jean Marais dans "Le Capitaine Fracasse". Dans le roman de Théophile Gautier, le héros rencontre en effet, par hasard, une troupe de comédiens. Il remplace l'un des leurs, et tombe amoureux du personnage féminin principal. C'est ce qui arrive au capitaine Eric, également, mais le film bifurque, dès lors que les protagonistes arrivent au château du comte Drago, dans un cadre horrifique et gothique typique des productions italiennes de l'époque. Philippe Leroy, autre légende vivante, avait déjà fait son trou dans le 7ème art (grâce à Jacques Becker), mais c'est en Italie que l'acteur français aura accompli l'essentiel de sa carrière (comme Luc Merenda, à la différence que Leroy poursuit toujours son métier d'acteur).

 

 

Accompagnant ce magnifique trio d'acteurs, on note la présence de figures récurrentes du cinéma de genre, tels Luciano Pigozzi (sosie de Peter Lorre), Jacques Stany et Ennio Antonelli. Unique personnage féminin du film, la belle Laura est incarnée par Gaia Germani (qui est italienne, comme son nom l'indique). Elle est surtout renommée pour sa présence dans plusieurs films d'espionnage, mais elle joua également dans Hercule contre les vampires, "I maniaci" et Le diable dans la tête. Cette très bonne actrice se retrouva en plusieurs occasions dans des productions françaises, comme "L'oeil du monocle" et le mythique "Bang Bang" avec Sheila. Elle disparaîtra malheureusement des écrans au milieu des années 1970. Finissons, en ce qui concerne le casting, avec l'interprétation incroyable de Mirko Valentin, au faciès inquiétant, dans le rôle du serviteur de Drago. Cet acteur peu connu, qui avait d'ailleurs joué l'année précédente avec Christopher Lee dans "La vierge de Nuremberg", possédait vraiment une "gueule" que l'on n'oublie pas, un peu comme Reggie Nalder. Dommage qu'il n'ait pas eu une carrière plus importante.

La réalisation du film entretient encore, à ce jour, quelques doutes, car la paternité de l'œuvre serait partagée entre trois personnes : Luciano Ricci ("Seul contre Rome", en 1962, avec déjà Philippe Leroy), Lorenzo Sabatini, et un tout jeune Michael Reeves, initialement appelé sur le tournage comme assistant réalisateur. L'apport des trois hommes à la mise en scène n'altère en rien, néanmoins, l'impression d'unité et de cohésion qui se dégage de l'œuvre. Soulignons également le travail remarquable d'Aldo Tonti en tant que directeur de la photographie. La musique fut quant à elle confiée à Angelo Francesco Lavagnino qui, s'il n'est pas le plus connu des compositeurs, a pourtant signé aux alentours de deux cents bandes originales, parmi lesquelles celles de Béatrice Cenci, "Le colosse de Rhodes" et Le Spécialiste. La partition du film fut dirigée par Carlo Savina, et à ce propos, certains passages dans Le château des morts-vivants seront repris quelques années plus tard par le même Savina dans "Les nuits sexuelles" de Filippo Walter Ratti. A signaler, enfin, que la B.O. du film, dans la version doublée en anglais, diffère par moments de la version originale (notamment le générique du début). Il en va de même pour les dialogues, sujets à quelques changements d'une version à l'autre.

 

 

Le château des morts-vivants, malgré son titre trompeur (point de zombies, de goules ou de vampires), fait partie des bons crus du cinéma gothique italien, avec un Christopher Lee arborant un maquillage le rendant particulièrement sinistre. Il incarne à la perfection un scientifique dément se livrant à des expériences sur la taxidermie, à la différence prêt qu'il a mis au point un sérum meurtrier ayant la faculté d'embaumer la victime, si bien que son cadavre devient inaltérable. Les extérieurs ont été tournés dans deux lieux magnifiques, ayant servi de cadre pour le cinéma en maintes occasions : le château de Brasciano, ayant appartenu à la famille des Medicis, et le Parc des monstres à Bomarzo, peuplé de sculptures gigantesques en pierre à l'effigie d'animaux ou de créatures monstrueuses.


Sans être foncièrement original, voilà un film d'horreur dont l'atmosphère gothique devrait ravir les inconditionnels. Et, ne serait-ce que pour la scène où le comte Drago et son serviteur rient aux éclats et applaudissent lorsque l'infortuné Bruno, préalablement drogué, est pendu pour de vrai lors du spectacle, Le château des morts-vivants est à voir absolument.

 

 

Note : 8/10

Flint

 

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