Killer's Nocturne
Titre original: Bat ye tin
Genre: Drame , Action
Année: 1987
Pays d'origine: Hong Kong
Réalisateur: Nam Nai Choi
Casting:
Alex Man, Patricia Ha, Chin Siu Ho, Patrick Tse...
 

Il y a une certaine tradition du film de jeux à Hong Kong, que ce soit les cartes, les dés, ou le mah-jong, impulsée notamment par Wong Jing (un producteur, réalisateur, acteur, etc.) mais pas seulement. Ici, c'est ce fou furieux de Nam Nai Choi qui s'y colle et, avec lui, on pense forcément outrances en tous genres, franchissement des limites et explosion des codes. On n'a pas tout à fait tort puisqu'il nous offre cette fois-ci, en clous du spectacle, un match de boxe contre un kangourou (oui oui, vous avez bien lu), des bastons mortelles avec armes insolites (ici, un disque 45 tours cassé en deux, idéal pour les égorgements) et un combat final excessivement violent et mortifère pour ses protagonistes.

 

 

Chouette ! Un bon Nam Nai Choi, quoi ! Eh bien non, malheureusement. Si les séquences guillerettes citées plus haut font partie des attraits de ce film, il y en a beaucoup d'autres qui ne présentent qu'un intérêt limité, lorsqu'elles n'en sont tout simplement pas dénuées. Les scènes de jeu, d'abord, lentes et répétitives, où des adversaires retournent des tuiles (c'est le nom de ces petites pièces de bois), pour gagner une partie de mah-jong dont les règles me sont passablement obscures... Même si l'enjeu de la partie est parfois la vie d'un des 4 adversaires (ou deux pour les duels), le fait de ne piger que pouic à ce qui se passe sur la table est nettement facteur d'ennui.

 

L'histoire ensuite, assez classique, mêlant mainmise d'un gangster brutal de retour au pays sur les cabarets de Shanghai et les cercles de jeu, et vengeance d'icelui vis-à-vis de l'ex "Roi du jeu". Un ex retiré des affaires mais qui l'a autrefois vaincu d'humiliante façon et dont la mort entraînera, à son tour, le désir de vengeance de son fils plongé dans la spirale infernale de la vendetta et de l'honneur lavé dans le sang. Se greffe, là-dessus, une charmante présence féminine en la personne de Miss Autumn, jolie chanteuse convoitée par les deux principaux protagonistes et dont la vie sur scène est plus douce que la vie réelle. Sans oublier les divers faits d'armes de quelques sous-fifres éliminant de façon définitive quiconque se placerait sur le chemin du nouveau Roi du jeu...

 

 

Pas mal d'action, donc, mais trop souvent diluée dans une trame lâche et ponctuée d'un humour qui tombe à plat au cours de la première demi-heure (la séquence de tennis avec le frère et la sœur à grosses lunettes rondes, par exemple). Pas mal de sang, aussi, Nam Nai Choi se montrant fidèle à sa réputation de cinéaste ne répugnant pas à faire gicler l'hémoglobine et à tordre le cou au bon goût et à ses personnages. Mais ces combats, là encore, se trouvent décrédibilisés par leur caractère paroxystique, sans pour autant atteindre à cette forme de poésie brute et brutale de l'image choc qui a fait l'aura de ce réalisateur hors-normes. A cet égard, la séquence finale, si elle est véritablement l'apothéose du film, finit par être trop surréaliste, le héros se prenant tant de coups qu'il devrait être proprement démantibulé mais se relevant toujours pour en asséner d'autres à ses ennemis, beaucoup moins résistants que lui. Et que dire de la lutte contre le kangourou !?! Alors que le héros en fuite se forme et s'endurcit au cours de matches de boxe clandestins, c'est un animal qu'on finit par lui opposer ! Séquence incongrue, elle est à la fois un très grand moment du film mais l'un des pires aussi puisqu'elle apparaît totalement à côté de la plaque, sans autre justification que d'offrir un truc différent, pas encore vu à l'écran, résolument barge.

 

 

Pour celui qui est prêt à se farcir une histoire plan-plan de triades rivales et d'amourettes charmantes pour bénéficier de quelques instants de grâce Namnaichoïesques, Killer's Nocturne peut donc se révéler satisfaisant, mais sans plus. Pour les autres, dont je suis, les plombantes séquences de jeu et l'intrigue passe-partout mâtinée d'humour pataud se révèleront définitivement soporifiques et ils gagneront à se replonger dans les autres œuvres de ce petit maître du déjanté, telles que The Seventh Curse, Riki-Oh ou même The Cat, bien meilleures et bien plus réussies.

 

Bigbonn

 

En rapport avec le film :

# La fiche dvd Metropolitan Filmexport de Killer's Nocturne

 

* La bande-annonce sur la PsychovisionTV :

 

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