Beyond Atlantis
Genre: Science fiction , Fantastique , Aventures
Année: 1973
Pays d'origine: Philippines / Etats-Unis
Réalisateur: Eddie Romero
Casting:
Sid Haig, Patrick Wayne, John Ashley, Leigh Christian, Lenore Stevens, George Nader, Vic Diaz...
 

Un beau brin de femme (Leigh Christian) s'approche d'une plage de sable fin, un collier de perles autour du cou. Elle se déshabille puis s'en va nager dans les profondeurs d'une mer argentée pour y ramener des perles. Le temps dont elle s'avère capable de rester sous l'eau ne trompe pas : ce beau brin de femme est une sirène !
Revenue dans son camp, elle voit un vieux marin se faire cruellement châtier par une drôle de tribu, dont l'un des membres le transperce d'une lance dans le dos pour avoir osé profaner le territoire et venir y piller ses richesses. La tribu, a priori génétiquement "poissonnée", semble avoir un chef (George Nader) quant à lui tout ce qu'il y a de plus humain, malgré son nom à consonance mythologique (Nereus).

 

 

Dans le même temps, un pêcheur, surnommé "Manuel le barracuda" (Vic Diaz), ramène une perle d'une valeur inestimable, trouvée au large d'une île dont lui seul semble connaître l'emplacement. Dans l'un des bars du continent nord-américain, il tente de la revendre à East Eddie, un souteneur (Sid Haig) de petite envergure et sans trop de scrupules. Ce dernier cherche par tous les moyens, même les plus violents, à arracher le nom de l'endroit où trouver cette mine de perles.
A force de ténacité, il y parvient, mais se voit contraint de s'allier à des étrangers aux compétences autant utiles que diverses : Vic Mathias, un plongeur ayant pris une retraite anticipée (Patrick Wayne), un homme de main au passé de mercenaire (John Ashley) ainsi qu'une scientifique, le professeur Katherine Vernon (Lenore Stevens). Voici donc notre petit groupe, fait pour le moins de personnalités hétéroclites, parti à la recherche de l'île mystérieuse et de ses rivages destinés à leur apporter dame fortune.
Leurs recherches les mènent enfin (et après pas mal de brusques mésententes et d'accords tacites sournois) sur la fameuse île aperçue en début de film... C'est alors que nos comparses n'en croiront pas leurs yeux dès qu'ils tomberont nez à nez avec une tribu d'Atlantes, semble-t-il - à en croire leurs yeux - adeptes du tennis de table. Alors que, pour éviter l'affrontement, notre belle sirène leur propose un temps ses services, la lutte entre Nereus et sa tribu, et ce qu'il considère comme des pillards profanes, s'avère inéluctable...

 

 

On connaît bien Eddie Romero et des livraisons sympathiques -quoique très inégales- mâtinées de trash (parfois en collaboration avec Gerardo de Leon, qui lui offrit la chance de faire ses premières armes au cinéma), ce, dans des genres le plus souvent variés : le blaxploitation avec "Black Mama, White Mama" en 1973 ou "Savage Sisters" en 1974, le pur film d'action avec Mort subite en 1977... Cependant, on a fâcheusement tendance à occulter ses petits films d'aventures fantastiques, pour la plupart des variations sur les postulats et thèmes initiés par H.G. Wells et son incontournable Ile du docteur Moreau.
Ainsi, après "Le médecin dément de l'île de sang" (1968), "Brides of Blood" (1969), "Beast of Blood" (1971) ou The Twilight People (1971), celui-ci reprend la même recette, avec les mêmes ingrédients dont des acteurs habitués aux fantaisies Bis du réalisateur. John Ashley en premier lieu (un "Beach Boys's acteur" pour le coup sorti de son vivier - des films de plages), mais aussi Eddie Garcia et Vic Diaz, tous trois quasi indissociables de l'oeuvre de Romero. Alors, pas de Pam Grier pour cette fois, mais on a droit en revanche à la présence de ses rencontres plus récentes : Sid Haig d'une part, et Patrick Wayne d'autre part, lequel ne retentera pas l'expérience et préfèrera tourner, par exemple, pour l'alter égo britannique de Romero : Kevin Connor et son "Continent oublié", navigant quant à lui dans des eaux plus proches d'Edgar Rice Burroughs que de Wells.
On y trouve enfin avec plaisir George Nader, acteur fort d'une longue carrière, dont on avait pu, entre autres, apprécier le talent dans un thriller de bon aloi signé Harald Rein : "L'homme à la jaguar rouge" en 1968. Sa présence a quelque chose d'autant plus émouvante qu'il s'agit de son dernier rôle pour le cinéma avant une retraite bien méritée. Rajoutons les présences de Lenore Stevens (l'un de ses rôles le plus important ici) et de Leigh Christian qu'on ne reverra plus que dans des séries pour la télévision s'étalant de "Hawaï, police d'état" jusqu'à "Rick Hunter".

 

 

Autant le dire tout de go, Beyond Atlantis ne possède ni la fraîcheur du "Médecin dément de l'île de sang", ni l'enthousiasme de "Brides of Blood", ni le rythme et la petite folie de The Twilight People. A suivre ces aventures qui s'annonçaient pourtant mouvementées, on se surprend à s'ennuyer parfois tant le scénario -faute de moyens sans doute- s'égare dans les dissensions de notre petit groupe venu chercher richesse. Il faut attendre un dernier quart d'heure quant à lui échevelé, pour qu'enfin l'action véritable ne démarre, au lieu d'enfiler des clichés et stéréotypes comme des perles.
Heureusement que les vues aquatiques (dignes d'un Stanley Cortez) mettant en scène notre sirène et nos Atlantes qui s'avèrent être eux aussi, mi-hommes, mi-poissons, viennent émailler l'inconsistance d'un film d'aventures s'empêtrant dans un discours des plus galvaudés, au sein duquel les occidentaux à l'âme impérialiste et colonisatrice viennent exploser, à la dynamite, les huttes des pauvres Atlantes qui n'avaient pourtant rien demandé. Tout ceci dans un désir de piller des gens de toute façon considérés comme non civilisés. Autant dire que le discours, en plus de ralentir le rythme de Beyond Atlantis, tombe totalement à plat et ne sert que de pur prétexte à remplir la bobine.
Reste, en plus du charme et d'une patine dus en partie à une superbe photographie en décors naturels de Justo Paulino ("The Woman Hunt", un autre Romero avec Sid Haig) et à une musique enjôleuse et variée d'Ed Norton (l'inénarrable "Apache Blood" avec Ray Danton dans le rôle titre), quelques idées autant sympathiques que fantaisistes et tordues...

 

 

Passons outre nos Atlantes pongistes qui semblent tous plus halluciner les uns que les autres, mais qui contribuent eux aussi au capital sympathie que suscite le film, pour évoquer quelques règles ayant cours parmi les insulaires, lesquels doivent s'accoupler avec des humains pour éviter la consanguinité et ainsi rompre la chaîne des hommes-poissons aux yeux de mérou. Hélas, si l'argument est bel et bien mis en avant sur la jaquette de l'édition Wizard Video (appartenant à Charles Band - * voir visuel ci-dessous), il n'y a qu'un seul véritable passage qui y fait directement allusion. C'est aussi l'un des plus drôles puisque Nereus exige de sa fille, en le scandant devant sa tribu, de "s'accoupler !" avec l'un des profanateurs de l'île. Exit donc des passages érotico-mutants dont on se serait sans doute régalé.

Bref, Beyond Atlantis, sans faire partie des meilleures livraisons du duo Ashley-Romero, reste un moment de cinéma plaisant. Un voyage certes modeste, mais suffisamment exotique et singulier pour qu'on y jette un oeil. Dommage en revanche que le côté moral et bon enfant prenne finalement le dessus ; on eut préféré une déferlante d'action et de violence (même si dans un mauvais raccord, Sid Haig parvient à butter trois assaillants tombant au petit bonheur la chance, en aucun cas leurs chutes ne correspondent à l'axe des tirs), ainsi qu'un épilogue plus sombre en lieu et place d'acteurs qui se marrent comme des baleines et de manière si manifestement forcée qu'on en reste gêné pour eux.

 

 

Mallox

 

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