Horrible carnage
Titre original: Jennifer
Genre: Horreur , Fantastique , Agressions animales
Année: 1978
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Brice Mack
Casting:
Lisa Pelikan, Jeff Corey, Bert Convy, Nina Foch, Amy Johnston, John Gavin...
Aka: Jennifer : horrible carnage / Serpent Massacre / Constrictor / Jennifer the Snake Goddess
 

Jennifer Baylor (Lisa Pelikan) est une jeune femme introvertie venue de sa Virginie natale vers la ville afin de fuir son passé. Celle-ci détient un pouvoir dont jadis elle s'est servie mais qu'elle tente d'oublier : celui de communiquer puis de contrôler les serpents. Elle et son père, Luke Baylor (Jeff Corey) ont dû quitter leur ancienne propriété en Virginie dans le déshonneur : alors âgée de sept ans, Jennifer avait convoqué quelques reptiles venimeux pour se défendre du fils du pasteur, ceci ayant conduit à sa mort. Tandis que le paternel tient désormais une animalerie et tente de la convaincre de réutiliser son "don de Dieu", Jennifer quant à elle, essaie inlassablement d'oublier.

Cette dernière reçoit une bourse qui lui permet d'intégrer l'université. Hélas, à l'intérieur de l'établissement, elle est rapidement méprisée par une bande de petites garces dont la cruauté envers elle n'a d'égal que les comptes en banque de leurs papas... Jennifer, qui s'était promis de ne plus jamais faire appel à son don, va être acculée à force de harcèlements et d'humiliations, pour enfin se venger de façon ssssauvage et ssssournoise...

 

 

Inutile de tourner autour de Sssissy Ssspacek bien longtemps pour voir ce que propose Jennifer : un pur rip-off du "Carrie" de De Palma, lequel reprend grosso-modo, la même trame, faite d'inadaptation sociale, d'ostracisme, de mal-être, le tout saupoudré de mysticisme chrétien via un ascendant (ici le père), de cruautés adolescentes, puis, surprise, de vengeance télékinésiste...

En plus du démarquage de "Carrie", le film fait également penser à quelques films du début des années 70 dans lesquels de jeunes gens plutôt asociaux ou marginalisés sous le joug d'une mère ou d'un père tyrannique, se liaient d'amitié avec un animal jugé dangereux ou indésirable pour qu'un jour éclate leur vengeance par procuration...
A cet égard, on aura une pensée toute particulière pour le "Willard" de Daniel Mann et sa suite (le "Ben" de Phil Karlson) ou bien encore pour rester dans le domaine reptilien, le "Stanley" de William Grefe, lui-même déjà un rip-off de "Willard". Bref, l'addition d'Horrible carnage est simple à faire : on repompe les 3/4 de "Carrie" en y mettant une pincée de "Stanley" ou de "Willard", selon.

 

 

Restent finalement deux, voire trois énormes différences entre "Carrie" et Jennifer qui en disent long sur l'originalité de la bobine :
- Jennifer tue - contrairement à Carrie - uniquement ses tourmenteurs. Pas de dommage collatéral avec Jennifer !
- Son père - pourtant aussi barré que Laurie la Pipeuse de Jésus - se soucie de sa fille, contrairement à ce qu'on pouvait voir dans le De Palma.
- Dernière différence fondamentale (ou pas) : l'une des élèves se ralliera au final à sa cause pour raisons personnelles (voir le film pour en savoir plus - en fait, elle se fait violer pour le bien de Jennifer qui, ouf, trouvera enfin là une amie avec laquelle froufrouter dans les herbes hautes ou comparer leurs petites culottes en habillant des Barbie - oups !).

Mais le plus singulier finalement se trouve derrière cette pellicule : Brice Mack est surtout connu comme concepteur d'animations au sein des studios Disney depuis le début des années 40. Ainsi travailla-t-il sur moult classiques dont "Fantasia", "Cendrillon", "Peter Pan" avant une longue reconversion, laquelle - et c'est là que ça devient plus intéressant encore - le mènera à se charger de la production du "Ruby" de Curtis Harrington, lui-même puisant largement dans le De palma, ce, juste avant d'enchaîner sur cet Horrible carnage de bas étage. A cet égard, on préférera le titre original vu que de carnage, point trop il n’y a. Quant au caractère horrible, autant le chercher dans la démarche de Brice Mack dont c'est ici le second film comme réalisateur.

 

 

La seule exploitation du film de De Palma n'est pas en soi condamnable, cependant, la pauvreté des situations "originales" se fait ici affligeante. Autant choisir le film de Curtis Harrington cité avant qui s'avérait bien plus malicieux et tout compte fait, très fréquentable. Dans Jennifer the Snake Goddess, c'est simple, il ne se passe rien ou presque durant plus d'une heure. Aucune situation ne parvient à échapper à la comparaison avec son modèle (ni ne la soutient). Ainsi se farcit-on une blague de potache ridicule en lieu et place d'un baquet de sang : les frusques de Jennifer sont planquées durant sa baignade dans la piscine, elle les retrouve perchées en haut d'une canalisation, elle-même accessible via une échelle déposée pour l'occasion dans le but de la photographier au moment où elle tombera nue dans la piscine...
Le reste est à l'avenant, les placards de l'école peuvent même receler un chat mort pendu à un cintre, la prof est une grosse connasse qui ne comprend rien à rien et qui plus est, la pauvre Jennifer est affublée d'un père qui perd la boule pour ne plus lui parler que de la bible et de son pouvoir.

Triste rôle qui d'ailleurs échoit au grand Jeff Corey (L'opération diabolique, "L'étrangleur de Boston", "Little Big Man", ...) réduit à pérorer sur Dieu et sa volonté comme sous l'emprise d'un délirium tremens interminable, le tout en restant vautré sur son canapé. Triste rôle également pour John Gavin qui a pourtant traversé l'histoire du cinéma avec quelques oeuvres splendides comme "Le temps d'aimer et le temps de mourir" et "Le mirage de la vie", tous deux de Douglas Sirk, sans parler de "Psychose" ou même du Spartacus de Kubrick ! Le voir ici semble-t-il complètement désintéressé par un rôle inintéressant dans un film de peu d'intérêt, fait un peu mal. Soit, il faut bien vivre, aucun reproche à faire… L'excellente Nina Foch ("La fille du loup-garou" d'Henri Levin, "Le témoin à abattre" de Lewis Allen,...) est quant à elle mieux utilisée et parvient à convaincre en même temps que sauver l'honneur des anciens.
Ailleurs, Bert Convy (qui débuta dans le Un baquet de sang de Corman) est inexistant et arbore tout du long un sourire décalé, le troupeau de garces ressemble à tous les troupeaux de garces qu'on a vu fleurir dans les universités d'un paquet de bandes horrifiques passées et à venir, et chose surprenante, Lisa Pelikan qui ne joue donc pas ici un rôle de grue, parvient tant bien que mal à porter le film sur ses frêles épaules, le rendant même regardable jusqu'au bout, mais sans aucune passion démesurée. On la reverra dans l'imbuvable Ghoulies et le monolithique "Full Contact" aux côté de Jean-Claude Vandamme (que nombreux en passant, ont tort de prendre pour un cake).

 

 

Quant à cet Horrible carnage, on aura beau en extirper dans sa globalité quelques menues qualités, il reste somme toute bien médiocre. On regrette finalement le fait que les serpents soient utilisés bien trop tardivement (si l'on excepte une scène totalement crétine où Jeff Corey en tient deux dans ses mains pour convaincre sa fille de s'y remettre) et si brusquement que le spectateur se voit spolié d'une vengeance qu'il aura pourtant longtemps attendue jusqu'à peut-être même s'assoupir avant... Bref, Jennifer est aussi un film où l'on peut faire tranquillement Zzzzzzz malgré un léger manque de Sssssss.


Mallox

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