Iron Sky
Genre: Science fiction , Comédie
Année: 2012
Pays d'origine: Finlande / Allemagne / Australie
Réalisateur: Timo Vuorensola
Casting:
Julia Dietze, Götz Otto, Christopher Kirby, Tilo Prückner, Udo Kier , Peta Sergeant, Peta Sergeant...
 

En 2018, lors d'une mission sur la Lune, des astronautes américains se font attaquer par des soldats sortis de nulle part...

 

 

Depuis sa création, le cinéma a toujours été à l'affût de futurs talents, prospectant dans ses propres rangs (monteurs, assistants,...) mais aussi dans des domaines aussi multiples que variés : court métrage, télévision ou théâtre. Ainsi, dans les années septante, deux courants complètement différents apparaissent et offrent une multitude de nouveaux réalisateurs : soit de jeunes gens tout frais sortis de l'université, soit des autodidactes en totale liberté artistique. Puis vint l'époque de MTV, des clips et de la publicité : un nouveau genre de réalisateurs qui privilégiaient le son et l'image émergea. Aujourd'hui, une nouvelle ère commence avec l'arrivée du numérique, un nouveau support qui envahit tout : on peut se procurer une caméra pour une somme dérisoire et internet permet une distribution quasi immédiate du résultat. Il n'en fallait pas plus pour que le net devienne le nouvel El Dorado du cinéma de demain. Iron Sky peut être considéré comme le précurseur d'une nouvelle ère. En effet, son réalisateur s'est fait la main sur le net avec une série parodique "Star Wreck" dont il réalisera le septième épisode "Star Wreck: In the Pirkinning", la qualité de son travail attira l'attention de producteurs qui lui proposèrent de réaliser un long métrage. Cinq ans et 7.5 millions € plus tard, voici le résultat de cette coproduction improbable (Finlande + Allemagne + Australie), dont le pitch et les premiers visuels ont fait rêver le net tout au long de sa genèse. Un financement participatif fut même lancé sur le net afin de boucler le budget.

 

 

A la vision de la chose on est plutôt sceptique, le film en lui-même n'est pas mauvais et visuellement (décors, SFX, costumes) il est même plutôt réussi. Malheureusement, Timo Vuorensola n'est pas un virtuose de la caméra et possède de nombreuse lacunes, notamment au niveau de la continuité et du rythme. Ce n'est pas tout d'accumuler les séquences l'une derrière l'autre, il faut aussi savoir les associer avec plus ou moins de bonheur. Or, l'ensemble ressemble trop au résultat d'une séance de brainstorming entre geeks, chacun ayant couché sur papier ses divagations et fantasmes (le président des Etats Unis est une femme clone de Sarah Palin et adepte du vélo elliptique, la forteresse lunaire est en forme de croix gammée,...). Ainsi, de nombreuses séquences sont laissées en friche, comme la scène de l'invasion dont on perçoit les références (ID4, Armageddon,...) mais qui n'aboutit en fin de compte à rien de concret. L'invasion continue-t-elle ? On ne le saura jamais ! Bref, comme le puceau lors de sa première expérience, cela part dans tous les sens sans jamais avoir vraiment de développement, le but étant d'obtenir une image choc et graphiquement marquante, ce qui fait ressembler le film à un long story-board animé. Mais le pire est sûrement une direction d'acteurs désastreuse : si certains membres du casting (comme Udo Kier) se débrouillent parfaitement en roue libre, d'autres se contentent de faire de l'imitation (Peta Sergeant en Sarah Palin). Seule Julia Dietze réussit à se distinguer et livre une prestation à la fois sobre (compte tenu du rôle) et attachante.

 

 

Par contre, on ne peut que se réjouir que les auteurs ne soient pas tombés dans le piège grossier de la comédie potache genre "Scary truc", le film est une uchronie qui surfe sur la vague de la satire gentillette mâtinée d'une bonne rasade de science fiction. Attention, ce n'est pas pour autant que nous sommes dans une comédie à la "Monty Python", loin de là : la vision de l'Amérique que nous propose le film est une succession de stéréotypes qui circulent allègrement depuis des années, à ce niveau on ne vaut guère mieux que nos amis ricains. Dans ce fatras d'idées, on notera une réunion internationale qui dégénère en match de catch jouissif, une spécialiste de la communication qui se transforme en Valkyrie, la première partie avec l'alunissage des Américains (dont un noir, parce que c'est toujours bon pour les élections !),...
Le film de Timo Vuorensola ressemble à un grand buffet froid où le spectateur va se servir, prenant la ou les scènes qui lui plaisent. Si Iron Sky ne nous a pas révélé un futur grand réalisateur, le film nous fait découvrir le cinéma self service, pensé par des utilisateurs de "You tube" pour d'autres utilisateurs compulsifs qui regardent des films en triturant leur onglet de défilement.

Loin de l'oeuvre irrévérencieuse que certains attendaient, Iron Sky est tout simplement un film concept qui a fait la tournée des festivals, soulevant la curiosité et remplissant les salles, bâtissant ainsi sa renommée. Basé sur un pitch controversé, le film a si bien réussi à faire parler de lui que l'on en oublierait qu'il s'agit tout simplement d'une petite bande de science fiction aux effets spéciaux réussis mais qui n'arrive jamais à sortir du lot. La réussite visuelle incontestable de l'oeuvre ne fait que renforcer la frustration causée par ce résultat trop consensuel et moralisateur, bref un pétard mouillé !

 

 

The Omega Man


En rapport avec le film :

# La fiche dvd Condor Entertainment de Iron Sky

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