[Série] Sherlock Holmes
Genre: Policier
Année: 1954
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Steve Previn, Sheldon Reynolds, Jack Gage
Casting:
Ronald Howard, Howard Marion Crawford, Archie Duncan, Richard Larke, Eugene Deckers, Colin Drake...
 

Lorsque l'on se penche sur les différentes adaptations du personnage de Sherlock Holmes, successivement pour la littérature, la télévision et le cinéma, on peut avoir du mal à s'y retrouver, et se demander si toutes sont en rapport avec l'oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle, ou pas.
Afin de le savoir, on emploie donc le terme de "canon" pour désigner les 56 nouvelles et les quatre romans écrits par Sir Arthur Conan Doyle mettant en lice son héros Sherlock Holmes. L'oeuvre de Conan Doyle a inspiré bien des auteurs qui s'attelèrent à leur tour à créer de nouvelles aventures pour le fameux détective.
Sur les 39 épisodes de la série qui nous intéresse ici, une dizaine seulement s'inspire (parfois très vaguement) des écrits du romancier. De toute façon, le format court des épisodes (à peine vingt-cinq minutes) ne permettait guère de développer les intrigues conçues par Conan Doyle et donc, par conséquent, il fallait en créer de nouvelles.

 

 

La production avait également une idée précise quant à la personnalité de "son" Sherlock Holmes, ainsi que du Docteur Watson. Ainsi, Ronald Howard campe un Holmes espiègle et sensible, particulièrement humain, très loin des Sherlock hautains et suffisants que l'on a pu voir en d'autres occasions. Parfois il se montre moqueur, certes (notamment avec Lestrade), mais jamais par méchanceté. Son incroyable sens de la déduction est utilisé pour sauver des vies, ou simplement prêter main forte à la police. Holmes se montre souvent philanthrope, acceptant d'aider gratuitement certains de ses clients, ou alors pour une somme symbolique. Il aime avant tout faire le bien. Et en cela il est aidé par le Docteur John H. Watson. Loin d'être un simple faire valoir comme ce fut le cas dans d'autres séries ou films, Watson est ici le partenaire idéal, celui qui n'hésite pas à donner le coup de poing si nécessaire. Mais ses compétences en médecine sont aussi précieuses, et il est également doté d'une bonne intuition. Cette intuition sauvera d'ailleurs Holmes d'une mort certaine dans l'un des épisodes ("La légende de la tour"). Enfin, le Docteur Watson est amateur de jolies femmes, anticipant en quelque sorte le Watson campé par Colin Blakely dans "La vie privée de Sherlock Holmes" (1970).

 

 

En résumé, voilà un duo bien équilibré, d'autant que notre Sherlock, ici, n'est pas dépendant à l'héroïne. Ses deux passions véritables demeurent, en dehors des enquêtes, les expériences de chimie et l'apprentissage du violon.
Notons qu'au cours des 39 épisodes, jamais il n'est question de personnages "emblématiques" comme le Professeur Moriarty ou Mycroft, le frère de Sherlock. Quant à Mrs Hudson, la logeuse, son nom n'est évoqué qu'une seule fois (dans le troisième épisode), mais on ne la verra jamais, elle non plus.

Selon certaines sources, le producteur Sheldon Reynolds aurait décidé de tourner la série Sherlock Holmes à l'étranger pour des raisons économiques. Il se pencha sur le casting en 1953 et opta pour Ronald Howard car ce dernier avait l'âge idéal pour interpréter le rôle-titre (35 ans, soit l'âge de Sherlock Holmes lors de sa première enquête, "Une étude en rouge"). Le tournage de la série aura donc lieu presque exclusivement en France, dans les studios d'Epinay-sur-Seine, où vont être reconstitués les décors du 221B Baker Street. Quelques scènes d'extérieurs furent également tournées en Angleterre.

 

 

A l'exception des rôles principaux, la plupart des autres rôles vont être endossés par des acteurs français ou francophones. Ainsi retrouve-t-on des visages familiers comme ceux de Delphine Seyrig, Jacques François, Nicole Courcel. Sacha Pitoëff est également de la partie, de même que des acteurs connus issus d'autres pays (Michael Gough, Ivan Desny, Dawn Addams).
Un épisode était généralement tourné en quatre jours. Malgré la performance indiscutable de Ronald Howard, ce dernier n'y gagnera pas en renommée, et poursuivra une carrière en Angleterre et aux États-Unis sans commune mesure avec celle de son illustre père (Leslie Howard). Avant qu'il ne disparaisse totalement des écrans, Ronald Howard tournera néanmoins dans deux westerns réputés : "Les charognards" (Don Medford, 1971) et La chevauchée terrible (Antonio Margheriti, 1975).

 

 

Howard Marion-Crawford, qui incarne le Docteur Watson, est un acteur britannique qui sera souvent cantonné à de la simple figuration. En quelques occasions, néanmoins, on lui offrira des rôles un peu plus étoffés, comme dans les deux Fu-Manchu de Don Sharp ("Le masque de Fu-Manchu", "Les 13 fiancées de Fu-Manchu").
C'est à l'Écossais Archie Duncan que l'on a confié le rôle "délicat" de l'inspecteur Lestrade, un personnage souvent malmené dans les diverses adaptations de Sherlock Holmes, car considéré comme un policier peu compétent et régulièrement ridiculisé par le détective. Lestrade est présent dans 31 des 39 épisodes de la série, chaque fois que l'intrigue a pour cadre Londres et ses environs. Il n'intervient généralement pas quand Sherlock Holmes opère à l'étranger, exception faite dans "Sherlock Holmes à la Tour Eiffel" (épisode 30). Notons qu'Archie Duncan joue également un Lord écossais dans l'épisode 35 ("Le portrait hanté").

 

 

Ce n'est d'ailleurs pas un fait exceptionnel. Pour les besoins de la série, on fera appel de manière récurrente à certains acteurs pour endosser à chaque fois des rôles différents. Ce sera le cas pour les acteurs Eugene Deckers (sept fois) et Colin Drake (six fois). Si le procédé semble curieux de prime abord, on finit par s'y habituer, surtout lorsque l'acteur se surpasse dans ses différentes interprétations. Eugene Deckers, acteur belge brillant, capable de jouer dans tous le registres, crève ainsi l'écran à chacune de ses apparitions.
Enfin, n'oublions pas le dernier personnage important de la série, le sergent Wilkins, interprété par Richard Larke, que l'on retrouve dans seize épisodes. Wilkins est l'archétype du bobby, du policier anglais qui ne s'emporte jamais, très consciencieux. Il s'intéresse de très près aux travaux de Sherlock Holmes, ainsi qu'à ses méthodes d'investigation. Il est lui-même très intuitif, se montrant fort utile lors de certaines enquêtes (bien plus que Lestrade, généralement).

 

 

La série Sherlock Holmes produite par Sheldon Reynolds fut la première série TV américaine consacrée au détective. Si elle fut diffusée en France en 1960 sur la RTF (Radiodiffusion-télévision française, qui deviendra l'ORTF en 1964), elle ne passa à la télévision anglaise qu'en 2006.
Avec le recul, cette série possède tous les ingrédients nécessaires pour satisfaire les fans de Sherlock Holmes. Certes, les épisodes ne sont pas tous de qualité égale, mais le format court (à peine 25 minutes) donne du rythme à l'ensemble, à des intrigues menées du coup sans temps mort.
Quant à la prestation de Ronald Howard, elle apparaît aussi bonne (voire meilleure) que celle d'autres acteurs renommés ayant incarné Sherlock Holmes pour la télévision, parmi lesquels Basil Rathbone, Peter Cushing et Christopher Lee.

 

 

Flint



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