En 1997 au Nouveau-Mexique, le professeur Mosley, l'un des plus virulents dénonciateurs de la pollution atmosphérique, se bat pour empêcher de nouvelles constructions dans des quartiers déjà surpeuplés. Turner, un riche industriel, voyant ses plans contrecarrés, fait appel à des hommes de la pègre pour le tuer. Mosley est placé sous la protection de la police, mais un cyborg - un homme dont les organes ont été remplacés par des circuits électroniques après un accident - Paco, parvient à le blesser. Turner, furieux qu'il ait raté sa cible, ordonne d'éliminer Paco. Traqué, celui-ci retourne vers son pays natal, l'Arizona, et s'installe dans le motel de Linda...

Sergio Martino c'est fait une petite réputation dans le polar et le giallo notamment avec son Torso considéré comme beaucoup comme son meilleur film. Mais dans les années 80, comme la plupart de ces compatriotes transalpins, Sergio est passé maître dans l'art d'accommoder les restes des grands succès du moment. Ainsi en 1983 en pleine vague post nuke il réalise "2019, après la chute de New York", qui fait un beau petit score au box office notamment en France. Quelques années plus tard, profitant du succès inattendu de Terminator, Martino part aux USA et emballe vite fait cet Atomic Cyborg. Initialement prévu pour être un film d'action dans la veine "Over the Top" avec Stallone, les producteurs décident de changer totalement d'orientation mais gardent cependant quelques scènes de bras de fer et le décor (le bar de routier) initialement prévu. Le script est un subtil mélange entre le simple plagiat (le Cyborg qui répare son bras) et des trouvailles marrantes qui sentent bon le bis transalpin. Lors de ces digressions typiquement bis on peut assister à quelques séquences d'anthologies ou le héros arrête un hachoir à viande avec ces deux mains, l'attaque d'un cyborg femelle déguisé en prostituée, les pluies acides qui attaquent la carrosserie des automobiles, ...
Si le film se veut tout public il n'évite cependant pas quelques touches de sadisme purement latin comme le montre la mort de George Eastman le crâne écrasé à main nue ou John Saxon se faisant arracher le cœur. Sans parler de la scène ou Linda / Janet Agren refusant de crier pour attirer le héros dans un piège se prend un méchant coup de poignard dans la cuisse la faisant hurler, efficace et bien vu.
Les scènes d'actions sont bien troussées (la plupart se trouvant dans la dernière bobine) notamment une poursuite ou l'on voit George Eastman au volant d'un camion, ricanant comme une hyène, en essayant d'écraser la voiture de Linda contre un rocher ou la scène où Daniel Greene arrache le plancher d'une caravane pour s'enfuir. Par contre la bagarre dans le bar est totalement hilarante, le même Daniel Greene se battant comme il joue, c'est à dire comme un pied (gauche).

Pour l'occasion Martino a rassemblé un casting d'enfer, rien que des figures connues du bis italien. L'héroïne est interprétée par la délicieuse suédoise Janet Agren (Il faudra penser un jour a réhabilité cette actrice géniale apparue dans Frayeurs ou La secte des cannibales) qui malheureusement se voit affublée de cette horrible voix de pouf, que l'on retrouve dans le doublage français de nombreux films italiens de l'époque. Parmi les méchants on reconnaîtra John Saxon ("Opération Dragon", Ténèbres, ...) venu "cachetonner", ce bon vieux George (Anthropophagous) Eastman qui n'arrête pas de rouler des yeux (mauvaise digestion sans doute !) et le regretté Claudio Cassinelli, acteur fétiche de Martino. Il joua dans une trentaine de films dont Murderock, 2072, les Gladiateurs du futur, Hercule 1 et 2 et une poignée de polar italiens dont "Milano Violentia". Il décédera dans un accident d'hélicoptère lors du tournage. Le Cyborg, lui, c'est Daniel Greene, héros de la série "Falcon Crest " qui joue comme un lampadaire et est aussi expressif qu'une armoire à glace, ce qui ne l'empêcha pas de faire carrière en Italie ("Upercut man"). Il jouera même dans "Elvira, la Maitresse des Ténébres", avant de devenir la mascotte des frères Farrelly.
Sergio Martino est un de ces solides artisans du cinéma d'exploitation italien qui a œuvré avec talent dans de nombreux genres ("La Montagne du Dieu Cannibale", "Le Continent des Hommes Poissons", ...). Il signe ici avec le professionnalisme qui le caractérise une petite série B nerveuse, efficace, pleine de punch et grandement sympathique. Le tout tourné dans les magnifiques décors naturels de l'Arizona (utilisés dans de nombreux western) et soutenu par une bande son bien destroy de Simonetti (alias Goblins). Le film se permet même de finir sur une question des plus fondamentales : "Paco Querak a-t-il jamais existé ?" Linda aime Paco mais que ferait-elle si elle apprenait que se n'était en fait qu'un simple percolateur perfectionné, saura-t elle se contenter d'une simple machine, comment doit elle changer les piles ? Quand le cinéma d'exploitation rejoint Philip K. Dick.

The Omega Man