Monstre ressuscité, Le
Titre original: El monstruo resucitado
Genre: Horreur , Fantastique , Gothique
Année: 1953
Pays d'origine: Mexique
Réalisateur: Chano Urueta
Casting:
Miroslava Sternova, José Maria Linares-Rivas, Carlos Navarro, Fernando Wagner, Alberto Mariscal...
Aka: Doctor Crimen / Il mostruoso dottor Crimen / The Revived Monster
 

Chano Urueta (1904-1979) compte parmi les réalisateurs mexicains ayant connu une carrière prolifique. On lui doit une bonne centaine de films sur plus de quarante ans. S'il a abordé bien des genres, une frange du public le connaît (et l'apprécie) essentiellement pour ses films à caractère fantastique. Et s'il n'a pas été le premier cinéaste mexicain à tourner un film d'horreur (ce fut Juan Bustillo Oro en 1934, avec "El fantasma del convento"), Urueta fut néanmoins fondateur à sa manière du courant horrifique qui allait suivre dans son pays avec la sortie de El monstruo resucitado. On est alors en 1953, et quelques années plus tard le Mexique allait connaître un âge d'or avec en tout premier lieu des oeuvres comme "Le monstre sans visage" (1956) et "Les proies du vampire"(1957), tous deux mis en scène par Fernando Méndez. Outre ce dernier et Urueta, les principaux cinéastes à se jeter dans la brèche ouverte par Urueta auront pour nom Rafael Baledon, Alfonso Corona Blake, René Cardona, Carlos Enrique Taboada ou encore Alfredo B. Crevenna.

 

 

En voyant Le monstre ressuscité, on se rend compte à quel point le metteur en scène a su puiser avec intelligence tant dans le cinéma de la firme Universal que dans les contes et romans populaires.
L'intrigue est basée sur la rencontre d'une journaliste, Nora, avec un étrange personnage vivant reclus dans une propriété surplombant les falaises et jouxtant un cimetière (ambiance gothique garantie). Scientifique remarquable, brillant chirurgien et mélomane accompli, Hermann Ling est affecté par une terrible malformation. Son visage horriblement déformé fait de lui un monstre, le privant ainsi de cette chose merveilleuse qu'est l'amour.

Lorsqu'il aperçoit Lena, Ling est subjugué par sa beauté. Et lorsque cette dernière ne redoute pas de voir son visage, il en tombe éperdument amoureux. Mais il ignore à ce moment que la jeune femme pense avant tout à sa carrière, et croit tenir là le scoop de sa vie. Quand Ling apprend les desseins véritables de Lena, il n'a plus d'autre désir que la vengeance.

 

 

Lena, d'une certaine manière, est un patchwork de Belle, Esmeralda et Christine Daaé ; Hermann Ling étant quant à lui la Bête, Quasimodo ou Erik, le fantôme de l'opéra. Chano Urueta s'inspire aussi du "Frankenstein" de James Whale, en ayant l'audace de fusionner le scientifique et le monstre en une seule et même personne.

Dans sa quête de vengeance, Ling va transférer l'énergie vitale d'une créature mi-homme mi-bête, qu'il gardait prisonnière dans une cage, dans le corps d'un homme fraîchement décédé. Une fois ramené à la vie, le savant va le contrôler par la pensée ; l'homme devenu zombie aura pour mission de tuer la journaliste ayant eu l'affront de trahir la confiance d'Hermann Ling.

 

 

Ce premier film fantastique de Chano Urueta est une réussite. Le monstre ressuscité bénéficie d'un scénario efficace, d'une réalisation sans temps morts, et d'une musique collant parfaitement à l'ambiance, que l'on doit à un compositeur expérimenté, Raul Lavista (The Beast of Hollow Mountain, L'incroyable Professeur Zovek, Mas negro que la noche). Rajoutons à cela une magnifique photographie, signée Victor Herrera, lui aussi un spécialiste dans le genre puisqu'il officiera dans ce même registre pour "Le monstre sans visage", "Les proies du vampire", "Les mystères d'outre-tombe" et "Le cri de la mort" (ces trois derniers ayant été édités par Bach Films). Enfin, le producteur n'est autre qu'Abel Salazar, sosie de Dany Brillant, qui fut également acteur dans bon nombre de films d'horreur de cette époque ("Les proies du vampire" encore, "Le baron de la terreur", "Les larmes de la sorcière").

 

 

Le casting, à présent. Le seul rôle féminin, celui de Nora, fut confié à une actrice tchécoslovaque, Miroslava Sternova. Sa beauté slave fait merveille, et elle aurait pu rester longtemps sous le feu des projecteurs si elle n'avait pas mis fin à ses jours à la suite d'une déception amoureuse. C'est juste après la fin du tournage de "La vie criminelle d'Archibald de la Cruz", de Luis Buñuel (en 1955), que l'actrice se suicida par le poison, l'année de ses trente ans. Le destin tragique de l'actrice fit l'objet d'un film tourné en 1993 ("Miroslava"), avec Arielle Dombasle dans le rôle-titre.

Quant au monstre avide de vengeance, il est interprété par le peu connu José Maria Linares-Rivas, d'origine espagnole. Le casting est d'ailleurs cosmopolite puisqu'on y retrouve l'Allemand Fernando Wagner, vu dans Tarzan et les sirènes, "Viva Maria !' ainsi que "La horde sauvage".

Enfin, Alberto Mariscal, qui incarne le serviteur benêt de Hermann Ling, joua notamment dans "Santo contra el rey del crimen" et "Neutron contra el criminal sadico", mais passa aussi à la réalisation, après avoir fait ses armes en tant que co-réalisateur sous la houlette d'Alfredo B. Crevenna.

 

 

En résumé, El monstruo resucitado peut être considéré comme un classique du film d'horreur. Cette première tentative de Chano Urueta dans le cinéma fantastique fut un coup de maître. Par la suite, le réalisateur se montrera inégal, oscillant entre le très bon ("Le miroir de la sorcière"), le kitsch ("Le baron de la terreur") et le quelconque ("La tête vivante", Blue Demon contre le pouvoir satanique). Mais il nous reste encore tant de films fantastiques mexicains de cette époque à découvrir, qui ne sont jamais sortis dans les pays francophones et anglophones. Nul doute que dans ces oeuvres oubliées se cachent bien des joyaux.


Flint



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