Rites de mai, Les
Titre original: Itim
Genre: Horreur , Epouvante , Esprits
Année: 1976
Pays d'origine: Philippines
Réalisateur: Mike De Leon
Casting:
Tommy Abuel, Mario Montenegro, Charo Santos-Concio, Mona Lisa, Sarah K. Joaquin, Susan Valdez-LeGoff, Moody Diaz...
Aka: The Rites of May
 

Jun, photographe pour un magazine à Manille, retourne au domicile familial pour rendre visite à son père paralysé et faire un reportage sur les coutumes locales, en cette veille de vendredi saint. Il va alors faire la connaissance d'une fille étrange nommée Teresa avec laquelle il va se lier d'amitié. Petit à petit, ils vont l'un et l'autre comprendre que leur rencontre n'avait rien de fortuite.

 

 

Du cinéma de genre philippin, il semblerait que l'on ait seulement retenu Cirio H. Santiago et Eddie Romero bien que le cinéma d'horreur/fantastique philippin, peu exploité hors de ses frontières, fut assez riche. De tous ces films désormais oubliés, il en est un qui bénéficie d'une très solide réputation, ce Itim en l'occurrence, premier long métrage de Mike De Leon qui allait alors s'imposer comme étant l'un des grands "auteurs" de son pays, et qui n'hésitera pas à renouer avec le cinéma de genre cinq ans plus tard avec "Kisapmata".

 

 

Jouant la carte de la terreur psychologique plutôt que celle de la terreur graphique, Mike De Leon se révèle être aussi doué derrière la caméra qu'il ne l'est pour créer des ambiances. On pourra d'ailleurs y voir une certaine influence du surréalisme comme dans cette scène de crucifixion pour le vendredi saint où des hommes torse nu et cagoulés, portant des croix, marchent en se flagellant (coutume locale), ou encore dans les nombreuses séquences oniriques parsemant le film. Un film qui dépeint cette société philippine empreinte d'un mélange de mythologie chrétienne et de folklore local.

 

 

Bien qu'Itim (qui signifie "noir") sonne plutôt bien à mes oreilles, on trouvera plus approprié les titres anglais (The Rites of May) et français (Les rites de mai, donc). Mai qui symbolise dans de nombreuses cultures le mois du retour des morts. Et ce n'est certainement pas un hasard si Jun, notre personnage principal, s'appelle ainsi puisque prononcé dans sa langue d'origine, il sonne exactement comme "June" en anglais, l'anglais faisant partie des langues officielles du pays.

 

 

S'ouvrant et se clôturant sur une séance de spiritisme, Itim serait donc le rite de passage de la filiation honteuse d'un père désormais mutique, néanmoins détenteur d'un lourd passé, à celui de l'absolution de sa descendance. Jun sera d'ailleurs plusieurs fois comparé à celui-ci par la bonne de la maison, déplorant le comportement qu'avait ce premier avec les femmes. Le prénom "Jun" lui- même est utilisé aux Philippines comme diminutif de Junior : son simple prénom l'assimile à son père. De même, quand l'un des "crucifiés" saisira la jambe de Jun telle une invitation à venir demander pardon au Seigneur, il essaiera de s'en défaire avant d'être saisi d'un étrange pressentiment qui lui permettra de sauver son père in extremis, alors que ce dernier tente de se jeter dans les escaliers. En revanche il ne verra rien venir, et mettra même quelques secondes à réaliser la situation, quand celui-ci se tuera véritablement dans ces mêmes escaliers, telle une fracture dans le lien d'ordre spirituel qui les unissaient, réduisant l'héritage paternel au simple code génétique.

 

 

Sublimé par les magnifiques compositions de Max Jocson, Itim aurait peut-être pour défaut majeur sa fin assez abrupte, mais il n'en demeure pas moins un petit bijou d'histoire de fantômes philippins, dans la droite lignée d'un Hasta el viento tiene miedo ou d'un Más negro que la noche, de ces esprits revenants d'entre les morts afin de rétablir la justice. Toujours inédit dans le monde depuis l'époque de la VHS (je ne peux même pas certifier que ces prétendues VHS ne soient pas des enregistrements TV), un scan 4K a été réalisé et restauré il y a peu, reste à savoir si un éditeur profitera de cette occasion pour le faire redécouvrir.


VR46

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