Au Service de Satan
Titre original: Satan's little helper
Genre: Horreur
Année: 2004
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Jeff Lieberman
Casting:
Katheryn Winnick, Alexander Bricknel, Amanda Plummer, Stephen Graham, Joshua Annex...
 

Doughie Whooly est un petit garçon de neuf ans qui vit avec ses parents dans une petite bourgade tranquille des Etats-Unis. Passionné de jeux vidéos, il développe une obsession pour un titre douteux et violent : Satan's little helper. C'est la période d'Halloween, et tout naturellement sa mère lui a confectionné pour l'occasion un déguisement inspiré de son jeu préféré. Qui plus est, Jenna, sa soeur aînée, rentre de l'université pour les festivités. S'il y a bien une personne que Doughie aime par dessus tout, c'est elle... Et lorsqu'elle arrive en compagnie de son nouveau petit copain Doughie, dépité, fait une crise de jalousie et décide de faire la tournée d'Halloween tout seul.
Alors qu'il erre dans son voisinage, le petit garçon aperçoit un homme déguisé en diable, occupé à mettre en place une décoration d'Halloween sous le porche d'une propriété privée. Ce déguisement lui rappelle le personnage principal de son jeu fétiche et, fasciné, il décide d'aller à sa rencontre pour lui proposer son aide pour la soirée. Ce que Doughie ignore, c'est que l'homme en question est un tueur psychopathe qui confectionne des décorations d'Halloween grandeur nature avec les corps de ses victimes !

 


Petite série B au budget serré, il n'en reste pas moins que ce slasher, sans pour autant être une révélation, apporte une note de fraîcheur dans un genre maintes fois revisité. Il n'est pas sans défaut, mais il bénéficie tout de même d'un pitch original et d'une réalisation soignée.
Il semblerait que Lieberman ait voulu créer un film à mi-chemin entre "Halloween" et "Scream". Le moins que l'on puisse dire est que ça se voit : la bourgade des Whooly ressemble à s'y méprendre à Haddonfield, le fief de sieur Michael Myers, tueur attitré d'"Halloween". Qui plus est, l'action se déroule pendant la célèbre fête païenne. Le ton du film est quant à lui clairement sous le signe de l'humour noir, à la manière d'un "Scream", bien qu'il ne soit pas là pour se moquer des conventions du genre, contrairement à sa source d'inspiration. Ne vous attendez pas à changer de sous-vêtements pendant le film, car le facteur peur est ici rarement atteint. Il est vrai que Lebeerman cherche plutôt à aborder une nouvelle approche du genre que de rattraper une mayonnaise liquéfiée depuis des lustres. Ainsi le film joue plus sur le registre du malaise que de la frayeur.Et comment cela se manifeste-t-il, me direz-vous ?
Deux points ressortent en particulier... en commençant par Doughie : on se dit que le gamin a quelque chose qui ne tourne pas rond. A commencer par son obsession pour un jeu vidéo dont le but est de zigouiller le plus de monde possible, sans oublier un amour excessif pour sa soeur : il n'hésite pas à dire à sa mère qu'il souhaite l'épouser quand il sera plus grand ! De plus, pour un enfant de neuf ans, il est d'une naïveté affligeante et a beaucoup de mal à distinguer la réalité de la fiction. Ici, deux explications possibles à mon sens : soit Jeff Lieberman n'a jamais fréquenté d'enfants, soit il a essayé (sans vraiment y parvenir) de créer le personnage de Doughie en lui attribuant toutes les prédispositions psychologiques nécessaires au tueur en série en devenir ! Je serai tenté d'opter pour le second cas, bien que... mais nous aborderons ce point plus tard.
Le malaise est ressenti également par le biais du tueur et la relation qui s'installe entre l'enfant et lui. Il faut dire que le choix de son masque est judicieux, lui conférant un air réellement menaçant et sadique. A la manière d'un Michael ou d'un Jason, il ne souffle mot. En revanche, il s'exprime par des hochements de tête ou de la gestuelle, ce qui lui confère une personnalité ; l'éloignant de ce fait du stéréotype instauré par ses deux aînés : celui du boucher lobotomisé. On peut même dire que son attitude le rend encore plus menaçant car cette interaction avec Doughie dénote une intelligence qui le rend de ce fait imprévisible : à chaque instant on se dit qu'il pourrait se retourner contre l'enfant.

 

 

Côté personnages, tout n'est pas rose, loin s'en faut. Si Amanda Plummer tire son épingle du jeu en interprétant une mère de famille légèrement envahissante, Alexander Bricknel est loin d'être un Haley Joël Osment (Sixième sens). C'est plutôt gênant pour un rôle de premier plan, d'autant plus que son personnage, plus complexe qu'il n'y paraît, aurait nécessité une approche plus mature et, pourquoi pas, en double teinte. En effet, il aurait été bon de souligner peut-être une schizophrénie latente. De plus, le côté naïf de Doughie est vraiment caricatural et agaçant : comment peut-on décemment croire qu'il puisse mettre en doute l'authenticité d'une pendaison, surtout lorsqu'elle implique une vieille dame ! Vous en connaissez, vous, des cascadeurs féminins de soixante dix ans passés ? Soyons sérieux !
On sent que Katherine Winnick dans le rôle de Jenna a un potentiel évident, mais hélas son personnage reste sous-exploité. Dans le rôle d'Alex, le petit ami de Jenna, Stephen Graham sonne juste et, comme pour Winnick, fait ce qu'il peut avec ce qu'on lui donne. Enfin dans le rôle du Satan man, Joshua Annex offre un jeu adéquat et parfois surprenant, sachant alterner humour et accès de violence sans crier gare.
Côté scénario, on reste mi-figue, mi-raisin. Il est vrai que l'idée d'associer un gamin avec un tueur en série le temps d'un soir d'Halloween est originale, bien que tirée par les cheveux (dans la réalité ce serait totalement inconcevable : il est fort à parier que le gosse retrouverait sa tête au bout d'un pic !), mais le sujet aurait dû bénéficier d'un traitement plus sérieux, plus fidèle à celui des slashers fin seventies. On assiste également à un "carnage" en caddie : scène visiblement créée en guise de comic relief, mais qui ne marche pas vraiment ici, car elle instaure un côté buddy-movie qui n'a, au final, rien à faire là. Le twist final reste prévisible, mais fonctionne tout de même bien malgré un ultime changement de masque complètement déplacé à mon sens.
Il est dommage qu'un manque de moyens édulcore la réalisation, qui tout en étant soignée, perd de son impact. En effet, le film manque presque totalement d'effets choc, et l'hémoglobine se fait rare. Seule chose à se mettre sous la dent : une éviscération certes bien exécutée, mais on reste sur sa faim...

 

 

D'un point de vue technique, Lieberman est loin d'être De Palma, Cronenberg ou Romero, mais il tire cependant son épingle du jeu en nous livrant un film au montage simple et efficace malgré quelques longueurs. Alors, que penser de tout ceci ?
Ma foi, je tire mon chapeau à Jeff Lieberman qui a su réaliser ici un film soigné avec trois francs six sous et sans prétention aucune. L'originalité du sujet et la réalisation arrivent presque à faire oublier le manque de moyens et les quelques petits défauts scénaristiques. Les adeptes de la tripaille resteront sur leur faim, mais il n'empêche que le résultat se laisse regarder avec plaisir... et beaucoup de popcorn.

Note : 6,5/10

 

@rmaggedom
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